Depuis vendredi 20 septembre, date à laquelle un projet de résolution arabo-occidentale contre l'armée syrienne en action à Idlib s'est heurté au veto sino-russe, la Turquie semble se réveiller d'un long et dangereux sommeil. Dimanche, l'armée syrienne a attaqué les terroristes d'Al-Nosra soit Hayat Tahrir al-Cham pour la première fois depuis quelques jours. Certains y ont vu l'effet du veto sino-russe qui signifie que dans la question d'Idlib, la Chine et la Russie appuient ensemble l'action de l'armée syrienne et de ses alliés de la Résistance. À Idlib, la Turquie continue à favoriser le trafic d'armes et de terroristes d'origine chinoise et il faut que les choses changent.
Selon la chaîne d’informations Al-Mayadeen, les frappes de l’armée syrienne ont visé les terroristes d'al-Nosra dans les régions d’al-Layarmun et de Zahrat Abd Rabba ainsi qu’aux alentours d’al-Zahraa à l’ouest d'Alep. Cette opération a été menée dans le cadre des opérations de l’armée lancées depuis quelque temps et ayant pour mission de nettoyer l’ouest et le nord-ouest de la Syrie de toutes les poches terroristes. À Alep, ce sont surtout les terroristes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (l’ex-Front al-Nosra) et d’autres groupes comme celui d'Ahrar al-Cham qui sont encore présents. La résolution que Moscou et Pékin ont bloquée vendredi avait été proposée par l’Allemagne, la Belgique et le Koweït appelait de façon éhontée à soutenir les groupes terroristes et armés à Idlib, tout en demandant un cessez-le-feu. Le plan US/OTAN visant à faire d'Idlib une tête de pont pour reconquérir le reste de la Syrie étant en marche.
Pour le journal Rai al-Youm, "le veto opposé par la Chine et la Russie à la résolution du Conseil de sécurité sur Idlib, témoigne, de la parfaite synergie entre les deux pays dans ce qui est leur soutien conjugué à l’armée syrienne. C’est d’ailleurs un message significatif à l’adresse des pays occidentaux comme les États-Unis, mais également à la Turquie comme quoi l'action militaire se poursuivra. Moscou a demandé aux pays qui ont proposé la résolution (Belgique, Allemagne, Koweït) d’exclure la clause "opérations militaires contre les groupes terroristes", pour empêcher que le texte ne soit rejeté par un veto russo-chinois, mais ils n’ont pas accepté sa proposition », a écrit Abdel Bari Atwan.
Et Atwan d’ajouter : « Il est naturel que le représentant de la Syrie auprès des Nations unies, Bachar al-Jaafari critique son homologue koweïtien pour avoir préparé cette résolution et qu’il présente des photos et documents prouvant le soutien apporté par des groupes salafistes koweïtiens aux terroristes opérant en Syrie. Les autorités syriennes ont, toujours, rappelé aux responsables koweïtiens le rôle crucial que Damas avait joué dans la libération de leur pays et dans l’expulsion des forces militaires de Saddam, travail pour lequel, elles attendent un minimum de gratitude de la part de Koweïtiens. »
« L’accord sino-russe pour apposer un veto à la résolution du Conseil de sécurité n’ira pas non plus sans provoquer l’ire du président turc Recep Tayyip Erdogan. La réunion tripartite à Ankara n’a pas changé la position de la Russie sur la nécessité de mettre fin à la présence des terroristes à Idlib, une région exposée à un conflit sans précédent », poursuit le rédacteur en chef de Rai al-Youm.
Mais la Turquie va-t-elle renoncer à ses ambitions? "Pour la première fois depuis le début de l'affaire d'Idlib, la Turquie a mis en garde contre toute éventuelle action militaire contre cette ville. Il se pourrait qu'Ankara veuille à nouveau refaire le même coup qu'elle a fait pour s'emparer d'al-Bab et ses environs. Ankara a menacé dimanche de lancer une opération militaire contre HTC si ce dernier ne décidait pas d'intégrer la milice pro-turque dite Front de libération. En ce faisant, Ankara espère pouvoir convaincre la Russie de renoncer à son soutien à l'armée syrienne, bref une ruse de plus destinée à contrer l'opération de la libération de la totalité du territoire syrien. Un scénario comme celui dit "Rameau d'olivier" est donc plausible. Reste à savoir si Erdogan pourra flouer la Russie, s'interroge Hadi Mohamadi, l'analyste des questions internationales.