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Nucléaire: l’Allemagne et l’Italie illustrent le fossé qui se creuse dans l’UE

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'Europe divisée sur le nucléaire. ©IStock

Le chancelier allemand Olaf Scholz a réaffirmé que le nucléaire n’avait pas sa place dans le bouquet énergétique du pays, tandis que l’Italie s’est engagée à accélérer son intégration afin de réduire les coûts, de sauver l’économie et de favoriser la transition verte.

L’inclusion du nucléaire par la Commission européenne comme source d’énergie verte dans le règlement sur la taxonomie a mis en évidence les divisions à travers l’Europe. Les États membres se chamaillent sur la question de savoir si cette source d’énergie peut réellement être considérée comme verte et durable, selon un article publié sur le site d'information européen Euractiv. 

Mais l'opération militaire russe en Ukraine, la volonté de remplacer le gaz russe par d’autres sources d’énergie, la nécessité de maîtriser la flambée des coûts de l’énergie et les grandes ambitions en termes d’élimination progressive des combustibles fossiles ont conduit un certain nombre de pays à revoir leur position, voire, dans certains cas, à faire volte-face.

Samedi 2 septembre, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu’ils ne relanceraient pas le « cheval mort » de l’énergie nucléaire après les appels des libéraux, qui font partie de la coalition gouvernementale, à les réactiver suite à la récente sortie du pays de l’énergie nucléaire.

Dans une interview accordée à la station de radio Dlf samedi, M. Scholz a souligné que l’utilisation de l’énergie nucléaire dans le bouquet énergétique allemand n’était plus une option. « Quiconque voudrait construire de nouvelles centrales prendrait 15 ans et devrait dépenser 15 à 20 milliards par unité », a-t-il ajouté.

Les divergences sur la question du maintien de l’énergie nucléaire en Allemagne ont entraîné de graves tensions au sein de la coalition, notamment entre le FDP et les Verts, qui sont foncièrement antinucléaires, à la fin de l’année dernière, jusqu’à ce que M. Scholz intervienne et fixe la date de sortie à avril 2023.

« L’énergie nucléaire est à bout de souffle : elle n’est plus utilisée en Allemagne, la sortie a été effectuée légalement », a-t-il souligné.

Par contre, en Italie, les autorités souhaitent prendre un virage totalement opposé. Le ministre des Transports et vice-Premier ministre Matteo Salvini a annoncé dimanche 3 septembre son intention d’accélérer la production d’énergie d’origine nucléaire lors du Forum Ambrosetti à Cernobbio (Lombardie).

L’énergie nucléaire bénéficie d’un large soutien de la part de tous les partis de droite et centre droit et a été mentionnée pendant la campagne électorale par la Lega (ID) et Forza Italia (PPE) d’Antonio Tajani, ainsi que par Fratelli d’Italia (CRE), le parti de la Première ministre, Giorgia Meloni.

« Ce sera un gouvernement législatif, et si nous avons bien travaillé, j’espère que nous aurons aussi les cinq prochaines années. Dans ce laps de temps, je suis convaincu que ce gouvernement, avec la conformation actuelle, sera en mesure d’inaugurer la première production (d’énergie) dérivée du nucléaire », a déclaré M. Salvini.

«  L’Italie ne peut pas s’y soustraire. Je suis convaincu que […] ce gouvernement aura la force d’expliquer aux Italiens pourquoi, au nom de la neutralité technologique, nous ne pouvons dire non à aucune source d’énergie », a expliqué M. Salvini, qui n’a pas non plus épargné à l’UE de lourdes critiques concernant les contraintes budgétaires qui pèsent sur les dépenses publiques.

« Si l’Europe nous demande des objectifs verts ambitieux en matière de logement et de voitures en sacrifiant l’agriculture et la pêche, elle ne peut pas imposer des contraintes budgétaires qui permettent à d’autres d’entrer dans notre maison », a déclaré le dirigeant de la Lega.

Si l’Allemagne, première puissance européenne, est en pointe dans la lutte contre le nucléaire, l’Autriche y est également fermement opposée. En novembre 2022, Vienne a intenté un procès à la Commission européenne pour avoir accordé le label vert à l’énergie nucléaire dans le cadre de la taxonomie des finances durables de l’UE.

La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron s’en est pris à l’Allemagne pour sa position, accusant Berlin de s’opposer délibérément à l’acceptation croissante du nucléaire en Europe.

« Ce serait une erreur historique de […] ralentir l’investissement dans l’énergie nucléaire […] en Europe », surtout si cela aboutit à favoriser « plus de charbon », a affirmé M. Macron, déclenchant probablement le message de M. Scholz de ce week-end.

La Belgique a récemment interrompu la sortie du nucléaire prévue pour 2025 en raison de recours juridiques et de la guerre en Ukraine. Elle a choisi de reporter de dix ans la fermeture de deux réacteurs.

Dans d’autres régions d’Europe, l’énergie nucléaire est un élément essentiel du bouquet énergétique et les gouvernements ne montrent aucun signe de volonté d’en sortir. Par exemple, la Bulgarie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et la Croatie ont toutes des réacteurs nucléaires en activité qui fournissent une part importante de l’énergie nationale.

À l’autre bout du spectre, l’Espagne et le Portugal, tous deux dirigés par des gouvernements socialistes, restent fermement opposés à l’énergie nucléaire.

Avec la dernière déclaration de l’Allemagne et l’accélération des plans de réactivation de l’Italie, l’Europe pourrait bientôt se trouver tiraillée entre des États membres qui choisissent leur camp en matière de nucléaire et de dépendance à l’égard des combustibles fossiles, en particulier du gaz russe.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV