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Paris saura-t-il se faire pardonner?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les premières troupes françaises partent pour le nord de la Syrie. ©AFP/Illustration

Le président français Emmanuel Macron est maintenant convaincu de l’échec de l’axe politique à laquelle adhérait la France dans son approche envers la Syrie, estime un expert français des questions moyen-orientales.

Dans une interview accordée à un site web affilié au Parti Baath de la Syrie, Antoine Charpentier, expert du Moyen-Orient, se penche sur la politique syrienne de l’Élysée.

« Il n’y a pas très longtemps, le président Macron a désigné un envoyé spécial pour la Syrie », rappelle Antoine Charpentier pour qui Macron cherche par divers moyens de favoriser un retour de la France en Syrie.

La désignation du représentant spécial et l’envoi d’aides humanitaires par l’intermédiaire de Moscou vers la Ghouta orientale de Damas s’inscrivent dans le cadre du même objectif, selon l’expert français du Moyen-Orient.

Cela éveille selon lui des questions comme : « Mais où va-t-il s’installer cet envoyé spécial ; en Syrie ou dans un pays voisin ? Ou encore, est-il censé être directement en contact avec le gouvernement syrien, où il utilisera des voies indirectes pour le faire ? »

Mais depuis qu’il a été désigné envoyé du président Macron pour la Syrie, ce dernier ne s’est pas, même une seule fois, exprimé sur sa mission comme l’a judicieusement rappelé Antoine Charpentier.

En fait, la France cherche par divers moyens à réussir son retour sur la donne syrienne ; mais tant que la France ne s’excusera pas pour ses erreurs du passé envers la Syrie, Damas refusera d’établir des relations diplomatiques avec Paris, précise l’expert.

« Une fois convaincu que l’axe politique à laquelle elle adhère a perdu la guerre en Syrie et dans un sens plus général, au Moyen-Orient, la France a cherché à s’imposer de nouveau sur la donne syrienne et à se réserver une part dans la reconstruction de la Syrie », affirme Antoine Charpentier.

Autrement dit, la France tente d’obtenir par le biais du commerce et de l’économie ce qu’elle n’a pas réussi à obtenir par la guerre et la politique ; « mais la Syrie et la Russie n’accepteront pas que la France prenne part à la reconstruction de la Syrie », souligne Antoine Charpentier.

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Il rappelle par la suite que le Premier ministre libanais Saad Hariri a eu beau essayer de jouer le médiateur entre la Russie et la France au sujet du processus de reconstruction en Syrie. « Hariri n’a pas réussi à mener à bien son rôle, après qu’il eut été pris en otage en Arabie saoudite ».

Nombreux sont les hommes d’affaires libanais qui convoitent une part dans la reconstruction de la Syrie ; parmi lesquels constate-t-on aussi des personnes opposées au gouvernement syrien. « Les Européens aussi se montrent enclins à se tourner vers la Chine, la Russie et d’autres pays que les États-Unis et leurs alliés », ajoute l’analyste.

Faisant allusion aux efforts des pays européens pour sortir du giron de Washington, l’expert français du Moyen-Orient ajoute :

« Rappelons que l’aide humanitaire française a eu lieu après le sommet Trump-Poutine à Helsinki. Si le président américain était à même de faire face à son homologue russe, il n’y aurait pas eu besoin de recourir à ces aides pour transmettre le message politique de Paris à Damas. Et la Russie a plutôt salué cette initiative de l’Élysée, puisqu’elle cherche à attirer les Français vers son camp. »

D’après cet analyste français, « sous cet angle, la désignation par l’Élysée d’un représentant spécial pour la Syrie deviendrait plus compréhensible ;  le message que la France souhaite transmettre à la Syrie est un message politique ayant des visées économiques ».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV