L’armée nigériane a tué, à la mi-décembre 2015, 350 musulmans chiites, a enterré leurs corps dans des fosses communes puis a tenté d’effacer toute preuve de ce carnage. Telle est en tout cas l'accusation portée, vendredi 22 avril, par Amnesty International.
Les 12 et 13 décembre 2015, des affrontements ont éclaté à Zaria, dans l’Etat de Kaduna, dans le nord du pays. Cette localité est le fief du Mouvement islamique du Nigeria (IMN) qui rassemble des chiites partisans de la RII.
Dans un rapport intitulé " Révélons la vérité sur les assassinats et la dissimulation de masse à Zaria ", Amnesty International juge sans fondement les allégations de l’armée selon lesquelles les partisans de l’IMN auraient tenté d’assassiner le général, une accusation formellement démentie par le groupe chiite. Son chef, Ibrahim Zakzaky, et sa femme sont incarcérés à Zaria depuis les faits. Le leader chiite a perdu un œil lors des affrontements, dont il est ressorti partiellement paralysé.
Le rapport d’Amnesty pointe alors que les parties se renvoient la responsabilité des violences. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, l’armée a agi « illégalement » à Zaria en tirant« à l’aveugle » sur des civils désarmés. « La raison pour laquelle l’armée a lancé une telle opération militaire n’est pas claire dans une situation de simple maintien de l’ordre public », indique le rapport. L’armée, qui a souvent été accusée d’abus à l’encontre des civils dans sa lutte contre l’insurrection sunnite Boko Haram, maintient que ses troupes ont réagi à Zaria de manière appropriée.
« L’armée nigériane a brûlé vives plusieurs personnes, rasé des bâtiments et jeté les corps dans des fosses communes », décrit Amnesty International. La plupart des preuves ont été « méticuleusement détruites », poursuit le rapport, qui accuse les soldats de couvrir ce carnage en empêchant l’accès au site. « Les corps ont été emmenés, le site rasé, les gravats déblayés, les traces de sang nettoyées, les balles et les douilles ôtées des rues. »
La commission publique d'enquête au Nigeria a confirmé, lundi 1er août, le rapport d'Amnesty International et demande la poursuite et le jugement des auteurs de ce carnage.
Avec AFP