La Russie s'est livrée à une reconfiguration de ses forces en Syrie en y déployant de nouveaux avions et armes de pointe. Un nouvel hélicoptère d’attaque Mi-28NM et de nouveaux avions de combat Su-25 viennent d'être déployés sur la base aérienne russe de Hmeimim à Lattaquié. Il y a peu, les Soukhoï syriens et russes se sont livrés à de violentes frappes contre les positions des terroristes qaidistes à Hama ainsi que dans la banlieue d'Idlib, frappes qui ont visé des stocks et des convois d'armes contenant des pièces de drones kamikazes et de combat. Damas et ses alliés semblent anticiper une nouvelle vague d'assaut terroriste contre les sites sensibles du nord syrien.
Pour la première fois depuis 2017, les terroristes qaidistes retranchés à Idlib et soutenus par la Turquie ont attaqué la ville de Slinfah dans la campagne nord du gouvernorat de Lattaquié. Selon un communiqué militaire depuis Slinfah, plusieurs projectiles ont été tirés vers la ville tôt dimanche 24 mars. Le communiqué militaire ajoute que les missiles se sont abattus sur les champs et les fermes de la ville sans faire de victime. Mais c'est suffisant pour que le QG syro-russe veille à la graine.
La dernière attaque des terroristes contre Slinfah datait de 2017, lorsqu'ils ont utilisé des drones armés pour bombarder la ville et cela pour le compte du régime israélien, affirme Al-Masdar News qui évoque dans la foulée les raids israéliens du septembre 2018 contre les cibles russes et syriennes à Lattaquié. Ces raids ont été effectués à l'époque en soutien aux attaques aux drones terroristes dirigées contre Hmeimim et les positions syriennes.
Le gouvernorat de Lattaquié occupe une place de choix dans la stratégie de guerre anti-russe des Américains et d'Israël dans la mesure où il abrite la base aérienne russe de Hmeimim laquelle a été à des dizaines de reprises attaquées par des drones armés entre 2017 et 2018. Le 17 septembre 2018, l'Il-20 de l’aviation russe a été abattu, à une trentaine de km des côtes syriennes alors qu’il retournait vers la base russe de Hmeimim, quelques minutes après une attaque aérienne menée par quatre chasseurs israéliens F-16.
En effet, les avions de combat israéliens ont transgressé l’espace aérien de la province de Lattaquié et lors de cette agression, les appareils F-16 de l’armée israélienne se sont abrités derrière un II-20 russe, lorsque les systèmes de défense aérienne syrienne ont ouvert le feu vers les appareils israéliens. Cela a abouti au crash de l’avion russe provoquant la mort de 15 personnes à bord.
Malgré les efforts israéliens et les annonces multiples d'une réconciliation Moscou-Tel-Aviv, les relations de part et d'autre sont loin de revenir à la normale, la dernière manifestation de cette divergence s'étant cristallisée au Golan. Alors que les États-Unis disent vouloir reconnaître l'occupation israélienne de ce plateau stratégique, la Russie a très rapidement pris position contre et a mis en garde contre une démarche américaine qui "risque d'embraser davantage la région". En été 2018, et après avoir repris le contrôle de Derra et de Quneitra, l'armée russe s'est engagée aux côtés de l'armée syrienne pour repousser l'armée israélienne derrière la ligne verte fixée en 1967, date de l’occupation du Golan par Israël, mesure qui n'a toujours été digérée par Israël
Pour le grand malheur des Israéliens et des Américains, ce 25 mars, le président Aoun est attendu à Moscou pour une visite qualifiée de particulièrement importante. En effet, la présence de plus en plus sensible des Russes au Liban et surtout dans le secteur gazier libanais que convoite l'occupant israélien, inquiète à la fois Israël et les États-Unis. Au cours de sa récente visite en Israël, le secrétaire d'État us a discuté avec Tel-Aviv de la construction d'un pipeline qui transporterait le gaz de la Méditerranée en Europe, et ce, dans le stricte objectif de réduire la part de la Russie sur le marché de gaz stratégique européen. Au cours de sa visite à Moscou, le président libanais pourrait demander une contribution plus active de la Russie dans le secteur gazier offshore libanais voire dans le secteur de la défense.
Les analystes politiques relèvent le non particulièrement ferme des formation politiques libanaises, toutes tendances confondues, au secrétaire d'État américain, Mike Pompeo qui entendait faire de sa récente visite au Liban une tentative d'inciter les Libanais contre le Hezbollah. Aussi bien le Président que le Premier ministre et son cabinet ont mis l'accent sur l'appartenance du Hezbollah au paysage politique et militaire du pays. C'est dans un tel esprit d'union que le président Aoun part pour la Russie pour, peut-être, marquer un tournant dans les grosses orientations politiques du pays du Cèdre. La livraison des armements russes et surtout les fameuses S-300 au Liban pourrait acculer définitivement Israël dans ses derniers retranchements, selon les analystes.
Ainsi de nouvelles tensions entre Israël et La Russie ne sont pas totalement à écarter : Tout récemment, l’armée russe a envoyé un prototype de nouvel hélicoptère d’attaque Mi-28NM en Syrie à des fins de test. Le prototype a déjà été livré à la base aérienne de Hmeimim en Syrie.
Le Mi-28NM est une variante modernisée du « Night Hunter » d’origine, le Mi-28N. Cette nouvelle variante comprend de nouveaux systèmes de contrôle des armes et de nouveaux radars. Il est également conçu pour utiliser des armes sophistiquées à guidage de précision.
L’armée russe veut mettre aussi à l’essai le nouvel équipement et les nouvelles armes de l’hélicoptère lors des fortes chaleurs et des tempêtes de sable dans le désert syrien. De même, au moins trois nouveaux avions de combat Su-25 ont été transférés à leur base aérienne de Hmeimim, selon les images satellite publiées le 15 mars par la compagnie israélienne ImageSat International (ISI).
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