TV

Comment la Résistance yéménite est sur le point de déposséder les USA du pétrole saoudien ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les routes énergétiques en Arabie saoudite à la merci d'Ansarallah?(illustration)

Cette guerre imposée par Saddam qu'avait instrumentalisée l'Amérique contre l'Iran a fait comprendre à l'axe US-Israël et les Golfiens que le détroit d'Hormuz est le coeur du monde :  près de 500 vaisseaux ont été endommagés ou envoyés au fond des océans et la principale artère énergétique par où transite le "pétrole pillé" du Moyen-Orient vers le "far west", fut menacé. Depuis, le camp US-Cie cherche à contourner le détroit d'Hormuz par mille et un plan, voire, à le substituer. Rien de rien, cette voie stratégique est irremplaçable, ces projets s'avérant trop coûteux ou trop irréalistes. Cette quête d’indépendance envers le détroit d'Hormuz ou ce qui revient au même envers l'Iran a connu une terrible dérive quand l'axe US-Israël-Golfiens en est venu à déclencher la guerre contre le Yémen, puis à arriver à avoir à céder très bientôt à la Résistance "Maarib". C'est depuis que la coalition est poussée à quitter cette province que les Américains, pris soudain de compassion, ont déblacklisté Ansarallah, ont sorti de leur sacoche de prétendus plan de paix et ont cessé apparemment de vendre des armes aux Saoudiens. Mais que cache Maarib ?

Deux tiers de la population yéménite, de gros gisements de pétrole et de gaz depuis longtemps détournés par Aramco, BP, Chevron, Hollibuton... la majeur partie des réserves hydrauliques du Yémen, et partant de larges capacités agricoles. Pour un Yémen qu'on ne cesse d’étiqueter "pays le plus pauvre du Moyen-Orient", c'est cette seule Maarib fera l'affaire surtout si on y ajoute al-Jawf, "pétrolièrement et gazièrement inexploités" et dont lest réserves s'élèveraient à 1 milliards de barils, selon des rapports. Et Dire qu'al-Jawf est limitrophe de Maarib.

Mais Maarib représente encore plus pour l'Empire : la guerre des pétroliers de 2019, de 2020 a prouvé que l'avenir énergétique du Moyen-Orient n'est pas un "butin" définitif pour les Américains, les Otaniens et Cie et que tout peut basculer dans pas si longtemps. On sait que les Saoudiens et alliés ont longtemps envisagé deux projets de transit de pétrole par voie terrestre qui ont abouti et qui sont toujours fonctionnels : le premier est celui du pipeline Petroline, autrement appelé « Oléoduc Est-Ouest » partant des champs de pétrole de Buqayq à la frontière saoudo-qatari, et traversant dans la largeur la péninsule arabique pour atteindre le port de Yanbu, donnant sur la mer Rouge. Avec une capacité de près de trois millions de barils de pétrole par jour, ce pipeline couvre près d’un tiers de la production saoudienne (9,8 millions de barils de pétrole par jour). Or c'est le pipeline attaqué en 2019 par Ansarallah et mis hors service pendant des jours.

Le 25 juillet 2019, Khaled al-Faleh, ministre saoudien de l’Energie, a annoncé un autre plan et dit que son gouvernement étudie actuellement la faisabilité d’une augmentation de 40% d’ici deux ans du volume de pétrole brut transporté par l’oléoduc Petroline afin de réduire davantage encore sa dépendance au détroit d’Hormuz. Toutefois, cet oléoduc ne suffit pas à résoudre le problème du détroit d’Hormuz : deux tiers de la production saoudienne est contrainte d’y transiter, et le pipeline Petroline n’est exploité que par l’Arabie saoudite. La production en hydrocarbure de l’Irak, du Koweït ou encore de Bahreïn est également contrainte, elle aussi, de transiter par le détroit d'Hormuz

Ainsi, malgré le fait que ces pipelines soient opérationnels et permettent de soulager la dépendance saoudienne et émiratie vis-à-vis du détroit d’Hormuz, ces oléoducs ne sont pas une solution de long terme ; leur volume de transport d’hydrocarbure n’égalera jamais ceux des tankers, leur entretien est coûteux, et leurs infrastructures présentent des cibles de choix pour leurs adversaires. Ce qui a conduit en 2020, les Américains et les Saoudiens à appeler à la création d’une nouvelle voie maritime, autrement dit, le creusement d’un canal, qui relierait le golfe Persique à la mer d’Arabie. Le projet le plus en vogue parmi les partisans d’une telle solution est celui du « Canal Salman ».

Ce canal, défendu dans une étude publiée par le « Centre US d’études du siècle arabe », suggère la création d’un canal de 950 kilomètres de long qui partirait du golfe Persique et traverserait le « Quart vide » avant de rejoindre la mer d’Arabie mais tout ceci, à travers le Yémen et Maarib... Et dire que le Quart vide est cet infini désert au cœur d'Arabie, limitrophe à la province saoudienne d'Assir où deux aéroports militaires Abha et Khamis Mushait, sont régulièrement frappées par Ansarallah. Et bien les drones Samad-3 et les missiles Zolfaqar et Badr ont fait tomber à l'eau cette toute dernière alternative au détroit d'Hormuz.

Alors où en est le camp des pilleurs du pétrole du Moyen-Orient? Dans une situation pas trop enviable puisque Maarib perdue, l'Arabie saoudite perd tout lien "terrestre" avec le Sud yéménite et partant avec ce trajet de transit pétrolier saoudien. « Il est intéressant de voir qu'Ansarallah, parfaitement conscient de ces graves en jeux, suit à coup de missiles et de drones et l'un après l'autre les projets ou les voies concrétisées de transit du pétrole saoudien comme pour vouloir reprendre le contrôle de l'énergie en mer Rouge et sans doute à l'aide de l'Iran dans le golfe Persique », note un analyste. 

Les tentatives d'infiltration à Hudaydah, les frappes consécutives contre Sanaa, l'afflux massif des terroristes d'al-Qaïda et de Daech à Maarib, l'apparition de la Turquie dans l'équation avec ses terroristes et ses Bayraktar, sauront-ils changer la donne? 

Des affrontements font rage à l’est de Sirwah. Les forces de Résistance yéménites sont à une dizaine de kilomètres de la ville de Maarib depuis l’axe est. Les combattants ont consolidé leurs positions dans les zones d'al-Hamjara et d'al-Zour. Les forces yéménites atteindront l'entrée de la ville de Maarib en nettoyant les hauteurs de Jabal al-Balaq et Tala al-Hamra. Elles ont renforcé leurs positions sur l’axe sud-est. Une fois les montagnes du sud sécurisées, elles bloqueront l'avancée de la coalition. Or la majeure partie de la province de Maarib est actuellement sous l’emprise des forces de Résistance. Aux dernières nouvelles, al-Atif, une localité stratégique de Sirwah, la porte occidentale de Maarib vient de tomber... Pendant des années, les Américains ont vendu le mythe du pétrole de schiste au monde, du fait qu'ils étaient devenus "premiers producteurs pétroliers du Monde" pour pouvoir s'emparer du pétrole "golfien".

En 2020 ils ont même poussé l'Arabie à mettre aux enchères les actions d'Aramco. Ils ne devraient pas se sentir bien de voir la Résistance yéménite s'en prendre au cœur pétrolier de l'est saoudien, de couper les projets alternatives au détroit d'Hormuz alors même que la Chine et l'Iran continuent de saper violemment les fondements du système des sanctions US: 1.5 millions de barils, c'est le volume de la vente du pétrole iranien au mois de février à la Chine, reconnaît Bloomberg. 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV