Les États-Unis ne lésinent sur rien pour aider les groupes terroristes à rester dans le sud de la Syrie, qui s’impose en tête sur la liste des régions à libérer pour l’armée syrienne.
Dans un article publié par le quotidien libanais Al-Binaa, Amine Hotait, expert des questions stratégiques, s’est attardé sur les évolutions en cours dans le sud de la Syrie.
« La Syrie fête ces jours-ci l’agonie des terroristes grâce aux victoires qu’a enregistrées l’armée syrienne face aux groupes armés opérant aux alentours de la capitale, dans le nord de Homs et le sud de Hama. La seule région qui souffre actuellement de la présence importune des éléments terroristes est le secteur frontalier, dont la libération paraît indispensable dans le cadre des opérations antiterroristes de l’armée syrienne.
Il y a sept ans, les États-Unis et leurs alliés ont allumé la mèche d’une agression d’envergure contre la Syrie, agression dans laquelle ont été impliqués au moins 131 pays. Ces derniers se faisaient passer pour les “amis de la nation syrienne” alors qu’ils ne faisaient que massacrer et détruire dans l’espoir de pouvoir démembrer ce pays.
Aujourd’hui, la Syrie est plus proche que jamais de la victoire décisive dont les préparatifs ont été lancés pour la première fois le jour où Alep a été libérée il y a plus de deux ans. L’armée syrienne n’a rien d’autre à faire que de se réorganiser pour déloger les terroristes des régions qu’ils contrôlent toujours et cela s’ajoutera aux victoires remarquables qu’elle a déjà enregistrées dans ses combats contre le terrorisme.
Quatre régions à libérer : quelle est la priorité de l’armée syrienne ?
Parmi les quatre régions qui sont toujours contrôlées par les terroristes, l’armée syrienne doit en choisir une pour commencer.
Les régions qui doivent être libérées des mains des terroristes sont le nord-ouest d’Idlib et ses alentours, le nord-est d’al-Charqiya, le sud-est d’al-Tanf et le sud-ouest de Deraa.
Les facteurs qui peuvent faire de chacune de ces régions une priorité sont directement liés aux caractéristiques de ces régions et au nombre de soldats étrangers qui y sont présents. Il ne faut pas oublier que les forces américaines sont déployées dans trois de ces quatre régions, d’autant plus que les Américains soutiennent les groupes terroristes opérant à Idlib et à ses alentours.
Les Américains sont présents dans les bases militaires qui se trouvent dans le nord-est et le sud-est de la Syrie et ils se sont en effet imposés comme un des garants du mécanisme d’une zone de désescalade qui couvre Deraa et ses alentours, une région concernant laquelle aucun résultat n’a été obtenu lors de la Conférence d’Astana, marquée par la présence de la Russie, de l’Iran et de la Turquie. »
Amine Hotait a souligné que le gouvernement syrien essayait d’élaborer une stratégie qui lui permette de libérer chacune de ces régions en fonction des conditions qui y prévalent et des évolutions en cours sur les champs de bataille.
« Pour de nombreuses raisons, a-t-il précisé, le front du Sud reste une priorité. »
Amine Hotait a rappelé la mise en garde lancée par le gouvernement syrien, qui a récemment demandé aux civils de s’éloigner des champs de combat du Sud.
Le Front du sud, la dernière lueur d’espoir pour Israël
« D’autre part, le front du Sud reste la dernière lueur d’espoir d’Israël. Il lui permet d’espérer une intervention directe en Syrie, d’autant plus que les Israéliens se trouvent dans un état d’immense déception suite à la libération de la Ghouta orientale et occidentale ainsi que celle du Qalamoun. Pour compenser ce couac, Israël continue d’épauler le groupe terroriste du Front al-Nosra dans le sud de la Syrie.
Le sud de la Syrie est un important point de contact terrestre entre la Syrie et la Jordanie, d’autant plus que cette région constitue un important corridor pour les transactions internationales et revêt un caractère vital pour l’économie syrienne. De plus, si l’armée syrienne réussit à reprendre le contrôle du front du Sud, le projet de création d’une ceinture de sécurité pour le régime israélien capotera certainement, d’autant plus qu’Israël tente de convaincre l’administration américaine de reconnaître la souveraineté de ce régime sur le Golan occupé. »
Les USA ont violé l’accord sur les zones de désescalade
« Les États-Unis semblent avoir leurs propres préoccupations et rejettent la décision du gouvernement syrien pour la seule raison qu’elle contredit la stratégie américaine, dont l’objectif est de faire durer la crise en Syrie. Washington a déjà envoyé à Damas des messages qui ressemblaient plutôt à des mises en garde de nature politique et militaire et c’est bel et bien ces messages qui mettent en évidence la stratégie américaine. La Maison-Blanche reconnaît déjà l’échec de son projet en Syrie, mais les attaques au missile qu’elle a perpétrées contre les positions de l’armée syrienne à Abou Kamal et son soutien aux terroristes de Daech dans leur attaque contre al-Charqiya trahissent l’intention de Washington de mener une série d’opérations préventives destinées à empêcher le gouvernement syrien de mettre fin à la présence de Daech à al-Charqiya ou de régler la situation des Kurdes. Dans le même temps, les États-Unis, qui se considèrent comme l’un des signataires de l’accord sur la zone de désescalade, demandent à Damas d’ouvrir le front du Sud.
De son côté, la Syrie sait bel et bien comment dépasser les lignes rouges que les États-Unis lui ont imposées. L’accord sur la création des zones de désescalade, qui a été signé lors de la Conférence d’Astana, prévoyait le passage de la Syrie de l’étape du conflit à l’étape de la paix. Au cours de cette dernière étape, il faut d’abord mettre fin aux conflits entre les groupes qui croient en une solution politique et ensuite expulser les groupes terroristes des régions qu’ils contrôlent. Tout le territoire syrien devra finalement être sous le contrôle du gouvernement syrien via les mécanismes internationaux. C’est en réalité pour atteindre cette dernière étape que le gouvernement syrien a accepté de signer ledit accord. »
Selon Amine Hotait, « la raison pour laquelle les États-Unis ont donné leur feu vert à l’entrée en vigueur des zones de désescalade en Syrie diffère de celle du gouvernement syrien. Washington entend exploiter cette expérience des zones de désescalade pour ainsi y faire asseoir sa présence militaire. C’est un atout que la Maison-Blanche espère utiliser à l’encontre du gouvernement syrien après l’échec de ses projets en Syrie ».
« Le gouvernement syrien est d’avis que le manquement de la partie adverse à ses engagements quant à l’expulsion des terroristes du Front al-Nosra, sous prétexte que ce groupe ne ferait pas partie des organisations terroristes, pourrait nuire à l’accord, voire l’annuler. Les États-Unis n’ont donc pas à choisir une de ces options : soit ils rempliront sa part du contrat, soit ils devront se préparer à une attaque militaire, organisée par le gouvernement syrien et ses alliés, cette fois-ci contre le sud de la Syrie. »