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Un article au vitriol conte Assad dans Gosnovosti, la Russie a-t-elle changé de cap?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président Assad et son homologue russe, Vladimir Poutine. ©Ruptly

Que la chaîne de Résistance, Al-Mayadeen demande au pro-Résistance ambassadeur de Russie à Beyrouth si oui ou non "La Russie a fait un deal avec la Turquie et les USA", et ce, aux dépens de "l'intégrité territoriale syrienne", c'est qu'il y a autour de ce supposé deal une campagne médiatique intense dont l'objectif premier consisterait à donner de l'axe Russie-Résistance une image "divisée", et ces médias sont loin d'en être à leur première tentative. 

Depuis 2011 et à chaque fois que les ennemis de la Syrie se sont trouvés dans l'impasse, comme c'est le cas après la trêve à Idlib, c'est pareille. On prétend qu'Assad s'est fait larguer par la Russie, que l'Iran frappé par Israël, ne fait plus de poids et que par conséquent, le "dictateur de Damas" serait prêt à tomber. Cette nouvelle campagne médiatique largement soutenue par la presse turque, est partie il y a quelques jours d'un article paru dans les colonnes du journal russe Gosnovosti qui aurait mis en cause la présidence Assad.

Mais un journal aussi proche du Kremlin qui soit, reflète-t-il une orientation stratégique?  

Lors de son interview accordée ce mardi à la chaîne d’information libanaise, l'ambassadeur Alexander Zassipkine tient à mettre les points sur les i : "La souveraineté de la Syrie dépasserait toutes les considérations pour la Russie, a-t-il martelé avant de rejeter catégoriquement "l'existence d'un quelconque débat, un quelconque deal (avec les USA ou la Turquie) sur la "répartition des zones d'influence en Syrie". 

Zassipkine a aussi fait allusion aux propos de l’ancien ambassadeur russe en poste à Damas qui a déclaré que "la Russie devrait reconsidérer le sort de la Syrie et ses dirigeants; la Russie n'intervient dans aucune affaire liée au sort de la direction syrienne. Il revient au peuple syrien d’en décider". Les propos de l'ancien ambassadeur russe ont été falsifiés et tronqués. L’ex-ambassadeur russe n’a exprimé que son opinion personnelle et il ne s’agit pas de la position officielle de Moscou. "Aucun accord n’a été conclu avec n’importe quelle partie que ce soit concernant la Syrie. La Russie ne cherche qu'a unir les efforts contre les dangers qui menacent le monde".

Donc pas de deal avec la Turquie à Idlib, aucun compromis avec les USA à l'est de l'Euphrate? 

"Pour accuser les Russes d'avoir lâché la Syrie et Assad, il convient peut être de voir de plus près deux dossiers caractéristiques : Idlib et Deir ez-Zor : la trêve conclue avec Erdogan que Poutine a bien humilié au Kremlin début mars a fini par tourner contre la Turquie: sur fond des querelles inter terroristes à Idlib, viennent d'éclater des attaques contre l'armée turque de la part de ses propres mercenaires. C'est une dynamique d'auto destruction que ni l'OTAN ni les USA ne sauraient capable d'inverser. Parallèlement la Russie a ouvert un autre front anti-Turquie cette fois en Libye, en armant et en soutenant Haftar contre Ankara, ce qui ne passe pas inaperçu au palais du "Sultan", estime l'analyste des questions politiques Hadi Mohammadi.

"Avec les Américains non plus la Russie ne fait pas dans la dentelle. Elle sait parfaitement que la Syrie lui a offert la place qui a été la sienne avant l'effondrement de l'URSS et même plus puisque Moscou pèse désormais sur la scène du Moyen Orient. Ceci est une stratégie à long terme que Poutine a définie et il va le maintenir jusqu'au bout. Surtout que les Américains ne font plus de mystère de leur volonté d'en découdre avec les Russes fut-ce en s'en prenant aux bases militaires et à la présence des forces russes. Ces dernières semaines les assauts contre Hmeimim ou Qamichli se multiplient et à chaque fois la Russie y a réservé une riposte. Sur la rive est de l'Euphrate les efforts russes ont miné l'ancrage américain chez cette population et les USA en sont désormais à chercher des mercenaires auprès des tribus arabes. Quant au soi-disant immobilisme russe face à Israël, il n'est qu'une façade. Les liens entre les deux parties sont bien plus profonds qu'il n’apparaissent, souligne l'analyste avant d'ajouter : "Des coopérations Russie-Résistance et leurs impacts sont visibles partout : au sud syrien et au Golan occupé par exemple où les unités du Hezbollah sont largement déployées ou encore à Homs et à Deir ez-Zor où l'armée de l'air russe appuie toujours les opérations terrestres de l'armée syrienne et de ses alliés irakiens. Après une décennie de guerre, ce serait puérile qu'on pense que la Russie se tournerait le dos à l'Etat syrien car c'est le seul allié fiable de la Russie au Moyen-Orient et en Méditerranée orientale. C'est d'autant plus impensable quand on voit les Etats-Unis avoir nettement perdu du terrain dans cette région à la faveur de l'émergence du facteur dit de "Résistance". 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV