Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
– Burkina Faso : Accra sollicite Ouagadougou pour abriter le siège du secrétariat permanent de la Zone de libre-échange continentale
– Pétrole : le Nigeria ne compte pas supprimer les subventions comme le conseille le FMI
– Cameroun : l’Institut africain des sciences mathématiques rempile pour 5 ans de plus
Les analyses de la rédaction :
Du 22 avril au 5 mai prochain, les forces françaises participeront à un exercice aux côtés des forces armées de Côte d’Ivoire dans le district des montagnes, indique un communiqué de presse, dont l’AIP a reçu copie jeudi. Dans la forme, « cette manœuvre doit permettre aux militaires français et ivoiriens de s’entraîner de manière conjointe, comme cela se fait régulièrement dans le cadre du partenariat militaire opérationnel qui unit la France et la Côte d’Ivoire », indique le communiqué avant de souligner que les exercices portent aussi sur des opérations de parachutage comme si le pays devrait bientôt accueillir des opérations de débarquement.
À l’occasion de cet exercice, relève-t-on, les forces françaises en Côte d’Ivoire continueront à accompagner la préparation opérationnelle du 1er bataillon de parachutistes en vue de son futur déploiement au sein de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA). Si on en croit donc ce communiqué, la force Barkhane s’apprête à relier sa zone d’opération au Mali à celle de la Côte d’Ivoire, bref à étendre la guerre du Sahel à la côte.
Or cette opération ne passera pas inaperçue auprès des Ivoiriens, qui se rappellent fort bien des frappes françaises de 2009. Histoire de détourner leur intention donc, les militaires français présents pendant la manœuvre entreprendront des actions humanitaires au profit des populations locales.
Créées le 1er janvier 2015, les forces françaises en Côte d’Ivoire s’inscrivent dans la continuité de l’accord de partenariat de défense de 2012 qui scelle « une proximité ancienne entre la France et la Côte d’Ivoire », rappelle-t-le texte sans souligner tout ce qui a précédé ce partenariat, y compris l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire sous l’ancien régime.
Les 900 militaires français engagés forment la réserve opérationnelle pour l’Afrique centrale et de l’Ouest et sont chargés d’appuyer et de soutenir les opérations dans la zone, mais aussi de mettre en œuvre un partenariat militaire opérationnel avec la Côte d’Ivoire et en coopération avec les forces partenaires de la région, souligne-t-on. Bref, la guerre s’approche des portes ivoiriennes.
Juste avant que les présidentielles congolaises ne se tiennent, l’ambassade US a fermé pendant quelques jours ses portes de sorte à laisser croire qu’il y avait des risques d’intrusion de Daech en RD Congo. À l’époque, la stratégie n’a pas fonctionné puisque le président sortant a rapidement réagi. Ce n’est visiblement plus le cas désormais. 10 jours après la visite du président Tchisekedi aux États-Unis où ce dernier a plaidé en faveur des coopérations militaires avec les Américains, le principal outil stratégique US, à savoir le « terrorisme », fait son apparition en RD Congo, de quoi justifier pleinement le déploiement de troupes US dans le pays sans que des voix hostiles s’y opposent.
C’est ainsi que RFI en parle : « Contrairement à beaucoup de groupes armés congolais et d’organisations islamistes radicales, les Allied Democratic Forces (ADF) communiquent peu sur leurs actions. Ils n’ont pas pour habitude de revendiquer leurs attaques, n’ont pas de porte-parole officiel et subissent rarement des désertions. Difficile donc d’avoir des certitudes sur l’étendue de leurs réseaux et de leurs motivations. » Le récit entretient un maximum de mystère et donc donne une marge de manœuvre extrême aux terroristes qui pourrait varier en fonction de la réaction de l’État congolais. Et RFI d’ajouter : « Depuis 2014, ce groupe s’est illustré par une série de massacres brutaux, des enlèvements et des pillages dans l’est du Congo et des attaques contre des cibles militaires onusiennes ou congolaises. On l’a dit affaibli en 2016, puis il a resurgi de plus belle mi-2017, mieux équipé et mieux formé. Aujourd’hui, il compterait, de source onusienne, entre 500 et 600 combattants et aurait des liens avec le groupe Daech, qui a revendiqué pour la première fois, le jeudi 18 avril, une attaque sur le sol congolais. » Donc plusieurs renseignements à tirer : les États-Unis se fixent dans l’est de la RDC. Ils ont mieux équipé le Daech congolais, sans doute après avoir subi une grosse défaite en Syrie et en Irak de la part de l’axe de la résistance et de la Russie.
Et puis, histoire de provoquer des tensions avec le voisin ougandais et le pousser à la guerre avec la RDC, RFI nomme aussi son chef. En 2018, l’analyse par le GEC, un groupe d’experts basé à New York, de vidéos internes au mouvement, ainsi que d’entretiens avec des déserteurs, ont tout de même permis d’en savoir un peu plus. Il en ressort que ce mouvement dirigé aujourd’hui par l’Ougandais Musa Seka Baluku prône une « interprétation radicale et violente du Coran, arbore un drapeau semblable à celui utilisé » par des mouvements tels que Boko Haram et tenter de « se rallier à d’autres groupes terroristes ». Il y a dans cette affirmation des relents de guerre des religions aussi !
Bref les États-Unis jouent là leur dernière carte contre le grand Congo, reste à savoir si Kinshasa se laissera prendre au piège ou pas.
Au Cameroun, l’État résiste tant bien que mal à l’agression des puissances. Simplice Zokohi Zadi, analyste des relations internationales et militant politique ivoirien en parlent.
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