Sur fond d'intenses combats opposant l'armée syrienne et la Russie aux terroristes d'al-Nosra, des entretiens ont eu lieu mercredi 23 janvier entre Poutine et Erdogan. La question qui se posait à tout analyste était la suivante: la Russie dira-t-elle "oui" à la mise en place d'une zone tampon au nord de la Syrie, zone qu'Ankara cherche à concrétiser depuis 2011 sous divers prétextes?
Au cours de la conférence de presse conjointe qui a eu lieu à l’issue de leurs discussions, le président russe a déclaré que Moscou et Ankara "avaient convenu de travailler ensemble sur des mesures supplémentaires dans le cadre de leur accord précédemment conclu portant sur la démilitarisation de la province syrienne d’Idlib (nord)".
L’accord, qui prévoit notamment la création d’une zone démilitarisée autour d’Idlib, a été conclu en septembre 2018 lors d’une rencontre entre les présidents russe et turc. Pourtant, l’accord n’a pas été correctement respecté et de manière complète en entraînant paradoxalement une augmentation de l’influence des groupes terroristes dans la région et c'est ce qu'a relevé le président russe.
Au cours de cette conférence de presse, Vladimir Poutine a ajouté : « Le maintien du mécanisme de cessez-le-feu ne doit pas se faire au détriment de la lutte contre les terroristes. Nous voyons que nos partenaires turcs déploient de grands efforts pour éliminer la menace terroriste dans leur pays et il est nécessaire de travailler ensemble pour éliminer les tensions dans l’ensemble de la région. »
Le président russe a également qualifié de « positive » la décision de Trump de retirer les troupes américaines de Syrie, affirmant que cela contribuera à stabiliser la situation de ce pays.
Et le président russe d’ajouter : « Si de telles mesures sont effectivement prises par les Américains, ce sera un changement positif. Cela contribuera à stabiliser la situation dans le nord et l’est de la Syrie, actuellement sous le contrôle des forces kurdes. »
Il a ensuite réaffirmé le soutien de Moscou aux négociations entre le gouvernement de Damas et les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis, qui contrôlent le nord-est de la Syrie.
« Un tel dialogue contribuera à la consolidation de la société syrienne et à la réconciliation nationale », a déclaré Poutine en estimant que cela serait bénéfique « non seulement pour la Syrie, mais aussi pour ses voisins ».
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti que des groupes terroristes pourraient abuser du retrait des troupes américaines. Il a également révélé que Washington avait donné des signaux positifs concernant le projet d’établissement d’une zone de sécurité dans le nord-est de la Syrie, « sans que cela puisse porter préjudice à la coopération d’Ankara avec Moscou en Syrie », a-t-il souligné.
En ce qui concerne Idlib, le président turc a souligné qu’Ankara et Moscou poursuivraient leur lutte contre les groupes terroristes dans cette province syrienne.
« J’ai déclaré que notre seul objectif était de débarrasser la région des organisations terroristes telles que le PYD [Parti de l’union démocratique-kurde], les YPG [Unités de protection du peuple-kurde] et en particulier Daech », a ajouté le président Erdogan.
La rencontre Poutine-Erdogan à Moscou sera suivie d’un sommet tripartite entre Moscou, Ankara et Téhéran. La date exacte de ce sommet, qui se concentrera également sur la Syrie, n’a pas encore été annoncée.