Après avoir vu sa proposition visant à sécuriser la région d'al-Tanf rejetée par Washington, la Russie a décidé de construire une base militaire près des installations américaines dans la région afin d'éliminer les terroristes de Daech et d'aider les réfugiés du camp d'al-Rukban, a annoncé Nezavissimaïa Gazeta.
Selon le journal russe, les différends entre la Russie et les États-Unis en Syrie se sont élargis et, outre les problèmes militaires, ont trouvé une dimension humanitaire et économique, ce qui constitue un obstacle pour la stabilisation de la situation à l'est de l'Euphrate et dans la région d’al-Tanf contrôlée par les États-Unis.
Cette annonce intervient alors que le ministre russe de la Défense a déclaré il y a quelques jours dans deux notes sur la Syrie, adressées à son homologue américain, James Mattis, que la base américaine d’al-Tanf entravait le retour des réfugiés syriens dans leur pays.
En effet, le ministère russe de la Défense a fait part de deux lettres portant sur la situation en Syrie, envoyées à Mattis par Choïgou et via l’attaché militaire de l’ambassade américaine à Moscou.
Ces deux lettres portent sur les problèmes du camp de réfugiés syriens d’al-Rukban. « La base américaine d’al-Tanf où sont présents les groupes terroristes constitue un obstacle au retour des déplacés syriens », a averti Choïgou.
Les responsables de Pentagone n’ont pas encore réagi aux lettres envoyées par Moscou, ce qui montre selon les autorités russes que « Washington n’est pas disposé à mener un dialogue argumenté avec Moscou ».
«Au bout de trois jours, aucune réaction, même formelle, du département américain de la Défense n'a suivi cette proposition du ministère russe de la Défense. Cela témoigne du fait que la partie américaine n'est pas disposée à mener un dialogue argumenté et professionnel avec la Russie dans l'intérêt des problèmes d'actualité liés à la sécurité régionale et mondiale», a déclaré le 15 décembre le porte-parole de la Défense russe Igor Konachenkov cité par Sputnik.
Dans ce droit fil, Sean Ryan, porte-parole de la coalition internationale dite anti-Daech dirigée par les États-Unis a déclaré que Daech constituait toujours une menace et que ses éléments se regroupaient, installant des dispositifs d'explosifs improvisés pour ralentir la progression des offensives des FDS, alliés des États-Unis sur le terrain. Il a ajouté qu’ils avaient toujours la capacité d'attaques coordonnées et que le combat n'était pas terminé.
En dépit des déclarations des chefs de la coalition américaine, le ministère russe de la Défense a estimé que les forces gouvernementales syriennes étaient capables de nettoyer en deux semaines toute la région de l’est de l’Euphrate du joug des terroristes. « Apparemment, cela n’est pas dans les intérêts des États-Unis, car s'ils sont vaincus, Washington n'aura plus le prétexte nécessaire à la justification de sa présence en Syrie », a ajouté la Défense russe.
Selon certains médias syriens, après le refus des États-Unis de répondre à la proposition de Moscou de sécuriser la région d’al-Tanf, le ministère russe de la Défense a commencé à construire et à équiper une base militaire à proximité de la région. Elle serait située dans le nord-est de la province de Homs, à 55 km de la base américaine. La base serait également équipée de systèmes de défense anti-aériens.