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Jafari : "La Turquie occupe quatre fois plus de territoire syrien que le Golan"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les soldats turcs lors d'une parade militaire. (Archives)

Ce samedi 27 avril, les agences d'information ont fait état du déploiement des forces commandos turques le long des frontières avec la Syrie. À ceci s'ajoutent les démarches tuques dans le nord syrien qui n'ont moins d'une occupation en bonne et due forme du territoire syrien où Ankara mine l'autorité étatique à coup de mesures "colonialistes".  Le représentant permanent de la Syrie auprès des Nations unies, également chef de la délégation syrienne pour les négociations d’Astana, Bachar al-Jaafari y est revenu vendredi 26 avril, alors qu'il était en pleins pourparlers avec Russes et Iraniens, réclamant le retrait des forces « illégales » et « occupantes » de la Syrie. Y passent évidemment Américains et Israéliens mais les observateurs sentaient la flèche se diriger droit vers Ankara. "La Turquie occupe quatre fois plus de territoires en Syrie que le Golan", a affirmé le représentant syrien, non sans un brin de colère à l'adresse de l'allié russe en concertation permanente avec Ankara. 

Lors d’un point de presse à l'issu de la 12ème édition des négociations d’Astana sur la Syrie, tenue dans la capitale kazakhe, Bachar al-Jaafari a souligné que toutes les forces militaires, déployées en Syrie sans mandat syrien, sont illégales et qu’elles devront quitter le sol syrien. 

« La Turquie a occupé 6 000 kilomètres carrés du nord du territoire syrien, une superficie qui équivaut à quatre fois celle du Golan occupé. Damas espère que toutes les parties, notamment la partie turque, tiendront leurs promesses. La Turquie s’est emparée du sol syrien alors qu’elle dit respecter notre intégrité territoriale. Il faut appeler un chat, un chat et dire la réalité telle qu’elle est. La Turquie fait construire un mur au sud de Manbij pour séparer cette ville de la province d’Alep, et partant du territoire syrien », a déclaré Bachar al-Jaafari, visiblement en colère. 

Le représentant permanent de la Syrie à l’ONU a ajouté que les représentants à ce tour de négociations avaient réclamé que la lutte antiterroriste soit placée en haut de la liste des points mis à l’ordre du jour des discussions mais que cette priorité devrait s'appliquer surtout à Idlib. Bachar al-Jaafari a ainsi évoqué les tentatives des groupes terroristes opérant à Idlib et cherchant aussi à lancer une attaque chimique dans cette province et là, ces groupes bénéficient du soutien turc. 

« Les informations que nous avons collectées montrent que la Turquie a fourni aux terroristes des dizaines de lance-missiles pour ainsi favoriser une attaque chimique à Idlib pour laquelle elle puisse finalement blâmer le gouvernement syrien », a-t-il réaffirmé.

Pour Bachar al-Jaafari, « c’est la partie turque et son laxisme qui barre la route au succès des négociations d’Astana pour la paix en Syrie ».

« Le réseau terroriste al-Qaïda est le parrain de tous les groupes terroristes en Syrie. L’Organisation nationale du renseignement de la Turquie (MiT) a convoqué, il y a quelques jours, une réunion pour discuter des groupes terroristes liés à al-Qaïda, dans la ville frontalière syrienne d’Atme, non loin de Reyhanli, en Turquie », a-t-il souligné, laissant entendre que tout acte terroriste à venir porterait la marque d'Ankara. 

Bachar al-Jaafari a déclaré que le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov avait mis en garde, lors de la session de vendredi des négociations d’Astana, contre les ingérences des États-Unis dans le nord de la Syrie : « M. Riabkov a averti que les alliés de la Syrie étaient bien conscients des plans américains pour Damas et que celui-ci ne permettrait jamais à personne de démembrer le territoire syrien ». Selon les analystes, ces propos de Jafari cachent mal la colère qui monte à Damas contre la Turquie et ses agissements, colère qui se traduit désormais par une exigence de plus en plus ferme à l'égard de Moscou d'agir et ne plus rester les bras croisés. " En effet, les Russes se trouvent entre le marteau et l'enclume : ils ne veulent pas saper le processus de rapprochement avec Ankara pour éviter que les Américains gagnent des points tout voulant rassurer l'allié syrien. C'est un numéro d'équilibriste effectivement difficile à jouer surtout que les tentatives d'Ankara ne facilitent pas la tache de Moscou, estime Sadollah Zaraei. 

Sachant à quel point ses liens sont importants désormais pour la Russie, les Turcs font monter sans cesse les enchères. Le malaise russe est d'ailleurs bien visible à travers les propos du président Poutine. Ce samedi, Poutine qui s'exprimait à Pékin dans le cadre du forum des Routes de la soie a affirmé que "la situation à Idlib n'est pas tenable mais qu'une option militaire n'est pas non plus à envisager puisque mal-appropriée". Poutine n'a toutefois pas écarté la perspective d'un recours à la force mais a mis en avant le sort des civils.

Que le président russe évoque Idlib à Pékin et lors d'un forum consacrée aux Routes de la soie, cela montre bien que la Chine se sent aussi concernée par la question. On sait bien que Pékin avait proposé son assistance militaire à Damas pour en finir avec la présence terroriste à Idlib où les terroristes d'origine chinoise sont nombreux. Ce sont ces mêmes terroristes issus du parti Turkistan qui revendiquent désormais les attaques croissantes contre les positions de l'armée syrienne à Hama et à Alep. Le parti pris de Pékin en faveur de Damas lui a valu la colère d'Ankara et quelques manifestations pro-Ouïghours à travers la Turquie, il y a de cela quelques mois. La Russie finirait-il par faire appel à l'assistance chinoise dans ce dossier? C'est pas totalement inimaginable comme hypothèse. Surtout qu'on sent la colère monter du côté de Damas. Les frappes russes visent les rassemblements d'al-Qaïda et on sent un certain niveau de concertation qui n'est pas étranger aux intérêts chinois, ajoute le politologue Sadollah Zarei. 

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV