Les tensions qui viennent d'être déclenchées depuis quelques jours entre les États européens et la Maison-Blanche menacent plus que jamais les relations transatlantiques de l'Union européenne.
Les propos très durs du chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel, les doutes qu'a exprimés la chancelière allemande Angela Merkel quant à la pertinence de l'alignement européen sur les États-Unis et finalement son appel destiné aux Européens de "prendre leur destin entre leurs propres mains", prouvent que la nouvelle administration américaine menace l'Union européenne.
Le lundi 29 mai, le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a souligné que les politiques de Donald Trump avaient affaibli l'Occident.
Il a ajouté que les politiques à court terme de Trump contredisaient les intérêts de l'Union européenne.
"L'Occident s'est affaibli", a-t-il regretté.
Sigmar Gabriel a critiqué le refus du président américain de soutenir les principes de la défense collective de l'OTAN ainsi que l'accord de Paris sur le changement climatique lors du sommet du G7 et de celui de l'OTAN.
"Quiconque accélérant le rythme du changement climatique en affaiblissant la protection de l'environnement, vend des armes aux pays étant à l'origine des conflits et refuse de trouver une solution politique aux conflits interconfessionnels et intercommunautaires représente certainement un risque sérieux pour la sécurité des pays occidentaux", a déclaré M. Gabriel.
Le ministre allemand des Affaires étrangères a ensuite regretté l'attitude de Donald Trump quant à la crise migratoire, au réchauffement climatique et à la guerre.
À la veille de ces déclarations anti-Trump sans précédent, la chancelière allemande Angela Merkel s'était exprimée sur la pertinence de l'alignement européen avec Washington avec beaucoup de doutes.
En outre, le chef du groupe parlementaire social-démocrate au Bundestag, Thomas Oppermann a mis en garde, le 28 mai, contre toute coopération sur le plan du renseignement avec les États-Unis.
Interviewé par le journal allemand Der Westen, Thomas Oppermann a déclaré: "J'ai l'impression que Donald Trump et ses collègues parlent trop. Alors, c'est dangereux de se livrer à une coopération sécuritaire et un partage de données avec une telle administration. C'est dangereux et nuisible plutôt que bénéfique".
La semaine dernière, des médias américains ont révélé que Donald Trump avait laissé fuir, des informations hautement confidentielles, lors de ses récents entretiens avec les responsables russes à Washington.
Dans la conjoncture où le torchon brûle entre l'Union européenne et les États-Unis, la Chine montre des signes de son grand intérêt de sceller une alliance avec les Européens, manière de montrer les dents au nouveau locataire de la Maison-Blanche.
Entre autres, la Chine et l'Allemagne ont rappelé, jeudi 1er juin, leur engagement aux efforts destinés à freiner le changement climatique.
Cela s'ajoute à la décision du Premier ministre chinois Li Keqiang de choisir l'Allemagne en tant que la première destination de sa tournée européenne.
Au moment où Donald Trump déstabilise les règles du jeu mondiales, l'Allemagne et la Chine semblent vouloir faire cause commune sur les plans du libre-échange ou de l'environnement.
C'est dans ce contexte que la chancelière allemande a accueilli, jeudi 1er juin à Berlin, le Premier ministre chinois.
« Nous vivons à une époque d'incertitudes mondiales et nous considérons qu'il est de notre responsabilité de (...) nous engager en faveur d'un ordre mondial basé sur les règles », a déclaré Angela Merkel, citée par Les Échos.
Pour le rappel, le président chinois Xi Jinping avait mis en garde, lors du forum de Davos, le président des États-Unis contre ses politiques ultras- protectionnistes, disant que la mondialisation et le libre-échange constituaient des processus irréversibles.
Pendant les dernières années, les relations politiques et économiques entre Pékin et Berlin ont connu une croissance considérable si bien que l'Allemagne a reconnu voir en Chine un important partenaire stratégique.
À peine quelques heures après le retrait des États-Unis de l’accord sur le climat, Pékin s'est dit d’ores et déjà prêt à prendre l’initiative sur divers plans, particulièrement le climat.
À travers une déclaration commune, la France, l'Allemagne et l'Italie ont rejoint, jeudi 1er juin, un tollé international qu'a suscité le retrait des États-Unis de l'accord de Paris. Ces trois pays ont déclaré qu'ils croyaient fermement que l'accord de Paris ne devrait pas faire l'objet de nouvelles négociations.