Afrique de l'Ouest : le nouveau stratagème franco-US
Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Cameroun : des opposants annoncent la reprise des «marches blanches»;
Vers la création d’une Association d’amitié parlementaire Egypte-Ghana;
Ghana : depuis le lancement de la production pétrolière, Tullow a attribué plus de 10 milliards $ de contrats à des firmes locales.
Les analyses de la rédaction :
Afrique de l'ouest : la nouvelle stratégie américano-française:
Le camp atlantiste ne se contente plus de déstabiliser les pays africains, à tour de rôle. Les atlantistes ont effectivement changé de méthode : désormais leur plan consiste à déstabiliser deux et voir trois pays en même temps. Et cette stratégie a surtout changé depuis que les forces françaises agissent sous la tutelle du Commandement des opérations spéciales du Pentagone et de l’AFRICOM .
À peine deux jours après l’opération menée par l’armée française sous prétexte de la libération dans le nord du Burkina Faso de quatre otages, dont deux Français, ce pays africain est de nouveau la cible d’une tentative de déstabilisation mais cette fois-ci, le prétexte est un conflit inter-religieux.
Une attaque ciblant une église catholique à Dablo, une commune de la province du Sanmatenga dans le nord du Burkina Faso a eu lieu dimanche 12 mai, en coûtant la vie à six personnes dont un prêtre, signale l’AFP se référant à des sources locales et sécuritaires.
«Vers 09h00, au cours de la messe, des individus armés ont fait irruption dans l'église. Ils ont commencé à tirer alors que les fidèles essayaient de s'enfuir», a déclaré à l'AFP le maire de Dablo, Ousmane Zongo.
En même temps, c’est en Centrafrique, pays où la présence croissante russe dérange de plus en plus le camp atlantiste qu’on évoque des conflits inter-religieux et le meurtre de chrétiens par des musulmans :
Le site d’information CNC commente cette information en ces termes :
« La première victime poignardée à plusieurs reprises tandis que la seconde mitraillée par AK47, le triste bilan de la journée du dimanche 12 mai 2019 au quartier Boeing proche du PK5 fait remonter de plusieurs crans la tension entre la communauté musulmane et chrétienne dans ces deux quartiers de Bangui ».
L’info évoque alors tensions inter-religieux dans cette région de la RCA remontant à plusieurs mois voire plusieurs années et il met l’accent sur la gravité de la situation.
Rappelons que le PK5 est un quartier à majorité musulman où les Russes sont présents aussi bien sur le plan militaire qu’humanitaire ; une chose qui ne plaît pas du tout à la force d’occupation qui ne laisse passer aucune occasion pour accuser la Russie d’avoir installé la terreur et l’insécurité sur le terrain.
En tout cas, une chose est sûre, le plan de déstabilisation de la puissance d’occupation est désormais rentré dans une nouvelle phase et le peuple africain devrait être plus vigilent que jamais.
Bénin: l’Amérique s'implante-t-elle dans le pays ?
L'opération dite de libération d'otage au Burkina qui a tourné au fiasco suivant une mise en scène américaine pas trop intelligente devrait servir de prétexte pour justifier une extension des opérations militaires occidentales au Bénin.
D'où l'appel très pressant de M. Le Drian à l'adresse des français à qui il a demandé de ne pas se rendre dans des "zones rouges" du Benin!
L'assertion a été aussitôt démentie par le journal, Le Monde. N’empêche que le mal est fait et c'est d’ailleurs ce que cherche Paris dans son jeu.
Écoutons RFI à ce sujet : " Mathieu Yokossipé, un ami de Fiacre Gbédji, guide assassiné dans cette affaire d'enlèvement craint pour son emploi et pour l’avenir du parc : « Ça a déjà changé beaucoup de choses. Les gens ont peur. On avait des réservations. Les gens ont annulé carrément. Ça va être vraiment dur. On pense que ça va beaucoup jouer sur nous, pour notre travail. Et actuellement, on a vraiment peur. On se dit qu’on se met en danger avec nos touristes. » Et le guide béninois d'ajouter : « Actuellement, j’ai peur de tout », « Aujourd’hui, on nous dit [que] c’est les jihadistes et qu'ils sont partout. Nous, on savait qu'au Burkina, à côté, ça n’allait pas du tout. Il faut que les gens fassent quelque chose pour nous rassurer avant qu’on retourne dans le parc ». Mathieu Yokossipé songeait déjà à changer de travail mais les derniers événements pourraient bien accélérer sa réflexion. « J’y réfléchissais déjà. J’ai tellement d’idées » ; « Ça fait quinze ans que je fais ce parc. Mais je ne sais pas pour quel boulot je vais changer... ».
La France a donc bien réussi à installer la peur au Bénin et surtout dans ce parc très particulier. Il s'agit de l'ancienne aire de chasse de l'administration coloniale qui a acquis en 1954 le statut de Réserve partielle de faune de la boucle de la Pendjari. En 2017, le gouvernement du Bénin et African Parks ont signé un partenariat pour réhabiliter le Parc national de la Pendjari, l’une des plus grandes réserves protégées restantes en Afrique de l’ouest et centrale. L’objectif, disait-on à l'époque, était de doubler la population sauvage du parc en une décennie, de développer un tourisme responsable et de rehausser le profil du parc en tant que destination et d’assurer enfin un développement économique et social axé sur la conservation et au profit de la population du pays.
Et puis en janvier 2018 un « marché » d’une valeur de 23 millions de dollars US a été annoncé pour protéger le parc avec des partenaires clés comme la Wyss Foundation, le National Geographic ou encore la Wildcat Foundation. Toutes des fondations américaines!
Alors vous ne voyez toujours pas pourquoi ce parc est devenu du jour au lendemain une « zone rouge » ? Allons plus loin : le parc national de la Pendjari (PNP) situé à l'extrême nord-ouest du pays, dans le département de l’Atacora, se trouve à la frontière du Burkina Faso et le Togo n'est pas très loin... il a donc tout pour devenir une base de campement de troupes. Alors l'opération de la libération des otages ou pas, le président Talon se trouve désormais face à un nouveau défi qui est bien plus difficile à résoudre que la gestion d'une opposition pro-occidentale, propre à embraser la rue : l’Amérique veut s'implanter au nord du Bénin.
Burkina Faso; opération de libération: False-flag franco-US ?
Entretien avec Malick Gnegne, analyste burkinabé.
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