Le journaliste italien, Manlio Dinucci, revient dans un récent article sur la visite du 6 juillet du président US, Donald Trump en Pologne, une visite marquée par la « souveraineté américaine sur les trois mers européennes ».
La Pologne, un « fidèle allié de l’OTAN et un des plus proches amis des États-Unis », est destinée à être le fer de lance de la stratégie USA/OTAN qui a entraîné l’Europe dans une nouvelle guerre froide contre la Russie. En Pologne, où a été transférée en janvier la 3e Brigade blindée USA, un des quatre groupes de bataille de l’OTAN ».
Le projet américain dit que l’« Initiative des Trois mers » réunit 12 pays compris en mer Baltique, Mer Noire et Adriatique à savoir Pologne, Lituanie, Lettonie, Estonie, Hongrie, Tchéquie, Autriche, Bulgarie, Roumanie, Croatie, Slovaquie et Slovénie. Tous membres de l’UE, raison pour laquelle le président polonais définit l’Initiative comme « un nouveau concept pour promouvoir l’unité européenne ».
Mais ces pays sont en même temps, tous sauf l’Autriche, membres de l’OTAN sous le commandement des USA, plus liés à Washington qu’à Bruxelles.
Dans son discours à la Conférence des Trois mers, le président Trump « s’est concentré sur le développement des infrastructures et sur la sécurité énergétique, en mettant en évidence notamment les premières expéditions de LNG (gaz naturel liquéfié) américaine à la Pologne rapidement dans le mois qui vient ». Un terminal dans le port baltique de Swinoujscie, qui a coûté environ un milliard de dollars, permettra à la Pologne d’importer du Lng étasunien pour une quantité de l’ordre de 5 milliards de mètres cubes annuels, expansibles à 7,5. Par ce terminal et quelques autres, dont un programmé en Croatie, le gaz provenant des USA, ou d’autres pays par l’intermédiaire de compagnies US sera distribué par des gazoducs ad hoc à toute la « région des Trois mers ».
Mais quel est l’objectif du plan ? Selon le journaliste, le plan des « Trois mers » consiste à frapper la Russie en faisant tomber son exportation de gaz vers l’Europe, à lier encore plus l’Europe centrale et orientale aux USA non seulement militairement, mais économiquement, dans une concurrence avec l’Allemagne et d’autres puissances européennes, à créer à l’intérieur de l’Europe une macro-région (celle des Trois mers) à souveraineté limitée, directement sous influence américaine, qui casserait, de fait, l’Union européenne et s’élargirait à l’Ukraine et au-delà.
En ce sens, la poignée de main Trump/Poutine en Allemagne dans le cadre du sommet du G20 ne peut déclencher, comme l’a dit le président US, un réel processus de dégel, la concurrence russo-américaine étant profonde, féroce et intense.
