Le chaos politique en Israël a laissé ses impacts sur l’armée. La puissance militaire sur la base de laquelle ce régime définissait son identité ne cesse de s’affaiblir. L’économie est chancelante alors que le gouvernement souffre de son septième mois sans budget.
Le projet de loi sur le budget du régime d’Israël n’avance pas. Il est coincé dans une impasse politique qui a vu sa présentation au gouvernement retardée à deux reprises au cours de la semaine dernière par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Affaires militaires Benny Gantz. Il était initialement prévu qu’il soit présenté au cabinet le 9 juillet.
Selon Tasnim News, faute d’accord, le Parlement israélien a été dissous dans la nuit de mardi 22 à mercredi 23 décembre, entraînant de nouvelles élections, les quatrièmes depuis 2018. Les 120 élus israéliens avaient jusqu’à mardi pour adopter le projet de loi budgétaire et éviter de nouvelles élections, les quatrièmes en près de deux ans, mais un compromis a été rejeté.
Lire aussi : Netanyahu fait payer l’entité sioniste
Crise militaire :
L’échec de la formation d’un nouveau cabinet et le rejet du projet de loi budgétaire ont causé non seulement des troubles politiques, mais aussi un affaiblissement dans l’arène militaire. Pour un régime qui s’est toujours défini par rapport à sa puissance militaire, cette déchéance signifie la perte des sionistes.
Lorsque le chef d’état-major de l’armée israélienne Aviv Kohavi est entré en fonction, il a apporté un plan en cinq points qu’il avait préparé un an plus tôt, intitulé Tnufa. Ce plan prévoyait de faire de l’armée israélienne une « superpuissance militaire » en l’espace de quatre ans. Mais deux ans se sont écoulés depuis la nomination de Kohavi et son projet reste toujours en plan. Le plus remarquable c’est que les élections anticipées prévues pour le 23 mars 2020 ont été reportées au mois d’avril 2021.
Étant donné les différends entre les partis, la montée en force des rivaux avec le projet de Kohavi, la formation d’une coalition pour former un cabinet semble difficile.
Pour en savoir plus : Avec des soldats qui fonctionnent comme des machines à sous, aucune chance de gagner une guerre
Trois années sans augmentation budgétaire :
En 2018, lorsque Kohavi a accédé au poste de chef d’état-major de l’armée, la Knesset venait d’être dissous. Le cabinet provisoire de Netanyahu dirigeait alors les affaires. Les ministères et les institutions militaires devaient s’accommoder avec le budget de 2018. Le cours des choses n’a pas changé jusqu’en 2020 où la situation politico-économique a dégringolé de plus belle. Les dissolutions répétées du parlement israélien font que même en 2021, le projet de loi budgétaire ne risque pas d’aboutir. Autrement dit, l’état-major de l’armée doit se contenter d’un budget qui a trois ans.
L’armée israélienne ne stagne plus, elle retourne carrément en arrière. L’économie moribonde et la crise sanitaire liée à l’épidémie de la Covid-19 n’ont pas aidé à son épanouissement.
Problème de législation :
L’inégalité en matière de service militaire est un sujet sensible en Israël. L’impasse politique dans laquelle se trouve le régime repose en partie sur cette question épineuse. Le 4 décembre, elle est réapparue sous la forme d’un scandale : entre 2011 et 2017, l’armée israélienne aurait systématiquement gonflé le nombre de jeunes ultra-orthodoxes (haredim) faisant leur service militaire, a révélé une enquête diffusée par la radio publique Kan. L’armée aurait ainsi voulu échapper aux critiques sur son incapacité à promouvoir la conscription dans les milieux ultraorthodoxe. L’enquête révèle que l’armée aurait volontairement doublé, voire triplé, le nombre de conscrits haredim pour les faire correspondre aux objectifs. Ce scandale révèle une faille dans le système de recrutement de l’armée.
D’un autre côté, au cours des trois dernières années, la question de l’expulsion des ressortissants africains de la Palestine occupée et du recrutement des Arabes et des Druzes dans l’armée ont attisé les problèmes.
De manière générale, le chaos politique en Israël dû au rejet d’un projet de loi budgétaire, l’affaiblissement du système militaire et la réduction du nombre de recrues ont fortement déstabilisé l’armée. D’ailleurs, de nombreux rapports font état du manque de préparation de l’armée israélienne face à des confrontations directes.
Le régime sioniste se retrouve désormais dans une position de faiblesse. Il tente pourtant en vain de la dissimuler à l’opinion publique. Mais la réalité a éclaté au grand jour et plus personne n’est dupe.