Un allié à part entière qui n’a cessé d’exaucer le vœu US/Israël d'embraser là ou il passe, pourquoi le sanctionner ? Et le sanctionner là ou cela fait plus de mal ? Certains observateurs y voient en effet une volonté US de freinage en direction d'une industrie militaire turque qui est certes dépendante de L'OTAN, mais qui a prouvé, l’épisode de la guerre sud-caucasienne lestant dans tous les esprits, de bonnes capacités à se développer. A l'issu de 44 jours de la guerre dans le Haut-Karabakh le drone Bayraktar s’est accaparé de la réputation d’être l'arme à pulvériser les unités de blindés entières. Mythe ou pas, le drone a réussi à faire remporter plus gros contrats. La sanction frappe ce succès. Dans le camp US il n’y a pas d’alliance, il n’y a que des vassaux.
Le département du Trésor américain a boycotté une agence du ministère turc de la Défense.
Le département du Trésor américain a imposé, lundi 14 décembre, des sanctions à une agence du ministère turc de la Défense nationale et à son président pour l’acquisition et l’activation d’un système de défense antimissile de fabrication russe.
Le Trésor américain a déclaré lundi que les sanctions tant attendues visaient la présidence turque des industries de la défense (SSB) ainsi que son chef, Ismail Demir, et trois employés.
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Les sanctions ont été imposées à l’agence, à son président et à d’autres agents de la SSB « pour avoir sciemment conclu une transaction importante avec Rosoboronexport, la principale entité d’exportation d’armes de la Russie, en achetant le système de missiles sol-air S-400 », a déclaré le secrétaire d’État Mike Pompeo lundi dans un communiqué.
Tout de suite après l’annonce des sanctions, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit « déçu » par la décision de l’Union européenne et des États-Unis d’imposer des sanctions à la Turquie. « Nous nous attendions à ce que les États-Unis, en tant que notre allié de l’OTAN, nous soutiennent dans la lutte contre les groupes terroristes et non pas à ce qu’ils nous imposent des sanctions », a déclaré Erdogan à l’issue d’une réunion du cabinet.
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Le Congrès des États-Unis a autorisé vendredi l’imposition de sanctions à la Turquie dans le cadre de la loi budgétaire en raison de l’acquisition par Ankara des systèmes de défense antiaérienne russe S-400.
Dans la foulée, Ahmet Ünal Çeviköz, député du Parlement turc et secrétaire du bureau de presse de la commission des affaires internationales du Parlement, a réclamé que les S-400 achetés à la Russie soient prêts à s’activer. « Nous nous attendions à ce que les États-Unis considèrent nos mesures destinées à renforcer nos capacités défensives en tant que mesures qui les renforcent aussi », a déclaré Ahmet Ünal Çeviköz. Et d’ajouter : « La Turquie a été obligée d’acheter le S-400, ce qui lui a coûté 2,5 milliards de dollars. Ce système devra être exploité dans les plus brefs délais. »
Dans ce contexte, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoglu, a rejeté et dénoncé les sanctions unilatérales des États-Unis.
« Aucune information technique ne prouve que le S-400 met en danger les systèmes de défense de l’OTAN », a déclaré Mevlüt Çavuşoğlu.
Il a ajouté que les sanctions adoptées par les États-Unis nuiraient aux relations turco-américaines et qu’Ankara allait prendre des mesures de rétorsion de la manière nécessaire.
Le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a également réagi, mardi 15 décembre, aux sanctions américaines et a critiqué Washington pour avoir eu recours à la loi CAATSA pour sanctionner la Turquie. « Nous allons entreprendre toutes les mesures nécessaires à la sécurité du pays et de ses 83 millions d’habitants, étant donné les sérieuses menaces balistiques et aériennes qui existent », a expliqué Hulusi Akar.
De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a qualifié d’« illégales » les sanctions imposées par les États-Unis, ajoutant que celles-ci mettaient en évidence les positions extralégales des États-Unis.
Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a, pour sa part, condamné les toutes récentes sanctions des États-Unis, soulignant que l’Iran restait aux côtés du gouvernement et du peuple de la Turquie.
« Les récentes sanctions des États-Unis prouvent une fois de plus comment ils sont accros à la sanction et à la violation des droits internationaux. Nous condamnons fermement les sanctions imposées par les États-Unis à la Turquie et nous soutenons le peuple et le gouvernement turcs », a écrit Mohammad Javad Zarif sur son compte Twitter.
Dans la foulée, Ali Nasri, sociologue iranien, a qualifié d’« intelligent » le tweet de M. Zarif.
« Il y a deux jours, Zarif a condamné les déclarations déplacées d’Erdogan et aujourd’hui, il condamne les sanctions imposées par les États-Unis à la Turquie. Le message que M. Zarif transmet à travers ces deux condamnations à l’adresse des puissances occidentales est que les différends entre l’Iran et ses voisins ne constituent pas une autorisation pour la violation des lois internationales, l’arrogance et le colonialisme. L’époque de “diviser pour régner” a été bel et bien révolue. »