« La signature d’un accord sur la mise en place des zones de désescalade dans le sud de la Syrie ainsi que le déploiement de l’armée syrienne dans cette région stratégique mettent en évidence la déconfiture d’Israël en Syrie », a-t-on appris d’un analyste israélien.
Ehud Yaari, journaliste et analyste des questions arabes dans des chaînes de télévision israéliennes, a qualifié, le mercredi 30 mai, d’un « échec total » la stratégie d’Israël en Syrie, l’entrée en vigueur d’un accord sur la mise en place d’une zone de désescalade dans le sud syrien.
« Les dirigeants israéliens comptaient renverser Bachar al-Assad et expulser ses partenaires iraniens du sud de la Syrie mais le gouvernement et l’État-major de l’armée israélienne n’étaient pas prêts à accomplir cette mission au bon moment. L’armée syrienne, épaulée par l’Iran et le Hezbollah, a réussi à tenir le haut du pavé surtout depuis l’implication, en septembre 2015, de l’aviation russe », a déclaré Ehud Yaari cité par Rai al-Youm.
Ehud Yaari a ensuite accusé le ministre israélien des Affaires militaires Avigdor Lieberman de répéter des propos sans intérêts au lieu d’agir. « Avigdor Lieberman ne cesse de dire qu’Israël a demandé à la Russie de ne pas permettre à l’armée syrienne de prendre le contrôle de la région qui est juste derrière les frontières d’Israël [Palestine occupée, NDLR]. La Russie, quant à elle, a seulement promis que les Iraniens resteraient à l'écart de la zone tampon sur le Golan. Elle a également promis de faire sortir les Iraniens et leurs alliés du territoire syrien », a-t-il réaffirmé.
L’analyste israélien s’est référé aux sources sécuritaires de Tel-Aviv pour dire que les promesses de la Russie ne seraient jamais tenues. « L’Iran et le Hezbollah trouveront de multiples prétextes pour légaliser la poursuite de leur présence en Syrie dans l’objectif de transformer finalement le Golan en un champ de conflit et de renforcer leur présence militaire sur le territoire syrien », a-t-il affirmé.
Il a exhorté Tel-Aviv à continuer d’attaquer les cibles iraniennes en Syrie afin d’empêcher l’Iran de déployer de nouvelles forces dans ce pays.
« Israël ne s’est pas contenté de la mise en garde qu’ont lancée les États-Unis à l’adresse de Bachar al-Assad en lui demandant de ne pas acheminer ses militaires dans le sud », a déclaré Ehud Yaari.
Dans ce droit fil, Alex Fishman, analyste des questions militaires du quotidien israélien Yedioth Ahronoth, a cité de hauts responsables sécuritaires du régime israélien et révélé que la principale mission d’Avigdor Lieberman à Moscou, où il a rencontré son homologue russe Sergueï Choïgou, était d'établir les coordinations nécessaires entre Moscou et Tel-Aviv au sujet de l’opération de l’armée syrienne destinée à reprendre le contrôle du Golan occupé aux groupes armés qui y sont actuellement présents.
À noter que ces groupes terroristes, soutenus entièrement par le régime israélien, contrôlent une région s'étendant de Quneitra jusqu’à Deraa, dans le sud de la Syrie.
Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman s’est rendu, le mercredi 30 mai, en Russie, à la tête d’une haute délégation sécuritaire.
Selon Alex Fishman, « Lieberman demandera à Vladimir Poutine d’exhorter Damas à reprendre l’accord sur la cessation des conflits qui avait été signé en octobre 1973 entre les deux parties.
« Israël réclame le redéploiement des forces de l’ONU au Golan et demande à la Russie de lui permettre de garder ses liens avec les villages du Golan qui ont été libérés depuis le début de la crise en Syrie en 2011 », a souligné Fishman.
Le quotidien arabophone Rai al-Youm a conclu que les récentes évolutions mettaient en évidence l’échec des spéculations d’Israël qui comptait voir une Syrie démembrée et la chute du gouvernement syrien.
Selon Rai al-Youm, « le fait qu’Israël s’intéresse à rétablir l’accord de 1973 constitue une grande preuve trahissant l’échec de sa stratégie envers la Syrie ».
L’envoi de nouveaux convois militaires vers le sud de la Syrie annonce une nouvelle opération antiterroriste dans cette région, similaire à ce qui s’est passé dans la Ghouta orientale.
L’accord que viennent de conclure la Russie et les États-Unis ainsi que l’entente à laquelle sont parvenus d’autres acteurs de la scène syrienne ne laisseront nullement aucune marge de manœuvre aux terroristes qui sont déployés près des frontières de la Palestine occupée. Ces derniers seront finalement obligés de quitter cette région, soit par un accord, soit par force.
« Israël tente de suggérer que ses efforts diplomatiques ont donné leur fruit et qu’il est finalement arrivé à éloigner les forces iraniennes de ses frontières alors que l’accord sur la création d’une zone de désescalade dans le sud de la Syrie a été conclu malgré la déception d’Israël, des États-Unis et de la Jordanie qui se voyaient incapables de renverser le gouvernement d’Assad », a indiqué le quotidien Al-Akhbar.