L’intensification des agissements du régime israélien près de la frontière avec le Liban, le discours particulièrement anti-Résistance des envoyés US à Beyrouth, leur menace ouverte contre la présence du Hezbollah au sein du futur cabinet libanais ne devront pas faire oublier une chose : c'est la possible émergence russe sur la scène libanaise qui inquiète et qui est visée. Au mois de novembre, Beyrouth a fini par accepter une aide militaire russe de 5 millions de dollars, après l'avoir refusée pendant 10 ans.
La Russie est aussi en pleine discussion avec les autorités libanaises pour renforcer sa présence dans le secteur énergétique libanais où elle est appelé à faire en sorte que soit réduit le pillage par Israël des réserves gazières libanaises en Méditerranée. On dit que le président russe, Vladimir Poutine envisage d'aller plus loin et encouragerait l'établissement de liens entre l'Église orthodoxe russe et les chrétiens orthodoxes libanais. L'image de pacificateur dont bénéficie la Russie au Liban, surtout après son intervention militaire en Syrie, n'échappe guère aux Américains et surtout aux Israéliens qui s'inquiètent, entre autres, des liens de plus en plus stratégiques qui se tissent entre la Russie et l'axe de la Résistance. Or une guerre contre le Liban pourrait bien inverser la donne et barrer la route à cette "nouvelle extension russe".
Selon El-Nashra, qui cite des sources officieuses, « Le Hezbollah est militairement et logistiquement prêt à une confrontation avec Israël et il suit de près tous leurs agissements sur les frontières sud. Ce que fait Israël, depuis l’opération Bouclier du Nord jusqu’à la reprise de la construction du mur en béton près de ligne bleue devant la ville d’al-Adissa pourrait se présenter comme un prélude à une guerre éventuelle. Des informations en provenance de l’Occident sont parvenues aux autorités officielles libanaises, selon lesquelles les États-Unis auraient donné leur feu vert aux Israéliens pour une attaque israélienne, et ce alors que la Russie a mis en garde Tel-Aviv contre une offensive contre le Hezbollah et une agression contre le Liban ».
Mais Israël est-il réellement prêt à affronter le Hezbollah pour contrer au Liban la Russie de Poutine?
Selon El-Nashra, « l’ennemi est divisé sur la faisabilité d’une guerre contre le Liban. L’état-major israélien est largement divisé et les généraux israéliens se succèdent pour refuser la guerre. Cependant, Netanyahu est convaincu que les États-Unis lui apporteraient leur soutien pour mettre fin au Hezbollah et que la Russie finirait par lui céder et que le monde arabe appuierait sa décision. Le point de vue n'est évidemment pas partagé par les experts militaires israéliens, le général à la retraite, Yitzhak Brick, par exemple qui a pris mercredi dernier sa retraite et qui a déclaré que la réduction du nombre des forces de l’armée et de la période du service militaire pour les hommes avait suscité une sérieuse disproportion entre le nombre des missions et celui des effectifs qui y sont impliqués.
Il dit : « Les commandants et les officiers tentent de tromper l’opinion publique en donnant de fausses informations sur la capacité de l’armée lors d’une guerre éventuelle. L’armée est faible et souffre de beaucoup de carences que les militaires cachent. Notre armée souffre d’une pénurie de forces humaines. Nous souffrons également d’une crise du stockage d’armes et de munitions et de l’entretien de nos engins militaires comme les chars et les véhicules blindés » avait déploré ce responsable militaire il y a peu".
Mais ces failles rapportées à la longueur des commentaires des militaires israéliens risquent de ne pas importer au régime de Tel-Aviv dans la mesure où il est question pour Israël et les États-Unis de ne pas laisser à la Russie la possibilité de refaire surface dans une nouvelle zone stratégique au Moyen-Orient, en l’occurrence le Liban. En Israël, il y a cette inquiétude :
"Moscou reste persistant dans ses efforts pour établir une présence militaire au Liban, affirme un article paru au mois de décembre dans les colonnes de mosaicmagazine. Poutine a par ailleurs montré à plusieurs reprises son empressement à jouer un rôle de premier plan dans ce pays et sa volonté d'investir le temps et les ressources nécessaires pour atteindre cet objectif. Ce faisant, il souhaite plus de poids que de trouver de véritables solutions au problème des réfugiés ou à d’autres problèmes urgents qui se manifestent au Liban. Beyrouth et ses alliés occidentaux doivent donc se méfier des dons du Kremlin".
Alors une guerre contre le Liban pour en chasser la Russie? Après tout le prétexte du Hezbollah arrange bien les affaires. Le journal pro israélien poursuit : " Plus généralement, Poutine a longtemps exprimé l'espoir que les États-Unis se retirent des affaires du Liban et du reste du Moyen-Orient. Pour le moment, Washington continue à tirer parti de son aide aux forces armées libanaises, et cette relation a contribué à convaincre Beyrouth de rejeter les accords de sécurité passés avec la Russie. Mais Moscou comble progressivement les lacunes là où Washington est absent".
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