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Fin de récré à Idlib pour Ankara, la Turquie se casse les dents à Lattaquié

Côte ouest de la Méditerranée. (illustration)

À peine quelques heures après l'annonce de la signature du pacte militaire Iran/Syrie, pacte qui selon le communiqué conjoint de la Défense syrienne et de l'état-major iranien, a entre autres objectifs de briser la loi César, les terroristes qaïdistes à la solde d'Ankara ont lancé une importante offensive contre le nord-ouest de Lattaquié ce port stratégique syrien qui occupe une place de choix dans la stratégie anti-sanction de Damas. En effet, comme l'a laissé entendre la conseillère du président Assad, la stérilisation de cette ultime arme US qu'est la sanction contre l'État syrien, grand vainqueur de la guerre, est l'un des objectifs majeurs du pacte signé avec l'Iran, ce qui explique la raison pour laquelle les terroristes pro-Ankara, autre cible du pacte militaire signé entre la Syrie et l'Iran se sont lancés à l'assaut des positions de l'armée syrienne. 

La riposte des forces syriennes ne s'est toutefois pas fait attendre : la contre-offensive a infligé un très lourd bilan de pertes aux qaïdistes du parti d'al-Turkistani (terroriste d'origine chinoise), déployés à la périphérie Nord de Lattaquié, qui en l'absence des terroristes de l'ASL, partis se battre en Libye, font office du principal bras exécutant de l'allié turc des États-Unis sur la côte Ouest.  L'attaque contre le nord de la ville de Rabia, quasi limitrophe d'Antioche en Turquie, a été ainsi violemment repoussée. 

« Vendredi matin, des groupes terroristes munis d'armes légères et moyennes dont des mortiers, ont mené une attaque à grande échelle contre plusieurs positions militaires dans la ville de Rabia, au nord de la ville de Lattaquié. Mais les forces de l'armée syrienne opérant dans la région ont énergiquement contré cette attaque et leur ont infligé de lourds dégâts » s’est félicitée une source militaire sur le terrain.

Nombreux sont les observateurs qui estiment que les qaïdistes d'al-Turkistani, bien coriaces dans le temps, ont littéralement perdu de leur force depuis que la Turquie a établi un pont maritime et aérien avec la Libye pour y transporter ses mercenaires à l'effet de faire avancer pour compte de l'axe US/OTAN son œuvre de conquête nord africaine. La défaite de Rabia en apporte la preuve. Rabia offre la porte Nord de la côte Ouest, où se situent la base navale russe Tartous ainsi que le port pétro-gazier de Baniyas qui accueille les pétroliers iraniens actifs depuis des années dans la livraison du carburant à la Syrie. Cette première tentative de percée dans ce littéral ultra stratégique, faite à peine quelques heures après l'annonce du déploiement des batteries de missiles antimissiles iraniennes en Syrie, ne peut aller sans rapport avec la visite précipitée du chef du CENTCOM en Syrie. Au fait, le camp US/Israël/OTAN tente avec hâte de s'adapter à la nouvelle donne qui est très rapidement sur le point d'être mis en place. 

Mazloum Abdi, qui dirige les Forces démocratiques syriennes (FDS), a annoncé via Twitter avoir rencontré vendredi dans le nord-est de la Syrie, le commandant de CENTCOM, Kenneth McKenzie. Ceci étant, l'intéressé a préféré ne pas rendre publique cette visite qui a eu lieu à Hassaké puisqu'un porte-parole du Commandement central américain a refusé de confirmer ou d'infirmer la visite, invoquant des problèmes de sécurité. Mais ce même vendredi, le Pentagone a tenu à réagir à l'accord stratégique signé entre l'Iran et la Syrie en affirmant qu'il n'influerait en rien " la présence militaire US en Syrie qui est destinée à mettre un terme à Daech". Pour le reste, Mazlum Abdi, est allé en ce sens, prétendant que les deux parties avaient discuté de "leur lutte commune contre Daech" et de "la réinstauration de la paix" dans la région.

« Aujourd'hui, nous avons accueilli le commandant général Kenneth F. McKenzie et discuté de questions d'intérêt commun, y compris la lutte en cours contre Daech et le rétablissement de paix dans la région. Nous apprécions hautement le soutien continu des États-Unis à la stabilité et à la lutte contre le terrorisme », a écrit Mazlum Abdi sur son compte Twitter.

On sait que les FDS, appuyées par les États-Unis, occupent des puits de pétrole syriens dans l'est du pays depuis deux ans. Selon des rapports publiés, ce groupe vend du pétrole à la Turquie et au régime israélien.

Mais c'est peut-être aller trop vite à la besogne que de prétendre que la "reconfiguration de forces" qui est en train de se faire en Syrie et ce, de façon très rapide, n'aurait aucun impact sur les plans US/Turquie/Israël en Syrie. Après une semaine marquée par plusieurs opérations dirigées contre les convois militaires américains à Hassaké et à Deir ez-Zor, opérations effectuées sur fond de manifs anti-américaines et anti-loi César et alors que les chefs des tribus de l'est de l'Euphrate ont déjà lancé un appel à la mobilisation armée contre les Américains, un incident fort significatif s'est produit vendredi. 

Bloqué à un poste de contrôle de l'armée syrienne de la province de Hassaké dans le nord-est de la Syrie, un convoi militaire américain a été contraint de rebrousser chemin d'une zone sous menace des lance-roquettes des militaires syriens. Et ce n'est pas tout : C'est depuis un poste de contrôle de la banlieue de Tall Tamer, dans le village de Mansaf Tahtani que les militaires syriens, en possession d'armes diverses, dont des lance-grenades, ont réussi à intercepter trois véhicules blindés appartenant aux forces d’occupation américaine, forcées elles, de rebrousser chemin.

Ce genre de face-à-face ne s'est pas avéré sanglant jusqu'ici, mais la donne a toutes les chances de changer dorénavant. Selon des sources liées à l'opposition syrienne, quelque 12 000 volontaires ont rejoint les rangs de l'armée syrienne ces dernières semaines pour marquer ce qui est ni plus ni moins la grande confrontation avec les Américains: avant l'accord Syrie/Iran, les USA tout comme Israël parvenaient à geler les opérations de l'armée syrienne et de leurs alliés au sol à coup de frappes aériennes. L’apparition d'une DCA en Syrie orientale rendra plus facile des attaques contre les forces américaines, ce qui ira droit en défaveur d’Israël qui a comptait jusqu'ici sur les forces US et leur "immunité autoproclamé" pour agir contre l'armée syrienne. Idem pour la Turquie qui a réussi à geler la situation dans le Nord syrien mais qui désormais, et à la lumière de cette nouvelle configuration de force, pourrait connaître de graves problèmes à Idlib. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV