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Euphrate-Est: «Washington laisse Turcs et Kurdes résoudre la situation»

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat américain observe des éléments des Forces démocratiques syriennes le 21 septembre 2019, alors qu'ils démolissent une fortification de combattants kurdes dans le cadre de la soi-disant "zone de sécurité" près de la frontière turque. ©AP/Armée US

La Maison Blanche a annoncé ce lundi 7 octobre au matin que la Turquie mènerait bientôt une nouvelle opération dans le nord de la Syrie (Est de l’Euphrate).

Dans un communiqué, la Maison Blanche confirme que les deux présidents américain et turc ont eu un entretien téléphonique, ajoutant que la Turquie mettra bientôt en œuvre une nouvelle opération dans le nord de la Syrie, opération qu’elle avait planifiée depuis bien longtemps, écrit l’agence de presse Mehr News.

Washington a aussi annoncé que les forces américaines « qui avaient déjà mis fin à l’émirat de Daech » ne resteraient plus dans cette zone et ne participeraient pas à cette opération.

Le président américain, Donald Trump, a annoncé vouloir laisser Turcs et Kurdes « résoudre la situation » en Syrie après le départ des soldats américains.

« Il est temps » pour les États-Unis de sortir de « ces guerres ridicules et interminables », a également annoncé le président US, dans un tweet. Toujours sur Twitter, Trump a ensuite menacé de « détruire l'économie de la Turquie, si cette dernière prenait des mesures signifiant qu'Ankara aurait dépassé les limites».

Le communiqué de la Maison Blanche a fait réagir les Forces démocratiques syriennes (FDS, composées majoritairement de Kurdes) qui ont dénoncé les « manquements américains envers les Kurdes de Syrie ».

« Toute incursion contre le nord de la Syrie fera revenir Daech dans ce pays », ont annoncé les FDS qui constitueront elles-mêmes la principale cible de la Turquie dans sa nouvelle opération militaire à l’est de l’Euphrate

Parallèlement, des avions turcs ont à plusieurs reprises survolé la Syrie. Ils ont violé l’espace aérien de la Syrie au-dessus de Tall Abyad dans le gouvernorat de Raqqa, tandis que les forces de la coalition ont quitté leurs positions dans des zones près de la frontière turque, particulièrement à Ras al-Aïn, chef-lieu d'un district homonyme dans le gouvernorat de Hassaké, mais aussi à Tall Abyad.

Après que la Maison Blanche eut émis son communiqué, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a réitéré pour sa part « la ferme volonté d’Ankara de nettoyer ses frontières avec la Syrie de la présence de terroristes et d’assurer la sécurité de son territoire ».

Cavusoglu a également prétendu qu’Ankara a toujours soutenu et soutiendrait toujours l’intégrité territoriale de la Syrie.

Les différends entre les États-Unis et la Turquie sur la rive Est de l’Euphrate s’expliquent en fait par l’appui américain aux Kurdes. À diverses occasions, Ankara a annoncé que les appuis logistiques et en armement des États-Unis aux Kurdes de l’Euphrate-Est représentaient une menace à la sécurité nationale de la Turquie.

En tout état de cause, l’Euphrate-Est reste une région de grande importance aussi bien pour les États-Unis que pour la Turquie. En raffermissant la présence des Kurdes à l’est de l’Euphrate, les Américains cherchent à utiliser ces derniers, à la fois, comme une carte gagnante face à Damas et un levier de pression contre la Turquie.

Il est nécessaire d’ajouter que la présence des FDS à l’est de l’Euphrate approche un peu plus les États-Unis de leur but qu’est le démembrement de la Syrie. Reste à voir si les États-Unis continueront de soutenir les Kurdes syriens, une fois que la Turquie aura lancé sa nouvelle opération dans le nord de la Syrie…

Quant à la Turquie, elle se leurre toujours de son rêve de créer une « zone de sécurité » dans le Nord syrien, ce dont parlent depuis longtemps des autorités politiques et militaires turques. Les Américains n’ont pourtant jamais accepté de faciliter la tâche pour la Turquie. Or, les Turcs espèrent pouvoir mettre fin à la présence des Kurdes dans l’est de l’Euphrate avec la création de cette zone.

La Turquie convoite également des provinces stratégiques de l’est de l’Euphrate dont la province de Hassaké et surtout les villes syriennes de Kobané, de Tall Abyad et de Qamichli sur lesquelles elle souhaite asseoir sa mainmise, sous prétexte que sa souveraineté - quoiqu’illégitime - dans les zones stratégiques de l’est de l’Euphrate empêchera que ces régions deviennent une proie facile pour les Américains.

Manœuvres de milices soutenues par la Turquie en préparation de l’offensive contre les Kurdes des YPG, près de al-Rai (nord de la province d’Alep), le 24 juillet 2019. ©AFP

Il va de soi que la compétitive politique militaire à laquelle se sont livrés de nos jours la Turquie et les États-Unis, en Syrie, et plus précisément à l’est de l’Euphrate, contredit toutes les lois internationales et toutes les résolutions onusiennes.

L’opération militaire que la Turquie envisage de mener dans le Nord syrien, bien qu’elle se déroule depuis la frontière turque, constituera un cas de violation de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de la Syrie.

Bien évidemment, la Syrie se réserve le droit de défendre son territoire. Le ministère syrien des Affaires étrangères a, à diverses occasions, annoncé que la Syrie riposterait à toute tentative de parties étrangères de porter atteinte à son intégrité territoriale.

Les forces de résistance syriennes ont auparavant montré qu’elles ne ménagent aucune partie étrangère, lorsqu'il s'agit d’intégrité territoriale et de souveraineté nationale de la Syrie.

Il n’y a pas si longtemps, les avions de chasse syriens ont visé les forces turques qui avaient pénétré dans la province d’Idlib et cette fois, aussi, Damas affichera à l'évidence une riposte cinglante à toute agression contre sa souveraineté nationale.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV