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L'armée éthiopienne totalement déchue ? Tout semble à dire que le gouvernement d'Abiy Ahmed maîtrise et contrôle parfaitement la situation.
Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
Tigré: le jeu n'est pas terminé
Après que le gouvernement éthiopien accepte le cessez-le-feu, RFI se lance dans une analyse sur ce sujet : « L’ancien pouvoir du TPLF, le Front de libération du peuple du Tigré, transformé en groupe rebelle, a lancé une large offensive depuis une semaine au Tigré, cette province du nord de l’Éthiopie. En quelques jours, il a repris une large partie du territoire perdu ainsi que plusieurs villes-clés dont la capitale régionale Mekele. Depuis novembre, une guerre sanglante oppose le TPLF au pouvoir fédéral d’Addis-Abeba, aidé par l’armée érythréenne et des milices d’ethnie Amhara. Mais après les défaites du début, le TPLF a lancé la reconquête. »
Ce qui semble au premier regard à un coup d'Etat à la tchadienne avec en toile de fond une armée éthiopienne qui se retire étrangement et soudain de Mekele quelques heures avant que les rebelles n'arrivent. Mais l’évolution des choses pourrait ne pas être finalement ce scénario sur quoi semble travailler depuis des mois l’axe US-OTAN-Israël pour provoquer une très grande guerre en Afrique de l’Est avec des acteurs comme l’Éthiopie, l’Érythrée ou encore l’Égypte et le Soudan.
Après l’enlisement totale au Yémen, et alors que la grande Éthiopie continue à avoir les yeux rivés vers la Chine et la Russie, cette grande guerre, l’Amérique en a besoin. Or le scénario du Tigré pourrait se retourner contre ses scénaristes.
L’entrée des rebelles à Mekele, le retrait de l’armée éthiopienne comme le dit l’expert, Roland Marchal, chercheur au CNRS et spécialiste de la Corne de l’Afrique, risque de ne pas être qu’un piège.
« La capitale régionale, les forces loyales aux anciennes autorités du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont repris possession de la ville le 28 juin. La majeure partie des troupes et de l’administration gouvernementale avaient évacué les lieux plus tôt dans la journée.
La saison des pluies une fois arrivé l’armée éthiopienne pourrait rependre du poil de la bête et passer à l’offensive en reprenant Mekele et en neutralisant les rebelles.
Mais ce qui frappe dans l’analyse de Roland Marchal, c’est surtout l’accent mis sur l’incapacité de l’Etat à contrôler la situation ou ce qui revient au même, l’échec d’Abiy Ahmed à imposer l’autorité étatique et celle de l’armée sur Tigré.
Au fait, il semblerait que dans ce presque coup d’Etat à la tchadienne, le camp US-OTAN a trop compté sur l’Érythrée. La situation de Mekele provoque l’armée érythréenne et la pousse enfin à intervenir.
Ce qui dans l’esprit des scénaristes devrait revenir à impliquer l’armée érythréenne et finalement à provoquer la grande guerre.
Pourtant RFI n’a pas l’air convaincu, elle se moque presque d’une armée éthiopienne qui, retranchée sur les frontières, suit la situation de près sans réagir. Et s’il s’agissait d’un piège concocté de synergie et de concert entre l’Éthiopie et l’Érythrée ?
Après tout, depuis un an, tous les efforts visant à faire éclater la guerre par Tigré interposé entre l’Éthiopie et l’Érythrée ont échoué et à plus d’une reprise : l’axe US-OTAN s’est vu dans l’obligation de frapper à la porte du Soudan et de l’Égypte pour les provoquer et les jeter à l’assaut de l’Éthiopie sous prétexte du barrage de la Renaissance
On aimerait bien croire que le gouvernement d'Abiy Ahmed maîtrise et contrôle parfaitement la situation et qu’il attend son heure avant de prendre royalement au dépourvu les stratèges US-OTAN qui croit tout comprendre à l’Afrique.
Burkina Faso : marche arrière du président Kaboré ?
« Le président Roch Marc Christian Kaboré procède à un réaménagement de son équipe. Chérif Sy qui était jusque-là le ministre de la Défense quitte le gouvernement, ainsi que Ousseini Compaoré, le ministre de la Sécurité. Ils font les frais des dernières attaques à Solhan et contre une équipe de la police nationale le 21 juin dernier. Les populations avaient exprimé leur colère face à la recrudescence et la violence des attaques attribuées aux groupes jihadistes », lit-on sur RFI.
Le massacre de Solhan a-t-il fini par faire reculer l’état burkinabé ?
On a du mal à comprendre le limogeage d’un ministre de la Défense et d’un ministre de la Sécurité intérieur qui, en peu de temps, ont réussi non seulement à reprendre le contrôle du nord, cible d’assaut des forces étrangères déguisé en terroristes, mais encore à établir le pont de coopération militaire avec des Etats voisins dont le Niger.
On comprend moins cette marche arrière quand on se rappelle l’engouement avec lequel les forces populaires continuent à protéger les régions cibles.
Mais une marche arrière par le limogeage de deux ministres ne serait pas suffisant, vu le langage utilisé par RFI qui, se référant à la soi-disant opposition, exige davantage de concessions alors que l’armée burkinabé ne s’est pas mal débrouillée ces derniers jours.
Visiblement, le Burkina Faso risque un coup d’Etat. En effet depuis que Macron a annoncé son intention de « faire retirer » les forces Barkhane du Sahel, on l’attendait venir. La France ne se retire pas du Sahel mais change de rôle ; elle devient désormais le commandement des Américains en Afrique de l’Ouest.
Les autorités burkinabés devraient donc être plus vigilantes et ne pas se laisser faire par une pression téléguidée par l’axe US-OTAN.
Gabon : Ali Bongo prend des mesures préventives
En 7 ans de coup d’état militaire, de coup bas de toutes sortes, signée la France, le Gabon d’Ali Bongo a toutes les raisons du monde de se prévenir.
Il en est ainsi de ce procès qui requiert 15 ans de prison pour le lieutenant Kelly Ondo Obiang, membre de la Garde républicaine (GR), l'unité d'élite et garde prétorienne du président, ainsi que deux autres militaires, qui avaient brièvement appelé en direct sur la télévision d'Etat au «soulèvement populaire», ont écopé de 15 ans de réclusion criminelle, a précisé à l'AFP le parquet. Le procureur avait requis la prison à vie. Cinq gendarmes et un civil, co-accusés, ont été acquittés.
Et cette fermeté face à un projet de coup d’état est d’autant plus justifiée que le Gabon se rapproche de la Chine et qu’il a même l’intention de renfoncer ses coopérations avec la Russie.
Faisant face ces dernières années à une recrudescence des cas de piraterie au large de ses côtes, le Gabon a officiellement réceptionné le 11 juin dernier un patrouilleur flambant neuf dit «de dernière génération». Il s’agit d’un don de la Chine au Gabon qu’Ali Bongo a inspecté de fond en comble.
En mai dernier, le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba a reçu en audience au Palais du bord de mer de Libreville l’ambassadeur de la Fédération de Russie au Gabon Ilias F. Iskandarov. Occasion pour le président de la République de saluer les relations bilatérales entre le Gabon et la Russie et réaffirmer sa volonté d’accentuer la coopération entre les deux pays.
De plus, recevant son homologue gabonais, le 27 mai à Moscou, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a affiché l’ambition de son pays de ravitailler le Gabon en produits militaires afin de renforcer les capacités de défense de celui-ci.
La Russie souhaite ravitailler le Gabon en produits militaires pour doper les capacités de défense du pays d’Ali Bongo.
Les prétextes restent nombreux pour tenter de mettre des bâtons dans les roues de Libreville afin de le ramener en tant que colonie française et non en tant que pays indépendant. Pourtant, la croissance économique des pays d’Afrique reste très prometteuse, et même, beaucoup plus que celle des pays européens.
Quoi qu’il en soit, le Gabon est bien décidé à couper le cordon avec la puissance colonialiste française et il continue sa lancée vers les pays du bloc de l’Est comme de plus en plus de pays d’Afrique.