Un rapport confidentiel élaboré par un panel d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU et publié récemment par le magazine américain Foreign Policy révèle l’échec retentissant de la coalition dirigée par Riyad au Yémen.
Selon ce rapport, après deux ans et demi, l’Arabie saoudite et ses alliés, équipés d’avions américains et britanniques, ont poursuivi l’une des campagnes aériennes les plus dures contre l’un des pays les plus pauvres du monde et en dépit de sa supériorité militaire, cette coalition est bien loin aujourd’hui de la victoire escomptée.
Le rapport confidentiel prévient par ailleurs que cette guerre acharnée a favorisé une fragmentation politique au Yémen en engendrant une crise humanitaire ayant mené le pays aux bords de la famine.
Depuis mars 2015, la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite a attaqué le Yémen pour ramener au pouvoir le président démissionnaire Mansour Hadi et affaiblir le mouvement populaire Ansarallah. Plus de 12 000 Yéménites, pour la plupart des civils, ont été tués et des milliers d’autres blessés. Les infrastructures du pays sont réduites à un tas de ruines et des millions de citoyens ont été déplacés.
Sur les 27 millions d’habitants que compte le Yémen, deux tiers sont en état de malnutrition avancée, 7 millions sont menacés par la famine et 16 millions n’ont pas accès à l’eau potable. Et, comme si ces malédictions ne suffisaient pas, une épidémie de choléra a tué, depuis avril dernier, plus de 2 000 personnes et 200 000 nouveaux cas se sont déclarés depuis juillet.
Jamais le nom de l’Arabie saoudite n’a été prononcé. Mais tout le monde sait que seule la coalition militaire dirigée par Riyad contrôle les airs et la mer.
En effet, l’Arabie saoudite est la première responsable de l’épidémie de choléra au Yémen, son armée ayant détruit la quasi-totalité des hôpitaux dans le pays et rendu l’accès à l’eau potable difficile pour la population, selon une enquête de la revue médicale britannique Lancet.
Selon cette enquête, l’épidémie s’est déclarée et continue de sévir au Yémen à cause de l’Arabie saoudite et de ses alliés, et indirectement par la faute des États-Unis et de la Grande-Bretagne qui livrent les armes aux pays arabes.
Jonathan Kennedy de la Queen Mary University de Londres, en accusant Washington et Londres de vendre à Riyad une énorme quantité de matériel militaire et d’armements, a affirmé que les États-Unis, tout comme la Grande-Bretagne, ont joué un rôle clé dans la création de conditions favorables à la dissémination du choléra.
Said Zulficar, analyste politique, et Arnaud Develay, juriste international, s’expriment sur ce sujet.