The Huffington Post fait publier un article où il qualifie les menaces et les initiatives "déplacées" de la nouvelle administration US de " très dangereuses pour la position régionale de Washington". Les États-Unis vont regretter leur attitude face à l'Iran, note le journal canadien.
Pour le quotidien," les menaces proférées par les États-Unis sont dangereuses et en même temps impossibles à réaliser". Le journal poursuit : " l'administration Trump ne laisse passer aucune occasion pour formuler des menaces irréfléchies contre l'Iran. S’il est vrai qu'il est difficile de comprendre le pourquoi de cette attitude, elle n'en constitue pas moins un tournant dangereux et non constructif. Le président américain et son conseiller pour la sécurité, Micheal Flynn ont menacé l'Iran d'action militaire, en lançant à ce pays " un avertissement officiel" et en répétant la fameuse formule " toutes les options sont sur la table" si l'Iran n'agit pas comme le souhaitent les États-Unis".
Selon toute vraisemblance, cette prise de position radicale répond à un récent test de missile iranien et à ses supposées ingérences dans les affaires intérieures des pays du Moyen-Orient, à son " soi-disant soutien au terrorisme" qui "aurait déstabilisé la région ". Or à titre d'État souverain, l'Iran a parfaitement le droit de tester ses capacités balistiques et de mener ses recherches. Aucune des clauses de l'accord nucléaire signé entre l'Iran et les 5+1 n'interdit à ce pays le développement de ses capacités balistiques. De surcroît, si les États-Unis veulent insister dans ce sens, ce serait sans le soutien de la Russie et la Chine.
De plus, les menaces anti-iraniennes de Trump relèvent de la pure hypocrisie car l'Arabie saoudite, l'un des plus proches alliés de Washington, s'est procuré en 1988 des missiles de moyenne portée auprès du fournisseur chinois, capables de transporter des ogives nucléaires. Plus tard, les Saoudiens ont encore acheté des missiles chinois plus sophistiqués. Or tout cet arsenal est ignoré par les États-Unis qui veulent interdire à l'Iran ses activités balistiques.
Tout le monde est au courant des relations qui existent entre l’Iran et le Hezbollah et le probable soutien iranien au Hamas. L’Iran appuie aussi une certaine présence en Syrie, en Irak, au Yémen et soutient la population de Bahreïn.
Mais les États-Unis taxent le Hezbollah de terrorisme, accusation que de nombreux pays arabes rejettent. Au Liban, en Irak et en Syrie, l’Iran maintient une présence mais il s’agit de pays voisins liés par des siècles de relations.
Cette question se pose alors : au nom de quel principe, les États-Unis, se permettent-ils de s’ingérer dans les affaires des pays musulmans du Moyen-Orient ?
L’Arabie saoudite ne cesse de menacer l’Iran et les États-Unis demandent aux Iraniens de rester les bras croisés et laisser faire Riyad.
À Bahreïn, la majorité chiite est réprimée pour un mouvement protestataire qui n’a jamais été violent. Les instances internationales ont dénoncé les crimes du régime de Manama que soutient Riyad, crimes qui dans certains cas ont été qualifiés de crimes contre l’humanité. Or Washington a affiché un silence de marbre face à Manama qu’il continue avec la Grande-Bretagne d’équiper d’armes et de munitions. Et comble de ridicule, c’est à l’Iran qu’il demande de cesser son soutien indirect aux chiites bahreïnis.
Au Yémen, l’Arabie saoudite continue ses bombardements sauvages sur les villes et villages, raids meurtriers que de nombreux pays ont dénoncés à part les États-Unis. Au contraire Washington a choisi de ravitailler les chasseurs saoudiens et d’apporter à la coalition criminelle pro Riyad un appui significatif. Et c’est l’Iran qu’il accuse de chercher à déstabiliser la région.
Hélas, les États-Unis ne brillent pas par leur bilan en termes de volet iranien de leur politique étrangère : Washington a renversé le gouvernement nationaliste de Mosadegh en 1953, il a soutenu Saddam avant, pendant et après la guerre contre l’Iran. C'est l’invasion américaine de l’Irak qui a favorisé l’émergence de Daech. Est-ce toutes ses "prouesses" que les États-Unis appellent soutien aux peuples du Moyen-Orient ?
La plupart des auteurs des attentats du 11 septembre étaient Saoudiens. Ben Laden, le chef d'al-Qaïda, l’était aussi. L’Arabie saoudite finance à travers le monde des écoles et des centres qui prêchent un islam wahhabite et qui enseignent à leurs élèves comment haïr le monde occidental.
Peut-on remettre en cause cette manière d’agir?
Aux yeux des Iraniens, les menaces du général Flynn ne répondent à aucune logique. Situés à 6 500 miles (10 000 kilomètres) du golfe Persique, les États-Unis détiennent des bases militaires tout autour de l’Iran à Bahreïn et au Qatar. En outre des milliers de soldats et des quantités d’armements américains sont déployés aux portes de l’Iran.
Le général Flynn n’est jamais entré en contact avec les spécialistes de l’Iran car si cela avait été le cas, il aurait su que les Iraniens sont de très bons joueurs qui connaissent bien les règles du jeu. Que peut donc faire l’Amérique pour faire fléchir l’Iran ? Bombarder le territoire iranien ? Pas une si bonne idée vu l’étendue du pays et l’arsenal militaire dont il dispose. Envahir le territoire iranien à renfort d’une armée composée d’au moins 500 000 soldats ? Pas possible non plus au regard de l’état lamentable de l’économie américaine. L’administration Trump hérite d’une dette de 20 trillions de dollars et dans ce contexte, il est presque impossible d’infliger aux caisses de l’État les frais d’une nouvelle action militaire contre un pays musulman. Surtout qu'il s'agit de l’Iran, le pays aux méfiances systématiques vis-à-vis de toute partie qui chercherait de près ou de loin à saper son indépendance .
Le coup de bluff du général Flynn ne restera pas sans réponse de la part des dirigeants iraniens et cette réponse fera regretter les États-Unis pour toute démarche inappropriée entreprise contre l’Iran.