« Israël prétend que les projets qu’il entend mettre en application avec l’implication des pays arabes viseraient à neutraliser la “menace iranienne” », a-t-on appris d’un analyste renommé du monde arabe.
Le célèbre analyste du monde arabe et le rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, a écrit, le mercredi 7 novembre, un article à propos de la normalisation des relations entre Israël et les monarchies pétrolières ainsi que des projets via lesquels Tel-Aviv cherche à accaparer les ressources pétrolières des pays arabes.
« La normalisation prend une ampleur choquante ; le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu accueilli à bras ouverts à Mascate, la ministre israélienne du Sport et de la Culture Miri Regev en visite à la mosquée Sheikh Zayed, l’hymne d’Israël s’entendant à Doha lors des championnats du monde de gymnastique artistique 2018. Mais ces coups durs n’étaient pas les seuls que nous ayons eu à essuyer. Yisrael Katz, ministre israélien du Transport, a révélé le mardi 6 novembre, à la tribune d’une conférence internationale sur les transports à Mascate, un projet ferroviaire censé relier le port palestinien de Haïfa à la Jordanie et à l’Arabie saoudite, puis aux autres pays arabes du golfe Persique.
Yisrael Katz a déclaré que les pays arabes bénéficieraient des avantages politiques et économiques de la normalisation avec Israël. Nous sommes à peine sortis du choc de tous ces coups durs surprenants qu’on tombe sur un nouveau projet baptisé “train de paix” [“peace train” en anglais, NDLR] dont la simultanéité bien calculée avec l’entrée en vigueur du deuxième paquet de sanctions américaines contre l’Iran, porte-étendard d’une résistance anticolonialiste, reste signifiante. La chose la plus intéressante est que les Israéliens, qui sont largement en faveur de ce “train de paix”, tout en bénéficiant du soutien américain, tentent de suggérer que tout projet au sein du golfe Persique visait à “neutraliser le danger de l’Iran qui déstabilise la région”. Sous prétexte de vouloir aider les pays arabes à avoir accès à la Méditerranée via le port de Haïfa, les Israéliens cherchent en effet à mettre la main sur les ressources pétrolières des monarchies du golfe Persique. Autrement dit, les Israéliens préparent le terrain pour qu’ils puissent prendre en main la région ainsi que le commandement d’une “OTAN arabe sunnite”. Le projet du “train de paix” permet la liaison des capitales des pays qui devraient faire partie de cette “OTAN arabe sunnite”. Est-ce une coïncidence ? Pourquoi ces pays ont-ils besoin d’avoir accès à la Méditerranée alors qu’ils ont déjà un débouché sur le golfe Persique, la mer d’Arabie, la mer Rouge et le golfe d’Aqaba ? Même si ce besoin était réel, pourquoi cette liaison devrait-elle être assurée par le port de Haïfa et non pas par des ports arabes tels que les ports de Beyrouth, de Lattaquié et de Baniyas ? »
Abdel Bari Atwan a ajouté que l’Initiative de paix arabe avait fusionné avec le nouveau projet dit de « Deal du siècle » dont le compte à rebours pour la mise en application a déjà commencé.
« La partie du “Deal du siècle” qui concerne la normalisation est déjà entrée en vigueur, mais la principale partie, à savoir la formation d’un État palestinien avec pour capitale Qods, ne donne pas l’impression de vouloir se concrétiser », explique Abdel Bari Atwan.
L’analyste a ensuite regretté que la Jordanie serve de cheval de Troie pour l’accélération de ce plan de normalisation.
« La Jordanie fait partie de deux projets : le premier assure la liaison entre la mer Rouge, la mer Morte puis la Méditerranée et le deuxième consiste en ce que la Jordanie achète du gaz israélien pendant les 15 années à venir pour un montant de 15 milliards de dollars. Ce que ne comprennent pas les autorités jordaniennes est que ces projets, en cas de réalisation, leur coûteront leur identité et que la Jordanie ne sera plus jamais comme avant », a écrit le rédacteur en chef de Rai al-Youm.
Et d’ajouter : « Il ne s’agit pas d’un train de paix, mais d’un train de capitulation devant les projets d’Israël qui désire accaparer les ressources économiques et les richesses pétrolières des pays arabes et porter atteinte à leur identité nationale. En réalité, Israël entend impliquer les pays arabes dans des projets où ils n’auront qu’un rôle d’esclaves. »
Abdel Bari Atwan s’est ensuite adressé aux dirigeants arabes en disant : « Fêtez la présence d’une ministre raciste israélienne, Miri Regev, qui compare vos appels à la prière aux aboiements d’un chien ! Déroulez le tapis rouge pour Netanyahu et son ministre Ayoub Kara et faites jouer l’hymne d’Israël ! Apprenez à chanter et à danser et répétez, en liesse, les mots de l’hymne d’Israël à la suite des chanteurs israéliens ! Écoutez attentivement les explications de Yisrael Katz sur son train de normalisation et préparez-vous à monter dans le véhicule luxueux et parfumé qu’ils vous offriront ! Mais n’oubliez jamais que cette Oumma arabo-islamique n’est pas morte, qu’elle ne mourra jamais et que vous devrez rendre compte un jour pour ce que vous faites. »