The Rand Corporation, think tank lié au Pentagone, vient de publier une analyse où il trace la perspective d'une Syrie démembrée sous la botte de Casques bleus composés "des forces spéciales américaines et des pays membres de l'OTAN".
Le rapport demande à ce que le processus de dislocation de la Syrie soit amorcé au plus vite entre le gouvernement syrien et ses opposants : "Il faudrait un appareil administratif décentralisé en présence des casques bleus de l'ONU, qui compteraient dans leurs rangs, outre les forces spéciales de l'ONU, celles issues d'autres pays de l'OTAN."
Selon le plan en question, l'ouest de la Syrie, qui englobe Damas, Lattaquié et Tartous (où est située la base navale russe, NDLR) restera sous la souveraineté de l'Etat syrien, tandis que les régions de l'est syrien, à savoir Deir ez-Zor et Homs, qui sont limitrophes de l'Irak, passeraient sous l'autorité d'une force onusienne de maintien de la paix. Ce plan de démembrement, The Rand Corporation l'appelle "plan de paix". Ce prétendu plan de paix vise à couper toute voie de communication reliant l'Iran au Liban via la Syrie, dans le strict objectif d'isoler le Hezbollah. Il va sans dire qu'un tel plan s'inscrit complètement dans le sens des intérêts du camp Israël/Etats-Unis.
En réalité, le maintien du statu quo au Moyen-Orient, où l'axe de la Résistance jouit désormais de larges capacités militaires, constitue un grand risque pour les Etats-Unis et leur protégé israélien. Depuis le début de la crise en Syrie en 2011, le régime israélien figure au nombre des principaux soutiens aux groupes takfiristes qui y sont actifs, surtout dans les régions du sud de la Syrie comme Deraa, Damas, Soueïda ou Quneitra. Cette aide parvient aux terroristes, souvent sous forme d'armements, de munitions, de vivres et de médicaments, voire d'hôpitaux de campagne qu'Israël a dressé à l'occasion et qui soignent les terroristes takfiristes d'al-Qaïda, de Daech ou encore de l'ASL.
Le plan de paix "américain" voit à travers toute la région de l'Asie de l'Ouest un arène où la Russie, l'Iran, la Syrie et le Hezbollah se voient opposer aux Etats-Unis, à Israël et à leurs alliés arabes et occidentaux. Il y a quelques jours, un groupe composé de 50 représentants du Congrès et anciens diplomates ont adressé une lettre à Obama qui critique les politiques de la Maison Blanche en Syrie et demande un changement de la ligne de conduite américaine dans ce dossier.
La lettre appelle directement à une intervention militaire américaine qui viserait les positions de l'armée syrienne et de ses alliés. Cette "proposition" n'est pas passée inaperçue à Moscou, qui a aussitôt envoyé son ministre de la Défense en Syrie, où l'intéressé s'est entretenu avec le Président Bachar al-Assad des voies susceptibles d'en finir une bonne fois pour toutes avec les terroristes takfiristes.
Le plan américain contient quatre points qui facilitent l'implosion de la Syrie, via la création d'autant de région fédérales dans le Nord à majorité kurde. D'où d'ailleurs la montée en puissance des paramilitaires kurdes à Hassaka, Raqqa et Alep. Le but consiste surtout à créer des localités fédérales, par exemple à Afrin ou dans la Djézireh. Les paramilitaires qui opèrent dans ces régions multiplient d'ailleurs leurs assauts contre les frontières turques. Le plan vise aussi à diviser la Syrie sur une base confessionnelle, raciale et ethnique, de sorte à créer des régions kurdes, sunnites, alaouites, arabes et kurdes.
The Rand Corporation revient ensuite sur la réunion tripartite Russie/Iran/Syrie et écrit : "Les Iraniens ont en effet averti les Russes quant aux objectifs recherchés par les Etats-Unis à travers les trêves consécutives que ces derniers proposent. Le triangle Russie/Iran/Syrie semble désormais prêt à contrer le "plan B américain" à Deir ez-Zor où Russes, Iraniens, Hezbollah et Syriens feront tout pour maintenir ouverte la route reliant l'Irak à la Syrie et au Liban."
Ces deux derniers jours, des sources bien informées font état d'une réactivation du front de combat Hezbollah/terroristes dans les provinces de Deir ez-Zor et de Raqqa. Les combattants du Hezbollah continuent de progresser vers les frontières communes syro-irakiennes pour s'emparer du point de passage al-Qa'im-Abou Kamal. Les sources diplomatiques le confirment : l'Iran et la Syrie accordent la priorité à la libération de Deir ez-Zor, depuis que Falloujah a été nettoyée de la présence des terroristes et que les forces irakiennes font marche vers Mossoul. Une fois Mossoul pris pour cible, Daech ira sans doute transférer ses troupes de Syrie en Irak, ce qui facilitera la libération de Deir-ez Zor. Le fait que plusieurs front soient ouverts contre Daech contribuera à affaiblir les terroristes.
Les leaders de la Résistance n'en doutent pas : l'ouverture de la voie reliant l'Irak au Liban via les provinces de Deir ez-Zor et Homs renforcera la position de Damas et, partant, celle du Hezbollah. Ce sera là aussi l'échec des efforts politiques et militaires des Etats-Unis pour provoquer un démembrement de la Syrie, et ce d'autant plus que la trêve décidée par Moscou et Washington n'est plus que l'ombre d'elle-même.
En ce sens, les semaines à venir verront l'épicentre des combats se déplacer à Deir ez-Zor et Raqqa.