Et bien non, le pacte Iran-Chine ne sert pas à colmater la brèche d'une Amérique qui s'apprête à quitter le Moyen Orient, c'est une carte que les Iraniens sont en train de jouer pour réduire comme une peau de chagrin la présence US au Moyen Orient: L'Iran a réussi à pousser le CentCom à se retirer du golfe Persique et avoir son pignon sur rue de la côte ouest saoudien. Aucune des coalitions que les Etats Unis ont tentées de créer ces dernières années dans le Golfe (persique) n'a tenu et même le coup de la normalisation n'a pas pu former une coalition maritime Riyad-Tel-Aviv-Abou Dhabi surtout que l'affaire s'est dégénérée en face-à-face naval Israël.Iran et que ce dernier a prouvé rapidement n'être pas à la hauteur d'une guerre des pétroliers. L'Iran fait entrer la Chine et la Russie dans le golfe Persique conscients que cette coalition est solide et viable et surtout attrayant pour d'autres parties comme le Venezuela, la Corée du Nord, le Pakistan, ou encore la Turquie. Les USA sont partis pour une période marquée par la fin de leur présence dans la région. L'institut Washington y revient :
"Pendant de longues années, la logique conventionnelle et habituelle de la politique extérieure disait que le seul partenaire stratégique durable pour les pays du golfe Persique est l’Amérique : c’est Washington, à lui seul, qui a la ferme volonté nécessaire pour donner des garanties sécuritaires à ces pays d’autant plus que les objectifs stratégiques de ces derniers sont conformes à ceux des États-Unis quant à la stabilité de la région et la volonté de faire face aux « menaces que représente l’Iran ». La théorie s’avère correcte si l’on ne considère que le nombre de militaires, comme garantie de cette « sécurité » souhaitée par les Emirats du golfe : environ 46 000 soldats américains se sont déployés au Moyen-Orient.
Il est vrai que la Chine était tout au long de ces dernières années le moteur de la croissance des producteurs de pétrole de la région. 72 % de la consommation totale de pétrole de la Chine provient de l'étranger, ce qui a justement augmenté l'importance géopolitique des importations de pétrole pour la Chine.
En 2019, les exportations de pétrole de l'Arabie saoudite vers la Chine ont augmenté de 47 %. Au total, 16,5 % du pétrolier saoudien va vers la Chine. L'Irak est son troisième plus grand fournisseur de pétrole. Oman, le Koweït, l'Iran et les Émirats arabes unis sont respectivement ses sixième, septième, huitième et neuvième fournisseurs. Le golfe Persique assure au total 40 % des importations de la Chine.
Quant au gaz naturel, c’est l’un des combustibles qui trouve, très vite, sa place dans le panier d’énergie de la Chine. Il est prévu qu’en 2024, la consommation du gaz s’élève de 7 à 17 %. Le Qatar assure actuellement 20 % du gaz importé par la Chine qui doit augmenter son importation de gaz liquide via le golfe Persique à 30 % et cela pendant les 22 prochaines années.
Certes, la région est d’une importance stratégique pour la Chine vu sa dépendance au pétrole et au gaz. S’expliquent ainsi les deux visites importantes du président chinois en 2016 et 2018 dans la région. Pékin souhaite en fait protéger son statut et ses importations d’énergie. C’est justement pour cela qu’il a mis en 2017 sur pied une première base militaire à Djibouti.
De son côté, le golfe Persique dépend plus que jamais de la Chine pour son bonheur économique. La Chine est le deuxième consommateur du pétrole de l’Arabie saoudite avec 16 %, se rangeant ainsi juste après le Japon.
Certes, la Chine est encore loin du quota d’engagement que Washington dit remplir envers la région mais la donne semble changer au grand dam des USA.