Le système de défense antimissile américain Patriot a été inefficace en Arabie saoudite et n’a pas servi ses objectifs militaires dans la région.
The New York Times passe en revue une histoire officielle qui a été relayée par les médias et met la lumière sur le revers des faits: novembre dernier, les forces saoudiennes ont abattu un missile balistique tiré par Ansarallah du Yémen à Riyad, la capitale de l'Arabie saoudite. C'était une victoire pour les Saoudiens et pour les États-Unis, qui ont fourni le système de défense antimissile Patriot.
"Notre système a détruit le missile dans l’air", a déclaré le président Trump le lendemain en route vers le Japon, l'un des 14 pays qui utilisent le système. "C'est comme ça que nous sommes bons. Personne ne fait ce que nous faisons, et maintenant nous le vendons partout dans le monde."
Mais une analyse des photos et des vidéos publiées montre que les choses ne se sont pas passées comme on voudrait le suggérer.
Les preuves analysées par un groupe d'experts en missiles semblent montrer que le missile a volé sans entrave sur les défenses saoudiennes et a presque atteint sa cible, l'aéroport de Riyad. Le missile a explosé si près du terminal domestique de sorte que les passagers ont subi un choc brutal.
Le service de l’aéronautique civil saoudien a prétendu sur Twitter que le missile avait atterri près de l’aéroport du roi Khaled à Riyad, sans faire de victime et sans avoir perturbé le programme des vols.
De son côté, le général Turki al-Maleki, porte-parole de la coalition militaire saoudienne, avait déclaré le même jour qu’un missile tiré depuis le Yémen vers Riyad se dirigeait vers les zones résidentielles quand il a été intercepté par le système de défense américain Patriot.
Malgré ces informations contradictoires, la plupart des experts militaires s’accordaient pour dire que l’efficacité du système de défense antimissile Patriot était douteuse et que l’ogive du missile avait touché l’aéroport et explosé.
Les autorités saoudiennes se sont abstenues de réagir, mais certaines autorités américaines pensent que les gouvernements américain et saoudien ont menti pour mieux dissimuler l’inefficacité du système Patriot et étouffer dans l’œuf la force et les capacités de l’armée du Yémen.
« Soit les États mentent effrontément, soit ils reçoivent de fausses informations. Dans tous les deux cas, ce n’est pas dans l’intérêt des États-Unis, car le système Patriot est américain », a déclaré au New York Times Jeffrey Lewis, de l'Institut Middlebury des études stratégiques.
Faisant allusion au tir du missile Borkan 2-H, la version avancée du missile russe Scud, par le Yémen, il a affirmé que l’engin avait parcouru 600 km et atteint sa cible. Le Conseil de sécurité de l’ONU avait même communiqué à Reuters que le tir avait été effectué avec succès, confirmant ainsi l’échec du système de défense antimissile des États-Unis.
Pourtant, l’administration américaine et les pays qui l’ont acheté, ne cessent de vanter la précision du Patriot.
À titre d’exemple, dans la première guerre du golfe Persique en Irak, les Américains ont prétendu que le Patriot avait été efficace contre les missiles Scud, mais les rapports publiés faisaient état d’une autre réalité.
Au moment même où les Saoudiens tiraient des missiles antibalistiques, des débris sont tombés dans le centre-ville de Riyad. Une vidéo postée sur les médias sociaux montre des débris qui ont échoué dans un parking à côté de l'école Ibn Khaldoun. D'autres vidéos montrent des débris du missile tombés dans une zone le long d'une autoroute.
Les responsables saoudiens ont indiqué que les débris, qui semblent appartenir à un Borkan-2 abattu, prouvaient un tir réussi. Mais une analyse des débris a montré que les composants de l'ogive - la partie du missile qui porte les explosifs - manquaient. Ce qui voulait signifier une chose importante aux analystes: le missile aurait peut-être échappé aux défenses saoudiennes.