Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Les analyses de la rédaction :
Pour bon nombre d’analystes, les événements qui se passent au Soudan, où les manifestations ont déjà atteint le QG de l’état-major, ne peuvent s’interpréter sans prendre en compte les événements politiques en cours en Libye. Au Soudan, des puissances occidentales appellent au renversement d’el-Béchir et la France en fait très clairement partie, sur fond d’une campagne médiatique intense qui couvre au millimètre près les manifs contre el-Béchir : « Au Soudan, les manifestants maintiennent la pression. Rassemblés depuis trois jours devant le QG de l’armée, le lundi 8 avril, ils demandent aux militaires des négociations directes en vue de la formation d’un gouvernement de transition, pour remplacer le président Omar el-Béchir. La position récente de l’armée semble les encourager », dit RFI, laissant croire que l’armée a déjà lâché le président. Pour le reste, certaines sources proches des agences de presse occidentales évoquaient aujourd’hui la fuite du président, information qui reste à confirmer. Une chose est sûre : depuis que l’homme fort de Khartoum a décidé de rallier au camp russe, d’accueillir sur le sol soudanais une base russe et des centrales nucléaires ainsi que des sociétés pétrolières de la Russie, allant même jusqu’à intercéder en faveur de Moscou dans le processus de la réconciliation inter-centrafricain et ce, au grand dam de la France, sa tête a été mise à prix. Et alors que fait la Russie ? Certains disent que l’affaire de Haftar et de l’offensive surprise qu’il a lancée contre la capitale libyenne n’a pas été sans une certaine forme de coordination préalable avec les Russes.
Alors que le Soudan s’est embrasé et que le feu s’étend de plus en plus, une visite des autorités sud-soudanaises au Vatican attire attention. Selon le communiqué de la Salle de presse du Saint-Siège, dit RFI, « le Pape François a approuvé la proposition présentée par l’Archevêque de Cantorbéry, Sa Grâce Justin Welby, d’organiser une retraite spirituelle au Vatican, avec la participation des plus hautes autorités civiles et ecclésiastiques du Soudan du Sud ». Cette retraite aura lieu les 10 et 11 avril, à la résidence Sainte-Marthe. Les autorités civiles seront représentées par les membres de la Présidence de la République du Soudan du Sud, qui, en vertu du Revitalised Agreement on the Resolution of Conflict in South Sudan, assumeront, le 12 mai prochain, les plus hautes charges au niveau de l’État, à savoir : M. Salva Kiir Mayardit, président de la République, et quatre des cinq vice-présidents désignés : M. Riek Machar Teny Dhurgon, M. James Wani Igga, M. Taban Deng Gai et Mme Rebecca Nyandeng De Mabior... »
Et RFI d’ajouter : « La retraite s’achèvera le jeudi 11 avril, à 17 heures, par un discours du Saint-Père. Les participants à la retraite recevront ensuite une Bible dédicacée par Sa Sainteté le Pape François, par Sa Grâce Justin Welby, Archevêque de Cantorbéry, et par le R.P. John Chalmers, ancien Modérateur de l’Église presbytérienne d’Écosse, avec ce message : “Recherche ce qui unit. Surmonte ce qui divise.” Enfin, les leaders du Soudan du Sud, qui assumeront un engagement commun pour la paix, recevront la bénédiction. »
« Le texte affirme très clairement que cette visite est en vue d’une date importante et d’une échéance encore plus importante : la formation d’un gouvernement d’union nationale au mois de mai. À l’heure actuelle, parmi les points essentiels de l’accord encore à régler figurent les négociations concernant le contrôle de la sécurité dans la capitale — un prérequis au retour de Riek Machar — ainsi que la création d’une armée nationale. »
Et depuis quand les retraites spirituelles servent-elles à donner des idées aux politiciens en vue de résoudre les questions liées à l’avenir d’un État ? Sans doute depuis que le malin el-Bechir a réussi à neutraliser en grande partie le projet du démembrement du grand Soudan, lequel a dû être revue à baisse bien qu’il ait été revu en 2011 à la faveur des ingérences américaines, israéliennes et occidentales. Un autre prétexte pour vouloir la tête d’el-Bechir, qui a su par la suite rétablir le flux du pétrole du sud vers le nord et réconcilier les acteurs sud-soudanais entre eux. Bref, Salva Kiir et Machar n’iront pas au Vatican pour une retraite spirituelle, mais plutôt pour recevoir des mises en garde et des recommandations pour l’après-el Bechir. Reste à savoir si les deux hommes seront oui ou non prêts à jouer le jeu avec des puissances occidentales qui sont allées jusqu’à les sanctionner.
Entretien avec Samy Bonsongo, journaliste.
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