Pourquoi les États-Unis ont-ils bombardé une réunion de commandants du Front al-Nosra juste après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu à Idlib ? Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, y répond.
« Le temps est venu pour le président turc de prendre une décision politique courageuse qu’il aurait dû prendre sept ans plus tôt.
La fissure s’agrandit entre Ankara et ses supplétifs armés en Syrie. Ces derniers n’auraient pas dû compter sur Recep Tayyip Erdogan et l’administration américaine pour renverser le gouvernement Assad.
Dans cette conjoncture, le président russe Vladimir Poutine a tout de suite volé au secours de son partenaire turc et a annoncé la conclusion d’un accord de cessez-le-feu avec le consentement de Damas. L’accord devra offrir une deuxième chance à Recep Tayyip Erdogan pour remplir sa part du contrat dans le cadre des accords de Moscou : c’est-à-dire l’expulsion des groupes terroristes opérant à Idlib », indique M. Atwan.
Et d’ajouter : « En réalité, la frappe aérienne menée par les avions américains, qui a visé une réunion de commandants de Tahrir al-Cham et de Tanzim Hurras ad-Din dans le sud de la province d’Idlib, pourrait s’inscrire dans le cadre du nouvel accord de cessez-le-feu en vue d’aider la Turquie à sortir de cette impasse et de rendre le terrain propice à la mise en place d’une zone tampon à l’est de l’Euphrate. Personne ne sait encore si Abou Mohammed al-Joulani, chef du Front al-Nosra, figurait ou non parmi les 40 terroristes tués par le raid américain.
En plus, personne ne sait quelle partie a fourni à la coalition américaine les informations nécessaires sur le lieu et la date de cette réunion pour qu’elle puisse facilement la prendre pour cible. »
Selon le célèbre analyste du monde arabe, « la chose la plus importante à laquelle Vladimir Poutine a fait allusion lors de sa conférence de presse conjointe avec M. Erdogan à Moscou était que les deux parties avaient convenu de faire disparaître les groupes terroristes à Idlib ».
« La frappe américaine contre la réunion de commandants du Front al-Nosra constitue-t-elle un point de départ pour une série de mesures entreprises de concert par les parties russe et turque ? Quels seront les prochains pas de la Turquie ? Ladite frappe sera-t-elle un avertissement destiné aux groupes terroristes opérant à Idlib pour les pousser à faire leur choix entre deux options : céder ou mourir ? Les Russes et les Syriens resteront-ils les bras croisés pendant les jours et les semaines à venir ? », se demande Atwan, ajoutant que le cours des événements nous révélera bientôt la réaction de Moscou sur le terrain.