Les États-Unis viennent de bombarder le convoi qui transportait les terroristes de Daech depuis le Qalamoun occidental dans le sud de la Syrie à Deir ez-Zor, ville occupée par les terroristes depuis 2014. Alors que le processus d’évacuation des terroristes en décembre 2016 à Alep avait reçu le feu vert plein et entier des Américains, nous sommes enclins à nous demander : pourquoi un tel blocage ? La trêve conclue entre l’armée syrienne et le Hezbollah d’une part et Daech de l’autre dans le Qalamoun, qui s’est soldée par le départ des terroristes dans l’est de la Syrie, embarrasse-t-elle à ce point les Américains ? Et si oui, pourquoi ?
Dans un article publié dans le journal libanais Al-Bana, l’analyste des questions stratégiques de la région Nasser Kandil a fait allusion à la campagne d’intoxication d’envergure lancée par les courants liés à l’Occident contre le Hezbollah libanais.
« Cette campagne a pour objectif de minimiser les répercussions de la victoire de la guerre d’Ersal, qui a infligé un coup dur aux terroristes, mais surtout à leurs commanditaires américains et israéliens. En effet, la libération de Mossoul et de Raqqa, suivant le projet américain, devait se solder par un retrait des takfiristes, mais ce retrait aurait dû se faire par des trajets bien précis.
Le retrait des terroristes de Mossoul aurait dû se faire de manière à ce que l’ouest et le sud de cette ville restent ouverts : ainsi les terroristes auraient pu circuler depuis l’ouest en direction de la Syrie et par la porte du sud vers la province d’al-Anbar, où les Américains détiennent de nombreuses bases militaires. Idem pour Raqqa. Il était prévu en effet d’ouvrir l’est de Raqqa vers Deir ez-Zor et le sud de cette ville vers le désert de Syrie. Suivant le plan US, les terroristes auraient pu de la sorte préserver la possibilité de circuler librement entre la Syrie et l’Irak et mener encore pour longtemps la vie dure aux forces syriennes et irakiennes. Or les Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire), l’armée syrienne et le Hezbollah libanais, appuyés par l’Iran et la Russie, ont fait capoter ce plan. »
Mais pourquoi le Hezbollah a-t-il décidé de concert avec les armées syrienne et libanaise d’éloigner les terroristes de Daech, en les expulsant vers Deir ez-Zor ?
Et Kandil de répondre :
« La décision de transférer les terroristes de Daech et du Front Nosra dans une zone close est en réalité un plan pour en finir avec ces terroristes en les plaçant sous contrôle. Or, la question qui se pose c’est de savoir pourquoi les Américains sont si en colère et pourquoi les courants liés aux États-Unis critiquent si vivement le Hezbollah ? Si on se focalise sur leur discours, on y trouve un seul point de convergence : la région d’Abou Kamal.
Les Américains ont été surpris de voir que la Résistance a l’intention de transférer les terroristes dans la ville syrienne d’Abou Kamal. Car le contenu des négociations et la zone où les terroristes devaient être évacués étaient censés rester confidentiels. Les Américains s’attendaient à ce que les daechistes soient transférés à Deir ez-Zor, mais finalement c’est vers Abou Kamal que les convois font route.
Que Deir ez-Zor soit la dernière station des terroristes, les Américains n’y voient aucune objection. Après tout, ils ont tout fait pour que le prochain front de combat entre la Résistance et les terroristes soient cette ville. Mais que les terroristes de Daech parviennent à Abou Kamal, quitte à contrer la conquête de cette ville par les Kurdes et d’autres mercenaires des États-Unis, il y a là une perspective que ne tolèrent pas les Américains. Le Pentagone a tout fait pour que leurs "mercenaires" arrivent à s’emparer d’Abou Kamal avant que l’armée irakienne et les Hachd al-Chaabi n’atteignent la localité d’al-Qaïm en Irak. Une localité qui se trouve à quelques kilomètres d’Abou Kamal. Si cette perspective se réalise, l’un des vœux les plus chers des Américains sera exaucé, à savoir avoir une emprise totale sur les frontières syro-irakiennes. Le départ de centaines de Daechistes à destination d’Abou Kamal est un coup de théâtre qui pourrait changer littéralement la donne. Car la présence de Daech à Abou Kamal ralentirait l’avancée des Kurdes de Syrie et des forces tribales sur lesquels les Américains comptent pour conquérir la frontière. Cet état de fait va permettre à l’armée syrienne et au Hezbollah de s’emparer d’Abou Kamal et partant de la frontière syro-irakienne. »