Lors de son déplacement à Moscou, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem a déclaré que dans le passé, des rencontres syro-turques à huis clos avaient eu lieu au niveau des responsables de sécurité, et ce sous la supervision de la Russie, c’est ce qu’a révélé le journal Rai Al-Youm.
Hier, pour la première fois, les médias turcs et syriens ont officiellement annoncé qu’une rencontre s’était déroulée à Moscou entre le président du bureau de sécurité nationale de Syrie Ali Mamlouk et le chef du service de renseignement turc Hakan Fidan. L’agence de presse officielle syrienne SANA a aussi publié cette information ainsi que les propos d’Ali Mamlouk. En effet, le président du bureau de sécurité nationale syrienne a demandé à la partie turque de se retirer du territoire syrien, sans manquer de préciser que Damas insistait sur la lutte contre le terrorisme et le recouvrement total de l'étendue géographique de la Syrie.
Certes, cela marque une plaque tournante des relations Ankara/Damas, mais la question qui se pose est de savoir pourquoi cette rencontre en particulier est annoncée officiellement. La rencontre Mamlouk/Fidan aurait pu avoir lieu sans être rendue publique comme celles du passé, d’autant plus que ces entretiens n’ont pas été suspendus, malgré leurs divergences politiques. Même les Européens n’ont pas coupé leur contact sécuritaire avec Damas, bien que la plupart de leurs ambassades soient fermées.
Des informations sur le contenu et les raisons de la réunion ne sont pas disponibles, mais il est naturel que la situation dans la province d’Idlib et le nord de la Syrie, l'avenir de la région et le sort des groupes terroristes, ainsi que le dossier de l’est de l’Euphrate et le non-respect d'Ankara de l'accord de Sotchi soient examinés par les deux parties.
Cependant, le journal Aydinlik, proche du parti au pouvoir en Turquie, a pu avoir accès à des informations selon lesquelles le président du bureau de sécurité nationale de Syrie Ali Mamlouk et le chef du service de renseignement turc Hakan Fidan ont rédigé et signé un accord à 9 points dont certains ont été révélés:
1- Hakan Fidan s'est plaint de la situation à Idlib et de ses bombardements par Damas et a appelé à la fin des attaques. Mais Mamlouk a indiqué que Damas avait l'intention de prendre le contrôle total d'Idlib et attend de la Turquie qu'elle organise le départ de Tahrir al-Cham.
2- La Turquie et la Syrie ont convenu de coopérer dans les zones kurdes au nord de la Syrie et à l'est de l'Euphrate, mais le cadre exact de cette coopération n'est pas encore défini. Il n'est pas clair, par exemple, si Damas et Ankara vont combattre sérieusement les groupes kurdes armés dans l'est de l'Euphrate ou non.
3- Un cadre de coopération en matière de renseignement et de sécurité a été défini entre la Turquie et la Syrie et un calendrier doit être fixé dès que possible pour résoudre les tensions et les différends entre Ankara et Damas et certains problèmes sur le terrain.
Sans aucun doute, la Syrie a traité tous ces dossiers par le biais des négociations menées par l'intermédiaire de la Russie et il semble qu’il n’y a pas besoin de rencontre directe, d’autant plus qu’après une réunion en marge de l’inauguration du projet de « l’inondation turque » à Istanbul, mercredi dernier, les présidents russe Vladimir Poutine et son homologue turc Receb Tayyib Erdogan se sont entendus sur la trêve.
Le gouvernement syrien a ouvert trois points de passage humanitaires dans les zones d’al-Habit, Abou Dhuhur et al-Hadir, à l’est et au sud d’Idlib, permettant le déplacement des habitants du gouvernorat d’Idlib souhaitant se rendre dans les zones sous contrôle du gouvernement.
Le gouvernement syrien a fourni tous les outils logistiques et médicaux nécessaires pour aider les résidents à regagner leurs foyers et l'agence de presse SANA a souligné que des dizaines de civils étaient sortis des zones occupées par les terroristes pour retourner dans leurs villes et villages, désormais libérés.
Des hélicoptères syriens ont largué dimanche des tracts dans les zones sous contrôle des terroristes dans la province d'Alep, exhortant les civils d'Alep et de la province voisine d'Idlib à quitter ces zones par les couloirs humanitaires récemment créés.
Cette évolution intervient après que le groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham a violé le cessez-le-feu le lendemain de son annonce lors d’une réunion Poutine-Erdogan à Istanbul, bombardant des zones civiles à Alep, la localité d’al-Ghab dans la province de Hama, tuant et blessant bon nombre de civils.
Selon des sources locales, l'objectif de l'armée syrienne consiste à lancer de nouvelles opérations dans la province d'Alep et de poursuivre son avancée dans le sud d'Idlib.