Alors que les relations entre Pékin et Washington restent tendues depuis presque deux ans en raison de la guerre commerciale déclenchée par l’administration Trump, la crise sanitaire mondiale attise encore les tensions.
« La Chine et les États-Unis sont au bord d’une nouvelle guerre froide », a déclaré, ce dimanche 24 mai, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi.
« Outre la dévastation causée par le nouveau coronavirus, un virus politique se propage aux États-Unis, un virus politique qui saisit toutes les occasions pour attaquer et diffamer la Chine », a ajouté Wang Yi, en marge de la session annuelle du Parlement chinois.
« Nous riposterons à chaque offense », a promis le ministre chinois des Affaires étrangères, interrogé sur ce point.
M. Wang a appelé les États-Unis à « cesser de perdre du temps et de gaspiller des vies précieuses », au moment où le pays le plus touché par la pandémie s’apprête à franchir la barre des 100 000 morts.
« La Covid-19 est l’ennemi commun de la Chine et des États-Unis », a souligné Wang Yi, affirmant que son pays avait expédié plus de 11 milliards de masques aux Américains.
Il s’est par ailleurs dit « prêt » pour une coopération internationale afin d’identifier la source du nouveau coronavirus sans en donner plus de détails.
Il a toutefois prévenu qu’une telle initiative devrait s’abstenir de toute « ingérence politique » et qu’elle devait être « menée par l’Organisation mondiale de la Santé ».
« Certaines forces politiques américaines prennent en otage les relations entre la Chine et les États-Unis et poussent nos deux pays au bord d’une nouvelle Guerre froide » avec la crise du coronavirus, a regretté Wang Yi.
Donald Trump a évoqué la possibilité de demander à Pékin de payer des milliards de dollars de réparations pour les dommages causés par l’épidémie. Et les États-Unis ont appelé à une enquête internationale sur l’origine du virus.
Mais ce n'est pas que la pandémie de coronavirus qui fait monter les tensions entre Pékin et Washington. Le Corps des Marines des États-Unis est en train d’être reconfiguré en unités spécialisées destinées à bloquer l’accès de la Chine à la mer :
« Ainsi, de petites forces de Marines se déploieraient autour des îles de la première chaîne d’îles et de la mer de Chine méridionale, chaque élément ayant la capacité de contester l’espace aérien et naval environnant en utilisant des missiles antiaériens et antinavires. Collectivement, ces forces affaibliraient les forces chinoises, les empêcheraient de se déployer vers l’extérieur et, finalement, dans le cadre d’une campagne commune, les repousseraient vers la patrie chinoise ». La « Guerre froide 2.0 » que les États-Unis ont lancée contre la Chine va maintenant connaître d’importantes contre-mesures.
De même, les États-Unis se sont récemment retirés du traité « Ciel ouvert », troisième accord que Donald Trump dénonce depuis son arrivée à la Maison-Blanche.
Selon les sources d'information, le traité autorise la libre observation de tout le territoire de n'importe lequel de ces pays par l'un des autres signataires, au moyen d'une reconnaissance aérienne non armée mais équipée d'appareils d'observation vidéo, infra-rouge, et radars à synthèse d'ouverture, qui permettent de dessiner les reliefs. Objectif : assurer une totale transparence et éviter la possibilité de concentrations de troupes dissimulées ou de forces militaires secrètement déployées sur quelque territoire que ce soit, et particulièrement sur celui d'un possible adversaire.
Les raisons pour lesquelles les États-Unis veulent sortir de l'accord « ciel ouvert » n'étant pas claires, le Pentagone et le department d'État insistent sur le non respect, par les Russes, des règles de l'accord.
En fait, il semble surtout que l'administration Trump soit en train de lancer, avec l'abandon de ce traité, le premier étage d'un désengagement beaucoup plus lourd de conséquences : celui du traité New Start, écrivent des médias occidentaux.
Signé en 2010 entre les seuls Russes et Américains, il limite à 1 550 ogives nucléaires la capacité stratégique de chacun des deux pays. L'accord arrive à échéance en février 2021 et l'administration Trump semble clairement opposée à toute forme de reconduction, à moins d'y inclure la Chine.