En allusion à la prochaine visite de la chancelière allemande en République d'Azerbaïdjan, Reuters a rapporté que Berlin cherchait à augmenter ses approvisionnements en gaz et à en importer une partie via le corridor sud.
Convaincue par le président américain Donald Trump qui estimait que le projet de gazoduc Nord Stream 2 risquait d’augmenter la dépendance de l’Europe au gaz russe, la chancelière allemande Angela Merkel se rendra cette semaine en République d’Azerbaïdjan pour discuter de la conception d’un gazoduc sud, afin d’acheminer du gaz en Europe depuis la mer Caspienne.
L’Allemagne est disposée à trouver des sources alternatives de gaz alors qu'elle reste engagée au projet Nord Stream 2, qui est un gazoduc sous-marin en mer Baltique qui relierait la Russie à l’Allemagne. "Nous avons un grand intérêt à poursuivre le développement du corridor sud", a déclaré un haut responsable du gouvernement allemand ayant requis l’anonymat.
"Cela fait partie de la stratégie de diversification de l'Union européenne consistant à acheminer vers l'Europe du gaz en provenance d'autres régions, non pas seulement de la Russie", a-t-il dit.
Selon ce responsable allemand, Angela Merkel discutera à Bakou avec des autorités azerbaïdjanaises des questions énergétiques, y compris l'amélioration de l'infrastructure pour faciliter le transport du gaz de l'Azerbaïdjan vers l'Europe via la Turquie.
L’Azerbaïdjan devrait jouer un rôle crucial en lançant la deuxième phase d’un gazoduc reliant le vaste gisement de Shah Deniz à l’Europe.
À noter que Shah Deniz fait partie de l’un des plus importants champs gaziers de la République d’Azerbaïdjan.
Ce gisement devrait produire 16 milliards de mètres cubes de gaz par an à partir de 2020, 10 milliards de mètres cubes étant destinés à l’Europe et 6 milliards à la Turquie et à la Géorgie.
Plus tard, du gaz pourrait être acheminé du Turkménistan, de l’Iran et de l'Irak vers l'Europe. À préciser que l’Iran, la Russie, le Kazakhstan, le Turkménistan et l’Azerbaïdjan se sont mis d’accord le 12 août sur la manière de diviser les énormes ressources pétrolières et gazières potentielles de la mer Caspienne.
Cependant, le gazoduc du sud est éclipsé par Nord Stream 2, une initiative de Gazprom qui doublera la capacité d’exportation de la Russie vers l’Europe à 110 milliards de mètres cubes. Ce pipeline est bien accueilli par la plupart des entreprises allemandes, qui veulent un maximum de gaz bon marché.
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Le mois dernier, Trump, qui met l’Allemagne sous pression pour acheter plus de gaz naturel liquéfié américain, a déclaré que "l'Allemagne payait des sommes énormes à la Russie pour l'énergie", et estimé que "Berlin était captive de Moscou" en raison de sa dépendance à l’énergie russe, une accusation rejetée par l’Allemagne.
Au premier semestre 2018, l’Allemagne a importé 39% de son gaz en provenance de Russie, selon les chiffres de l'Office fédéral de l'économie et du contrôle d'exportation (BAFA).
La chancelière allemande et le chef du Kremlin, Vladimir Poutine se sont rencontrés le samedi 18 août près de Berlin. Il s’agissait de leur première rencontre bilatérale depuis quatre ans. Les deux parties ont discuté de l’énergie dont le projet de gazoduc Nord Stream 2.
Merkel a entamé ce jeudi une tournée de trois jours dans la région qui la conduira également en Géorgie et en Arménie. Elle s'entretiendra samedi à Bakou avec le président azéri Ilham Aliyev.