Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du journal Rai al-Youm publié à Londres, a écrit que la victoire de Mossoul coïncidait avec le 11e anniversaire de la victoire du Hezbollah libanais sur le régime d’Israël en 2006 et que ces deux événements pérennisaient les victoires de l’axe iranien dans la région.
« Le secrétaire général du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah, a félicité les Irakiens pour la libération de la ville de Mossoul et loué la victoire de l’armée irakienne face à Daech, qu’il a qualifiée de grandiose.
“Les commandants irakiens de confession sunnite ont eu un rôle notable dans la guerre contre Daech. Si l’axe du mal a pu être contré en Irak, c’est grâce à la position courageuse des oulémas sunnites”, a-t-il déclaré.
Les victoires de l’axe iranien en Irak, en Syrie et au Liban surviennent alors que l’axe saoudien régresse et que ses plans ont plongé l’Arabie saoudite dans des crises et des conflits régionaux interminables. L’axe iranien est de jour en jour renforcé alors que l’axe adverse a perdu de son unité et essuyé de nombreux échecs sur les fronts en Syrie, en Irak et au Yémen.
Un des facteurs de la victoire de l’axe iranien a été de s’en remettre à la légitimité de la Résistance face au régime israélien. Par contre, l’axe saoudien a privilégié la normalisation de ses relations avec le régime de Tel-Aviv. C’est leur plus grande différence.
Hassan Nasrallah a raison de louer le rôle des leaders sunnites en Irak, c’est un geste intelligent qui pourrait neutraliser les efforts d’embrasement des conflits interethniques, entre sunnites et chiites, une surchauffe qui mènerait à la formation de nouveaux groupes rebelles et à une nouvelle guerre en Irak, suite à la désagrégation de Daech.
L’Iran a réussi à former des coalitions paramilitaires. Nous en voyons un exemple en Irak avec les Unités de mobilisation populaire, les Hachd al-Chaabi, qui ont joué un rôle important dans l’extermination de Daech.
Les États-Unis ont mené une guerre en Irak pour y construire fièrement un “Nouvel Irak” sur les ruines de l’ancien régime baathiste. Mais avec la victoire de Mossoul, on se retrouve face à un “Nouvel Irak” encore plus inédit grâce à l’axe Iran-Syrie.
Certains tentent de minimiser l’importance de la libération de la vieille ville, selon Nasrallah. Nous voudrions qu’il fasse allusion dans ses discours à la peur des Irakiens et des nations arabes, la peur de voir l’Irak glisser dans le bourbier de la guerre interethnique.
Étant donné les évolutions rapides en Syrie, le rôle déterminant de la Russie et le caractère erroné des hypothèses avancées ces six dernières années au sujet de la chute du gouvernement de Bachar al-Assad, les pays arabes de la région cherchent à restructurer leur plan géographique et politique.
Les soi-disant “années dorées”, pendant lesquelles c’étaient les richesses qui gouvernaient la région du golfe Persique, sont révolues, non seulement en raison de la chute des cours du pétrole et de la dilapidation d’une grande partie des réserves financières, mais aussi à cause des plans américains qui consistaient à grever la région par l’instabilité et à accuser l’Arabie, le Qatar et les EAU de soutenir le terrorisme. 15 chefs d’accusation dans les attentats du 11 septembre 2001 ont été retenus contre ces trois pays et remis aux tribunaux américains. Les indemnités qui doivent être versées aux familles des victimes s’évaluent à plusieurs billions de dollars.
Nous sommes persuadés que la plupart des guerres actuelles visent à dépecer le Moyen-Orient au profit d’Israël. Mais les changements survenus dans l’équilibre du pouvoir ne profitent pas à ce régime ; au contraire, ils le menacent. Ce que redoute le plus Tel-Aviv, c’est que les forces alliées de l’Iran atteignent les frontières du sud de la Syrie.
La région du Moyen-Orient est en passe de changer. De ce fait, si la domination des États-Unis sur la région ne se réduit pas, la balance des pouvoirs penchera en faveur de l’axe victorieux sur les champs de bataille. »