La frappe contre la base d'al-Watiya en Libye où Erdogan a perdu ses MIM-23 Hawk avant de les remplacer aussitôt par les S-125 n'a pas aidé à ce que la partie d'en face, l'Egypte en l’occurrence puisse découvrir le défaut de cuirasse de l'armée turque. Au fait, Ankara multiplie ces temps-ci des exercices navals et aériens de tout genre en prévision de ce qui pourrait être la grande bataille de Syrte. Mais ce n'est pas suffisant. Pourquoi? l’industrie de la défense turque a du mal pour concevoir des systèmes de propulsion balistiques et elle en est entièrement dépendante de l'OTAN. Ce qui fait que la portée de ses missiles, c'est l'OTAN qui en décide! De l’avis des experts, ces problèmes pourraient même déboucher sur un arrêt total des projets de défense d’Ankara, ce qui n'est guère souhaitable alors que la Turquie est en guerre sur trois fronts syro-irako-libyen.
Prenons le cas d'un char de combat turc: l'un de ces projets est le projet de char Altay, que la Turquie a copié sur le modèle sud-coréen K2, et qui n'a pas été produit en masse depuis plusieurs années en raison d'un manque d'approvisionnement en moteurs. Après le coup d’État de 2016, les partenaires allemands et autrichiens du projet ont rompu leur coopération avec la partie turque, et Ankara n’a pas encore pu mener à bien ce projet. Un consortium turco-qatari appelé BMC a commencé à construire un moteur pour ce char, mais selon des sources bien informées en Turquie, au mieux, ces efforts ne porteront leur fruit qu'en 2022.
Mais il y en a pire : quant aux missiles de croisière antinavires Atmaca et au missile sol-air SOM, les Turcs dépendent toujours d’engins micro jet importés de France! C’est pourquoi les Turcs tentent de développer un moteur indigène pour leurs missiles de croisière mais toujours sans succès.
Dans le secteur de l’aviation, plusieurs projets importants sont en cours. L’un d’entre eux est le projet d’hélicoptère ATAK, dont l’occasion pour sa vente au Pakistan et aux Philippines a été perdue, en raison de non autorisation de la société américaine de vendre ses moteurs.
Les Turcs ont également eu du mal à fournir leur propre système de propulsion indigène de 5e génération et, ces dernières années, ont cherché à travailler avec des entreprises bien connues telles que Rolls-Royce. Le programme d'hélicoptères de transport de poids moyen de Gökbey utilise également un moteur turbocompressé, le CTS-800A, construit par une joint-venture entre la société américaine Honeywell et le British Rolls-Royce. On ne sait pas quand la Turquie pourra se débarrasser de ce problème et achever ses projets de défense.
La question qui se pose est de savoir si la Turquie, avec de si grandes limites a pu réellement agir pour son propre compte en Libye ou si sa politique syrienne et irakienne sont indépendante. Etre membre de l'OTAN cela veut dire qu'on n'est pas libre de ses choix. Alors que la France signe une querelle avec la Turquie en Libye, c'est elle qui fournit le moteur de ses missiles à la Turquie. Ceci n'est pas le cas des potentiels ennemis de la Turquie en Afrique du nord à savoir l'Algérie qui depuis 2019 a créé une unité de recherche et de développement de missiles. Contrôlé par l’Armée nationale populaire (ANP), cet établissement a pour mission « d’assurer les études, la conception, l’engineering et la fabrication des systèmes d’armes et des munitions spécifiques. C'est sans doute pour ce genre de motif que l'axe OTAN/USA a décidé de faire de la Libye un foyer de crise et de guerre permanent propre à mettre au pas les Etats récalcitrants de l'Afrique du nord dont surtout l'Algérie", note un expert.
Dans ce contexte, les forces soutenues par la Turquie se préparent à attaquer une ville stratégique et une base importante dans le nord de la Libye.