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Le corridor martitime anti-sanctions US s'étend

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président chinois, Xi Jinping (G) et le président iranien, Hassan Rohani. (Photo d'archives)

« Comment le partenariat stratégique Iran-Chine peut planter le dernier clou dans le cercueil de la politique de pression maximale des États-Unis ? », voici la question à laquelle répondra Ekaterina Blinova, journaliste russe, dans un entretien exclusif avec Mahan Abedin, analyste politique iranien, qui a été publié le dimanche 13 septembre sur l’édition anglophone de l’agence de presse russe Sputnik.

« Le document de 18 pages en persan envisage des investissements de plusieurs milliards de dollars de la Chine dans l’économie iranienne. (...) L’accord comprend également la coopération en matière de sécurité, le partage de renseignements et des exercices militaires conjoints. À ce propos, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a admis que son pays avait en effet négocié un partenariat stratégique de 25 ans avec la Chine, ajoutant toutefois que les accords n’avaient pas encore été adoptés par le Parlement iranien », peut-on lire sur Sputnik.

 

Ekaterina Blinova continue : « La perspective d’une collaboration sino-iranienne à long terme a suscité des réactions mitigées de la part des observateurs internationaux : ainsi, Foreign Policy a affirmé que l’accord était une “mauvaise nouvelle pour l’Occident”, prévoyant un remaniement géopolitique au Moyen-Orient et en Asie qui permet à la Chine de renforcer son influence dans des endroits stratégiquement importants. »

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À ce propos, Mahan Abedin explique : « Au cours des quatre dernières décennies, des débats animés ont eu lieu au sein des cercles politiques iraniens quant à l’efficacité (ou non) d’une interaction plus profonde avec l’Occident. Mais l’échec de l’accord nucléaire (Plan gobal d'action conjoint, PGAC ou JCPOA selon le sigle anglais) et l’impuissance européenne face aux brimades américaines ont entraîné une perte de confiance envers l’Occident chez les Iraniens. »

Répondant aux sceptiques qui se demandent si Téhéran et Pékin sont assez sérieux à propos de l’application de l’accord et si la Chine accepte de perdre ses alliés émiratis et saoudiens en s’associant à la République islamique d’Iran, l’expert iranien réitère que « l’Iran est un important facteur pour l’Initiative chinoise de la Ceinture et de la Route ».

« L’Iran reste un élément indispensable pour l’accès terrestre à l’Europe et, en général, l’emplacement hautement stratégique de l’Iran (à proximité de l’Asie centrale, de la mer d’Oman, de l’Europe et même de la Russie) rend le pays très attractif pour les investisseurs chinois », souligne-t-il, ajoutant qu’« il est peu probable que la Chine renonce à sa coopération avec l’Iran pour éviter les sanctions américaines ou un possible mécontentement de Riyad et d’Abou Dhabi ».

Échec de la politique de « pression maximale » des USA

Évoquant le régime de sanctions unilatérales de Washington contre la République islamique d’Iran, le journaliste iranien souligne que la politique de « pression maximale » de l’administration Trump n’a évidemment pas fonctionné.

« L’Iran est un pays de l'axe de la Résistance avec une politique étrangère expansive », réaffirme Abedin. « De plus, l’Iran s’est habitué aux sanctions pendant quatre décennies et a donc développé le savoir-faire pour les contourner et les vaincre. En outre, l’économie iranienne est plus complexe et autosuffisante que la plupart ne le pensent et cette résilience économique signifie que l’Iran peut continuer, fonctionner, voire prospérer en l’absence de vente de pétrole brut », indique l’analyste.

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La journaliste russe ajoute ensuite : « De plus, Téhéran a ouvertement défié les restrictions et menaces unilatérales des États-Unis en tendant la main au Venezuela, un État latino-américain souffrant de l’embargo de Washington. La République islamique d’Iran a récemment fourni à Caracas une demi-douzaine de cargos de carburant, de nourriture, d’équipements médicaux et de pièces de rechange pour son industrie pétrolière. Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l’ONU a humilié les États-Unis en rejetant la résolution de la Maison-Blanche qui proposait la prolongation de l’embargo sur les armes contre l’Iran. »

Selon Abedin, le pacte sino-iranien « aura un impact plus important sur la politique globale de l’Iran dans la mesure où l’Iran se sentira moins contraint et menacé par la pression américaine ».

Dans le même temps, il est peu probable que les accords changent les fondements de la politique régionale iranienne, souligne l’analyste politique : « L’Iran déploie l’axe de la Résistance, une construction politico-idéologique à effet stratégique, pour faire avancer ses politiques dans la région, notamment en relation avec des points chauds comme le Yémen, la Syrie, l’Irak et le Liban », dit-il. « Le pacte sino-iranien ne va pas changer cela ».

« L’essentiel du partenariat stratégique sino-iranien en cours est qu’il est conforme aux intérêts nationaux de la République islamique d’Iran et contribuera à sauvegarder la sécurité nationale du pays », conclut le journaliste.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV