Dans cette première mise en garde post-signature du pacte militaire Syrie-Iran au régime israélien, lancée il y a quatre jours par le porte-parole des forces armées iraniennes, le général Chekarchi, les Israéliens semblent avoir bien retenu la partie la plus importante, à savoir que le moindre agissement contre la Résistance en Syrie aura désormais, à la faveur du verrouillage du ciel de l'est syrien, un lourd tribut.
Mais il n'y a pas eu que cela : en dressant la liste de huit officiers iraniens tués depuis 2013 dans des raids d’Israël visant la Syrie, le général aurait envoyé deux messages : primo, mettre définitivement un terme aux rumeurs, à la propagande et fanfaronnade médiatique d'Israël qui, vise, à défaut d'une victoire ne serait-ce que petite en Syrie, à se décrire en "puissance aérienne absolue", capable encore de peser sur le rapport des forces au Moyen-Orient.
Mais le général a voulu aussi mettre au défi l'entité car la mort des officiers iraniens tués dans les raids sionistes, est ce crime suprême à être absolument vengé. D'où sans doute cet appel précipité de Gantz, ministre de la Guerre d'Israël, à son homologue russe et ses supplications, maquillé en menaces creuses anti-iraniennes auprès de ce dernier, lesquelles supplications axées sur l'éternel "l'Iran devra quitter la Syrie", n'ont fait ni chaud ni froid au général Chouïgou.
D'où aussi, cette perte de confiance en soi qui fait que l'aviation sioniste rôde autour de la Syrie, depuis l'annonce de l'arrivée des batteries de missiles antimissiles iraniennes dans l'est syrien, et ce, sans oser passer à l'acte.
Interrogé par la presse, un ancien officier israélien du service de sécurité du Shin Bet, Yoni Ben Menachem, fait écho à cette profonde crainte : "La signature de l'accord Syrie-Iran est une mauvaise nouvelle, puisqu'il signifie que la Syrie pourrait passer du statut de cible passive des frappes israéliennes, au statut de cible active capable de riposte, ou pire au statut d'agresseur. Les Iraniens l'ont très clairement dit, avec une présence désormais durable, un appui en armement et en renseignement à la Syrie, celle-ci ne restera pas les bras croisés face à Israël."
Dimanche 19 juillet, six avions de combat et deux drones de l'armée de l'air israélienne ont ainsi violé l'espace aérien libanais, comme toujours, faisant semblant de préparer des attaques. Des avions de guerre et des drones de l'aviation israélienne ont mené une mission de reconnaissance près des frontières syro-libanaises.
Les avions ont survolé différentes régions du pays à haute, moyenne et très basse altitude comme toutes les fois précédentes quand ils ont lancé juste après des raids contre les gouvernorats de Hama et de Homs, soit les principales bases aériennes d'al-Chaayrate et le centre de recherche scientifique de Masyaf. Jusqu'ici les forces de défense aérienne syriennes n'ont pas visé les avions de combat israéliens au-dessus du Liban.
Mais les choses sont bien différentes désormais. Les systèmes antimissile iraniens sont désormais aux aguets. Après tout, aucun élément du bouclier antimissile israélien n'a fait preuve d'autant d'efficacité que le Khordad-3, tueur du drone Global Hawk US en 2019. Les roquettes de Gaza ont des milliers de fois réussi à perforer la DCA multicouche israélienne. Le Khordad-3 a toutes les chances de contrer les missiles de croisière et les drones israéliens partis abattre les cibles syriennes ou pro-Iran.
Quant au Bavar-373, les craintes que devra nourrir Israël, devraient être plus larges. Il s'agit, selon les responsables iraniens, du premier système antiaérien d'une portée supérieure à 200 km produit localement. En fait, l'Iran figure parmi les cinq principaux producteurs de systèmes de défense aérienne avec son Bavar-373.
Les inquiétudes sont encore plus grandes quant à la dernière version de cette DCA qui semble être basée sur un camion 10 × 10 Zoljanah, avec quatre lanceurs de conteneurs rectangulaires montés à l'arrière du châssis. Chaque conteneur contient un missile Sayyad-4. Selon l'industrie iranienne de la défense, le Sayyad-4 a une portée de 300 km, largement suffisant pour atteindre les avions israéliens, au Liban, en Jordanie, voire en Irak et peut atteindre une altitude de 27 kilomètres.
Et puis, le missile Sayyad-4 est un missile sol-air à un seul étage et à longue portée à combustible solide conçu pour détruire des aéronefs, des missiles de croisière, des drones et des missiles balistiques. Plus important, le dispositif est capable de contrer les leurres dont use l'aviation israélienne pour aveugler les radars syriens et russes. Le Bavar 373 fonctionne dans l'environnement d'encombrement et de brouillage. Le 48N6E présente une maniabilité élevée, une ogive à fragmentation, un fusible de proximité et un système de guidage radar semi-actif. Tout ceci n'augure rien de non comme le dit l'expert israélien pour un 1er face-à-face Israël/Syrie.
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Surtout que le Bavar-373 peut détecter jusqu'à 300 cibles à la fois à une distance en suivant simultanément soixante d'entre elles et en engageant six, qu'il s'agisse d'avions ou de missiles balistiques.
Une batterie de Bavar-373 comprend jusqu'à six unités de lanceurs mobiles avec quatre missiles prêts à lancer, un radar d'engagement actif à balayage électronique (AESA) monté sur un châssis de camion, un radar d'acquisition fonctionnant dans des fréquences de bande S monté sur 8×8 Zafar et un commandement et contrôle utilisant également un camion châssis 8×8 Zafar.
Et the last but not the least: une autre supériorité face à l'ennemi est d'avoir des codes logiciels spécifiques et confidentiels, le facteur qui perturbe l'ennemi, indifféremment des systèmes que le Bavar 373 affronte. Israël osera-t-il mettre son armée de l'air, dite la première du Moyen-Orient, à l'épreuve ? peut-être mais qu'il n'oublie surtout pas qu'en Iran, le Bavar se compare à THAAD et aux Patriot.