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« Ce melting-pot que les colons ont crée n'a ni objectif ni avenir » (Haaretz)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat israélien fait signe de soulagement alors qu'il marche avec des camarades près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza après son retour de l'enclave côtière palestinienne contrôlée par le Hamas, le 4 août 2014. ©AFP

Il a fallu 14 ans au régime israélien pour comprendre que le plus farouche de ses ennemis, à savoir le Hezbollah avait entièrement raison quand, à la sortie de la guerre de 2006, il a qualifié l'entité israélienne de "Toile d'araignée". Ce sont désormais les chroniqueurs israéliens qui reprennent presque mot à mot cette qualification, y ajoutant des éléments nouveaux qui portent au grand jour l'impossible viabilité d'un "mercenariat" que les puissances tentent depuis plusieurs décennies à ériger en "nation", sans aucun succès.

Cité par le journal israélien Haaretz, Benjamin Heifetz affirme ainsi que la société israélienne, fragmentée et dont les maladies intrinsèques sont apparues au grand jour avec la pandémie du coronavirus, va vers l'effondrement si le sectarisme n'est pas contourné: « Aujourd'hui, nous assistons à un événement historique : le début de la fin de la société israélienne, et peut-être d'Israël, qui doit lutter contre la pandémie. Le système de santé est malade et le gouvernement en faillite. La pandémie a fait resurgir toutes les maladies de la société israélienne ignorées pendant des décennies ». 

Il rapporte que « la pandémie de coronavirus a révélé une vérité douloureuse que la société israélienne est un mélange de groupes qui ne travaillent pas comme un seul corps, mais agissent le plus souvent les uns contre les autres, et par conséquent, il est impossible de vaincre l'épidémie... Ce qui se passe est une recette sûre pour l'échec. Cette hétérogénéité et ce tribalisme ont été ignorés pendant des décennies, bien que de temps en temps, tel ou tel dirigeant ait fait remonter ces questions à la surface, que ce soit par le désir de s'unir ou en recherchant des gains politiques. En effet, l'émergence de la société israélienne et l'État, en tant que bloc unique contre un ennemi extérieur, surmontant les divisions internes, est une agglomération superficielle et une simple tromperie ».

Et l'article poursuit : « La société israélienne est constituée de groupes de pression, qui ne se préoccupent que de leurs intérêts. Cette maladie nous a montré que face à cette pandémie, il n'y a pas d'ennemi extérieur, et il n'y a personne à haïr ou vers qui nous traquons nos fusils et il n'y a pas de banque de cibles, ni de nom ni une opération militaire brillante, et il n'y a pas d'endroit où envoyer nos excellents pilotes, il n'y a personne contre qui se tenir, parce que la bataille est dans la maison, la rue, le quartier et dans la ville. Et dans cette bataille, l'esprit de société et d'agglomération humaine doit apparaître, et cela n'existe pas en Israël. Chaque maison et chaque tribu ne pense qu’à ses propres intérêts. »

« La division dans la société israélienne n'est pas chose nouvelle, et elle est le résultat d'une politique ciblée du gouvernement qui vise à créer une polarisation et une fracture dans la société qui vont croissant. Les dirigeants israéliens, en particulier les dirigeants actuels, suivent la stratégie de « diviser pour régner » et le gouvernement savait que plus la polarisation interne était importante, plus il était facile d'inciter les un contre les autres et d'en tirer des gains politiques. Aujourd'hui, l’ennemi est invisible et le combattre exige une solidarité et une cohésion sociale, une responsabilité personnelle, une coordination entre agences, la vision d'un destin commun. Cela n'existe pas dans la société israélienne et chaque secteur ne pense qu’à ses propres intérêts. Une pensée de bande et de milice qui n'a rien d'une pensée étatique. Et dans ce contexte, pourquoi protester contre la communauté arabe ? Est-ce que sa séparation n'est-elle pas le résultat de nos actions ? Pendant 70 ans, nous n'avons ni accepté ni coopéré avec eux. Le chaos de 2020 est le résultat de sept décennies de polarisation que nous avons créées. Et dire qu'on essaie de nous faire croire que la normalisation avec les Arabes du Golfe (persique, NDLR) avec qui nous avons des relations depuis des années pourrait changer quoi que ce soit à cet état de chose. »

Et l'analyste Benjamin Heifetz de conclure : « Israël a besoin d'un plan simple qui inclut une base unifiée pour tout le monde, mais il n'y a pas de « tout le monde » en Israël, il y a plutôt « nous » et « eux ». Par conséquent, notre échec dans la lutte contre le coronavirus est évident. Israël fait face à la désintégration de sa société. Si nous n'arrêtons pas cela maintenant, il sera trop tard, et Israël se désintégrera. Si nous ne formulons pas de règles culturelles de base pour la société, nous nous effondrerons, et si nous ne redéfinissons une fois de plus l'Israélien, nous n'aurons ni objectif ni avenir. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV