Les hauts responsables de l’administration conviennent désormais du fait que la Chine a défié les sanctions américaines lorsqu’elle a importé plus d’un million de barils de pétrole brut iranien le mois dernier. Mais ils se demandent si, et comment, il faut riposter, selon trois responsables américains. La Chine a pour sa part violemment réfuté les menaces américaines.
Le département d’État américain avait envisagé de délivrer une dérogation permettant aux sociétés chinoises de recevoir du pétrole iranien à titre de paiement en nature pour leurs investissements dans un champ pétrolifère iranien, mais cette idée a été abandonnée. Les faucons de l’administration US poussent maintenant les États-Unis à imposer des sanctions secondaires aux entités chinoises, ce qui compliquerait les pourparlers commerciaux entre les deux pays et envenimerait leurs relations.
En juin, un pétrolier transportant jusqu’à un million de barils de pétrole iranien s’est amarré près de la ville portuaire de Qingdao, attirant les plaintes des législateurs républicains, qui ont demandé à Trump d’intensifier les pressions sur la Chine. La Chine aurait également accueilli un deuxième lot de pétrole iranien depuis l’expiration de sa précédente dérogation, en mai dernier. Il s’agit d’une cargaison de 2 millions de barils, qui a été déchargée à Tianjin.
La Chine a violemment réfuté les menaces américaines. « La Chine s'oppose aux sanctions unilatérales anti-iraniennes et condamne fermement la violation de la souveraineté judiciaire de tout État. Le commerce avec l'Iran est parfaitement légitime et légale. La Chine défend irrésolument ses droits et ses intérêts légitimes », a affirmé le porte-parole du ministère chinois des A.E.
En effet, la défiance persistante de la Chine semble saper l’affirmation de l’administration Trump selon laquelle ses efforts pour contraindre l’Iran fonctionnent.
Le 22 avril, Trump a décidé de ne pas prolonger l’exemption des sanctions liées à l’Iran dont bénéficiaient un certain nombre de pays. Les sanctions américaines contre l’Iran, notamment l’interdiction d’acheter du pétrole à Téhéran, ont été rétablies en novembre 2018 peu après la décision de Trump de se retirer de l’accord nucléaire, mais le gouvernement américain a ensuite exempté huit pays : Chine, Grèce, Inde, Italie, Japon, Corée du Sud, Taïwan et Turquie. Six mois se sont écoulés et désormais les sanctions sont pleinement en vigueur.
Dans ce contexte, la Chine réplique aux États-Unis : elle a annoncé vendredi l’imposition imminente de sanctions contre les entreprises américaines liées à une vente d’armes de 2,2 milliards de dollars à Taïwan — une île sur laquelle Pékin revendique sa souveraineté.
« Les ventes d’armes à Taïwan par les États-Unis constituent une grave violation des normes fondamentales du droit international et des relations internationales », a indiqué Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
« Afin de protéger les intérêts nationaux, la Chine imposera des sanctions aux entreprises américaines impliquées dans cette vente d’armes à Taïwan », a-t-il souligné dans un court communiqué.
La République populaire de Chine considère Taïwan comme faisant partie de son territoire. Le mois dernier, le ministère chinois des Affaires étrangères avait appelé les États-Unis à suspendre leurs ventes d’armes vers Taïwan.