Il y a un sens à donner à cette première vraie condamnation d'Israël par Moscou laquelle intervient en écho au raid israélien du 2 août contre Quneïtra. Cette condamnation a eu lieu le 5 août, 24 heures après que le tiers "sunnite" du port de Beyrouth a été dévasté, par une double déflagration que la presse mainstream attribue à une cargaison de nitrate d'ammonium, saisie il y a six ans par la garde-côtière libanaise, alors qu'elle partait de la Russie ou de la Moldavie (selon des versions) à destination de la Mozambique. Le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères dit : « Moscou s'oppose aux frappes aériennes d'Israël sur le territoire syrien et met sévèrement en garde les dirigeants israéliens contre une reproduction de tels actes, lourds de conséquences et dangereux pour toute la région du Moyen-Orient ».
A en juger le ton, inédit depuis septembre 2018, date à laquelle le régime israélien a abusé de son accord "aérien" avec Moscou pour faire abattre un Il-20 avec une vingtaine d'officiers de haut rang russe à bord, et provoquer de la sorte, une rupture de l'alliance Moscou-Damas, il s'est passé quelque chose de grave pour la Russie sorte de son habituelle mansuétude envers le régime sioniste. En effet, la mise en garde lancée contre une exacerbation de la guerre au Moyen-Orient ne peut être interprétée indépendamment de l'actualité libanaise, marquée par la dévastation de la capitale Beyrouth en raison d'une double explosion que plus d'un analyste estiment être tout sauf un effet du hasard.
La Russie voit-elle un tournant dangereux à travers ce qui se passe à Beyrouth, tournant destiné à débloquer entre autres l'impasse dans lequel se trouve l'axe US/Israël en Syrie? Fort possible.
Avia.pro, site proche du ministère russe de la Défense commente ainsi le communiqué russe. Le premier avertissement de la Russie contre Israël après une frappe qui a visé l'armée syrienne dans une zone réputée, celle contrôlée par le Hezbollah, les experts expriment deux versions possibles de l'évolution future des événements : si la partie israélienne n'abandonne pas son agression contre la Syrie, la Russie fournira à l'armée syrienne toutes les données pour "vaincre des cibles hostiles". Ces données sauraient grandement servir les batteries de de DCA made in Iran qui viennent d'être déployées sur la frontière syrienne avec Israël et qui ont grandement pris de court Israël, lors du raid du 21 juillet contre Quneïtra et Damas, quand les missiles iraniens ont percé le ciel israélien, survolant le QG des forces israéliennes.
A vrai dire, Moscou juge le moment assez délicat et le maintien de son statut de neutralité, périlleux pour la poursuite de sa présence géostratégiquement vitale en Syrie et au Moyen-Orient. Et cette prise de position fait écho au pacte militaire Téhéran-Damas qui semble avoir poussé hors de lui, l'axe US/Israël. Il se peut donc que Moscou sorte du cadre habituel de sa politique syrienne et aille au-delà du déploiement des S-300 ou des S-400 en Syrie en appuyant l'armée syrienne et l'axe de la Résistance en leur livrant des "données bien sensibles". Après la double explosion de Beyrouth, Poutine a été l'un des premiers dirigeants à avoir contacté le président libanais Mischel Aoun et à envoyer des avions bourrés d'aide à la capitale libanaise.
"Un changement de vision et d'optique russe envers Israël est fort probable", estime un expert de la question rejoint par Presstv, "d'autant plus que le coup de Beyrouth a fait déborder la vase"."Les bateaux et navires qui sont partis en fumée au port de Beyrouth pourraient l'avoir été suivant le même procédé qui a déclenché un incendie meurtrier en juillet 2019 à bord de l' AS-31/"Locharik", un engin secret russe destiné à des opérations spéciales ou de recherche et pouvant plonger jusqu'à 6.000 mètres de profondeur.
18 marins ont péri dans cet incident survenu en mer de Barents et Moscou a invoqué le secret d'Etat pour ne pas en parler. Il semblerait que la Russie doute d'une implication israélienne et américaine dans les explosions de Beyrouth pour avoir décidé de lancer un 1er avertissement anti-israélien depuis qu'il s'est engagé en Syrie. La Russie est bien consciente que cette guerre Israël/US contre la Résistance la concerne aussi. A Deraa, l'armée syrienne vient de découvrir diverses armes et de grandes quantités de munitions, y compris des bombes et des mines de fabrication américaine et israélienne que l'axe US/Israel envoie dans le strict objectif de saper les efforts de réconciliation russe. 80 000 cartouches, des lance-roquettes RPG, des mitrailleuses et des mines. "Il est temps que Moscou tranche le cas d'Israël", ajoute l'expert.