Le conseiller du Premier ministre syrien fait des révélations sur ce qui s’est passé à Khan Cheikhoun à Idlib.
Abdelkader Azouz a rendu publics des documents qui prouvent l’implication des terroristes takfiristes et de leurs sponsors dans l’incident chimique qui s’est produit dans la banlieue d’Idlib.
« Les évolutions sur le terrain militaire sont telles que l’armée syrienne n’a nullement besoin de recourir à l’arme chimique. D’autant plus que notre respect envers l’accord sur le désarmement chimique de 2014 a été maintes fois vérifié », a souligné le responsable syrien.
Il a ajouté :
« Le gouvernement a mis il y a quelques jours des documents probants à la disposition de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Ces documents prouvent l’implication turque dans le transport du gaz moutarde et d’autres substances toxiques à bord d’un convoi de 12 camions depuis la Turquie vers la Syrie. D’après ces preuves, le renseignement turc était parfaitement au courant de ce trafic. La substance toxique, une fois arrivée à Idlib, a été déposée dans des bonbonnes de gaz. Le gouvernement syrien avait déjà mis en garde l’OIAC et la communauté internationale contre ce trafic qu’il avait déjà jugé suspect, car cela relevait de la responsabilité de Damas d’informer le monde des risques qu’un tel trafic faisait encourir à la paix et à la sécurité internationales. »
Azouz a évoqué ensuite le rapport du janvier 2015 de l’OIAC, dans lequel l’organisation reconnaît très clairement l’usage du gaz chloré par les terroristes en avril et en août 2014. « Ce rapport ne dévoilait pas l’identité des auteurs, mais les documents que nous venons de présenter à l’OIAC révèlent bien leur identité », a-t-il expliqué. Azouz a relevé l’anomalie consistant à vouloir accuser Damas avant qu’une enquête n’ait été menée sur cette affaire. « Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni se posent à la fois comme juge et partie et ils condamnent Damas pour un acte qu’aucune preuve ne vient accréditer. Cela étant dit, cette manière d’agir ne nous étonne pas, puisque cela entre dans la ligne de conduite habituelle de l’Occident : faire de la surenchère médiatique pour parvenir aux objectifs non atteints sur le champ de bataille. »
Ces révélations se trouvent paradoxalement confirmées par des milieux fiables en Turquie. Outre certains milieux politiques opposés au gouvernement d’Erdogan, des universitaires mettent en garde contre un énième « complot » qu’Erdogan et son équipe semblent avoir fomenté pour « faire échec aux pourparlers syro-syriens de Genève » tout en « échappant à leurs engagements pris envers la Russie ».
« Chaque fois que les terroristes se sentent au bout du rouleau, ils ont recours aux armes chimiques », a estimé Emre Kongar, sociologue turc. « Les pays impérialistes et leurs alliés régionaux n’ont aucun mal à fournir des armes aux terroristes. Selon des informations avérées, c’est la Turquie qui aurait fourni le gaz sarin aux terroristes d’al-Nosra basés à Idlib et le convoi a quitté la Turquie en direction de la Syrie. Cela fait six ans que la Turquie s’est transformée en une base pour Daech et al-Nosra, six ans que le gouvernement d’Erdogan vend le pétrole de contrebande syrien et prétend dans le même temps combattre le terrorisme », a dit le sociologue.
Mercredi, Erdogan a accusé Assad « d’avoir gazé la population d’Idlib » et son ministre des Affaires étrangères a envoyé deux notes de protestation séparées aux ambassades russe et iranienne à Ankara.
Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a rappelé jeudi matin la responsabilité de la Russie et de l’Iran dans ce qu’il a qualifié de « tentative destinée à mettre un terme à la violation de la trêve ».
Des analystes qui suivent de près le comportement d’Erdogan depuis le début de la guerre en Syrie n’écartent pas un possible « coup fourré » de sa part pour mettre fin « définitivement à toute coopération avec la Russie ».