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"Erdogan n'a pas osé aller trop loin dans ses révélations "

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan rencontre le roi saoudien Salman à Djeddah le 23 juillet 2017. ©EPA

Le meurtre de Jamal Khashoggi a été «planifié» des jours à l’avance, a déclaré mardi 23 octobre le président turc, Recep Tayyip Erdogan devant le Parlement. S'il a reconnu le caractère "prémédité" d'un assassinat "brutral", le président turc s'est mit tout de suite à se contredire. Il a affirmé avoir "confiance au roi Salmane" sans toutefois se montrer convaincu par la version saoudienne du meurtre. Pour de nombreux observateurs, alors que Riyad a proposé des concessions pétrolières à Ankara, le ton plutôt modéré du discours du président turc pourrait conclure à un début de compromis à moins qu'Erdogan veuille encore tirer davantage de profit de l'affaire Khashoggi. Certains analystes relève un discours à double sens qui pourrait servir Erdogan dans tout cas de figure. 

Recep Tayyip Erdogan avait promis en effet de révéler "toute la vérité" et "rien que la vérité" sur la mort de Khashoggi, disparu le 2 octobre dernier dans l’enceinte du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Mais au terme d’un discours devant les députés de son parti AKP qui ne cessait de l’ovationner, il n’a pas apporté enfin du compte que des éléments déjà connus du public. Et pourtant, l'allocution pleine de bienveillance à l'encontre du roi Salmane, aurait été de nature particulièrement nuisible à la personne de Ben Salmane (MBS).

Évitant d'accuser frontalement l'Arabie saoudite, Erdorgan s'est dit confiant dans le fait que le roi Salman d'Arabie saoudite, coopérerait avec la Turquie pour éclaircir l'affaire, ce qui selon les observateurs, a eu l'allure d'une menace larvée. « On ne veut accuser personne sans preuve », a insisté Erdogan avec malice avant de revenir à la charge et de brandir la menace: « Nous voulons attendre les résultats ». 

S'il est vrai que l’assassinat de Khashoggi fait l’objet d’un « méga deal » entre le président américain Donald Trump et les autorités saoudiennes, il est aussi vrai que le président turc a lui aussi un sens très vif des affaires. Dans son discours, le chef de l’État turc a exigé que les 18 personnes arrêtées en lien avec l’affaire Khashoggi en Arabie saoudite, soient extradées en Turquie pour y être jugées. Erdogan tente de la sorte de tuer le temps et d’arracher des concessions supplémentaires aux autorités saoudiennes dont et entre autres " l’allègement des sanctions imposées par l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes, au Qatar". Cette hypothèse a été d'ailleurs reprise par le journal qatari Al-Sharq dont le rédacteur en chef, Sadeq Mohammed al-Ami a écrit sur son Twitter : « Khaled Fayçal, l'Émir de La Mecque, a proposé à Erdogan une aide financière et la fin du blocus imposé au Qatar en contrepartie de la fermeture du dossier Khashoggi ».

Le journal confirme le "hayer " du président turc à tout forme de deal mais jusqu'où résistera Erdogan? 

 

Pour de nombreux commentateurs, Erdogan s'est davantage adressé aux États-Unis qu'à l'Arabie saoudite. Que MBS finisse par tomber, cela ne pourrait que profiter aux intérêts d'Ankara. Après tout, un roi "proche des Frères musulmans" pourrait mieux confirmer la position de la Turquie dans la région après plus de 7 ans guerre syrienne qui a largement nui à l'image de la Turquie. Mais MBS pourrait rester. C'est pourquoi le discours d’Erdogan a été dans sa totalité une confirmation du scénario avancé par le président américain selon lequel Khashoggi pourrait avoir été tué par des « éléments incontrôlables ». Erdogan a évité d’accuser directement Ben Salmane en tant que commanditaire de l’assassinat, tout en essayant de punir l’Arabie saoudite pour son implication dans le coup d’État du juillet 2016 contre le gouvernement Erdogan. Il a également tenté de ne pas vexer les États-Unis après la punition de leur partenaire stratégique qu’est l’Arabie saoudite, tout en attestant qu’ici aussi, il existe le « bon » et le « meilleur » terroriste.  

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV