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Yémen: Riyad et Abou Dhabi ont militairement encerclé Oman

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu en visite à Oman, et reçu par le Sultan Qaboos, 21 janvier. ©AFP

Au Yémen, la coalition USA/Israël/monarchies arabes s'est enlisée: il lui faut un échappatoire. Le sultanat d'Oman en offre un. L'Arabie saoudite et les Emirats mènent une action militaire contre Oman qui ne dit pas son nom. Son objectif étant d'encercler le Sultanat, lui briser son principe de neutralité et faire d'Oman une "entité stipendiée". Tout a commencé quand le sultanat a décidé de normaliser avec Israël. The National Interest y revient à sa façon dans un article signé Sigurd Neubauer. 

Quelques jours seulement après l’investiture du président Donald Trump en 2017, l’Arabie saoudite a envoyé des troupes à Mahra (gouvernorat de l’est du Yémen, situé à la frontière avec le sultanat d’Oman) après le départ des forces spéciales des Émirats arabes unis de la région. Les Émiratis avaient maintenu des forces spéciales dans cette région yéménite depuis 2015, mais même si leurs troupes y ont été retirées, leurs agents du renseignement sont restés sur place.

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La justification saoudienne d’entrer dans Mahra, située à environ 1 300 kilomètres des points chauds où la coalition saoudienne combat l’armée et Ansarallah, consistait à distribuer de l’aide humanitaire aux Yéménites et à reprendre le contrôle de l’aéroport d’al-Ghaydah, capitale administrative du gouvernorat de Mahra. Une prison a depuis été créée à l’aéroport par les Saoudiens.

Sigurd Neubauer estime que la décision du sultanat d’Oman de ne pas participer à la guerre au Yémen est fondée sur les principes de sa politique étrangère et sa position régionale fondée sur la neutralité. En outre, cette décision serait en quelque sorte liée à la géographie d’Oman qui a une longue frontière de 288 km avec le Yémen et ses liens étroits avec les tribus du gouvernorat yéménite de Mahra. En fait, en raison de ses liens géographiques et tribaux, ainsi que de ses liens historiques profonds avec Mahra, Oman a eu cette chance que ce gouvernorat yéménite serve de zone tampon pendant la guerre au Yémen.

Au vu de ces liens de longue date, les tribus locales se sont rapidement opposées à la décision de la coalition saoudienne de prendre le contrôle de l’aéroport d’al-Ghaydah. Or le commandant de la coalition saoudienne à Mahra, le général Abdelaziz al-Sharif, a dû conclure un accord avec les tribus en mars 2017 selon lequel l’aéroport ne devrait être utilisé que pour des efforts humanitaires, non pas comme une base militaire.
 

Cependant, la coalition saoudienne a rapidement violé l’accord en transformant l’aéroport d’al-Ghaydah en une base militaire. Maintenant, des avions militaires de la coalition saoudienne y atterrissent quotidiennement et les civils, y compris les habitants, ne sont pas autorisés à entrer dans ses locaux où sont stationnés des hélicoptères saoudiens Apache.

Depuis lors, des forces saoudiennes ont été déployées notamment dans les zones côtières de Mahra où ils ont établi 26 postes de contrôle. Le commandement de la garde côtière de l’Arabie saoudite a été installé au centre de la ville portuaire de Nishtun, qui est le seul port du gouvernorat de Mahra.

A coup de manifestation, les tribus de Mahra ont demandé que les camps militaires de la coalition saoudienne soient démantelés. Rien n’y fait : en mars 2019, deux brigades composées de 2 500 soldats saoudiens ont été envoyées à Mahra, mais chaque jour, de nouveaux soldats saoudiens arrivent dans cette région. Outre les troupes saoudiennes stationnées à Mahra, les contingences suivantes ont également été déployées dans cette région: les soi-disant garde-côtes yéménites qui sont en réalité des membres des groupes armés opérant en dehors du territoire yéménite.

Que se passe-t-il réellement ?

On se rappel fort bien comment les dirigeants omanais ont choqué l’opinion musulmane en précipitant à accueillir le PM israélien sur le sol omanais et en allant même jusqu’à affirmer qu’il faut agir en sorte qu’Israel vive en paix. On se rappelle également qu’en mars le sultanat a signé un accord en vertu duquel ce pays du golfe Persique  accordera un accès à certains de ses ports et aéroports aux navires et avions militaires américains. L’accord prévoit surtout l’accès américain au port de Duqm. L’analyste estime que le sultanat est désormais encerclé par les forces « hostiles » qui visent à biser sa « neutralité », une neutralité qui aurait servi à plus d’une reprise l’axe anti-impérialiste dans la région. Pour les Américains et les Israéliens, tout comme pour leurs comparses saoudo-émirati, l’enlisement au Yémen ne serait surmonter sans que le sultanat se soumette totalement. Mascate se sent-il menacé ? Envisage t il de faire preuve de la résistance ou compte t il capituler sans se battre ?

Socotra et l’encerclement stratégique d’Oman

Sigurd Neubauer souligne qu’en avril 2018, les forces spéciales des Émirats arabes unis ont pris le contrôle du port et de l’aéroport de l’île yéménite Socotra. La décision d’Abou Dhabi d’exercer un contrôle sur Socotra ne vise pas seulement à faciliter son accès à l’Afrique de l’Est, l’île se situant au large des côtes du Somaliland où les Émiratis ont lourdement investi dans le port commercial de Berbera. Le jeu de pouvoir actuel émirati  contre Oman, déclenché par les tentatives d’espionnage des Émirats arabes unis et la présence de l’armée saoudienne à la frontière entre le Yémen et le sultanat d’Oman, en dit long sur l’objectif stratégique US/Israël caché sous les dehors des Émiratis lequel consiste à exercer des pressions sur Oman ou même de le transformer en un État vassal dans le cadre de la stratégie de domination sur la péninsule arabique et l’Afrique orientale. Le fait que cela se produise alors que le sultanat d’Oman se prépare pour l’ère de l’après-Qaboos ne fera que renforcer les enjeux et les tensions entre ces États arabes de la péninsule. Cela, à son tour, pourrait déclencher des hostilités entre le bloc saoudo-émirati et Oman et là le Sultanat sera forcé de quitter sa posture de neutralité, ajoute le texte qui se demande : " Oman a déjà jeté du leste en normalisant avec Israël? continuera t-il à jouer les dociles ou alors choisira-t-il de changer de camp et de rallier le camp de ceux qui savent dire non aux Etats-Unis? 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV