Le nouveau secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, dit vouloir maintenir la présence des marines dans le golfe Persique mais ne pas avoir l'intention d'escorter un pétrolier quel qu'il soit. « Je n'emploierai pas le mot "escorte" dans le sens d'un vaste accompagnement. Pas question pour nous de poursuivre les pétroliers et les cargos. Juste de quoi avoir une présence pour pouvoir intervenir en cas d'urgence. C'est cela l'élément clé », a-t-il affirmé
Les propos de Esper n'ont rien de rassurant pour une Grande -Bretagne qui, à peine doté de son nouveau Premier ministre, frappe à l'heure qu'il est, à toutes les portes pour mettre en place sa « coalition » anti-Iran. Le discours de Esper renvoie d'ailleurs à celui du président américain Donald Trump qui dit ne pas avoir à assurer la sécurité des pétroliers chinois, européen ou japonais puisqu'il s'agit de pays très riches. Alors pourquoi avoir poussé la Grande-Bretagne à prendre en otage le pétrolier Grace 1 avec du pétrole iranien à son bord et puis pourquoi l'avoir contraint à prolonger cette détention ? La stratégie US consiste tout bonnement à combattre l'Iran par procuration, quitte à faire impliquer tous ses alliés sans mouiller sa propre chemise.
C'est ainsi que l’US Air Force renforce actuellement ses positions et ses fortifications sur la base aérienne Prince Sultan à Al-Kharj en Arabie saoudite, non pas pour défendre les Saoudiens, car quelque 500 forces militaires sont incapables de mener une quelconque guerre, mais pour mieux exposer l'Arabie saoudite aux missiles iraniens, au cas où un conflit ouvert venait à éclater.
De hauts responsables américains de la défense ont déclaré que des troupes américaines et des systèmes de missiles de défense aérienne Patriot étaient déjà arrivés à la base aérienne Prince Sultan, au sud de Riyad, où les troupes se préparaient à l'arrivée d'avions, au plus tard en fin d'été ainsi que d'autres GI.
Dans une déclaration écrite vendredi soir, le commandement central des États-Unis (CENTCOM) déclare donc que cette nouvelle expédition en Arabie saoudite avait été approuvée par le Pentagone.
« Ce mouvement de forces constitue un moyen de "dissuasion supplémentaire" et garantit notre capacité à défendre nos forces et nos intérêts dans la région contre les menaces », dit le communiqué du 10 juillet du CENTCOM qui ajoute: « Ce mouvement favorise les performances opérationnelle et les réseaux logistiques. Le CENTCOM évalue en permanence l'état de force dans la région et collabore avec les autorités saoudiennes pour installer des ressources américaines aux emplacements appropriés. »
Le retour des forces américaines en Arabie saoudite, après plus de dix ans d’absence, renforce l'influence militaire des États-Unis dans la région névralgique du golfe Persique, prétend le texte sans souligner qu'à quel point cette présence pourrait s'avérer dangereuse pour la sécurité nationale saoudienne, si une confrontation militaire venait d'avoir lieu. La stratégie américaine consiste donc à ce stade à ne pas brûler les doigts et à faire monter les risques pour les alliés.
Selon le site web Air Force Times, les États-Unis ont déjà envoyé plusieurs avions cargo militaires, notamment des C-17, C-5 et C-130 et des missiles Patriot à la base aérienne précitée, autant d'équipements qui ne resteraient sans pas à l'abri d'une riposte iranienne, si 'affrontement éclatait. La base Prince Sultan se trouve à 70 kilomètres des frontières irakiennes et plus précisément de la province stratégique d'al-Anbar où les troupes américaines continuent leurs agissements contre les combattants des Unités de mobilisation populaire, les Hachd al-Chaabi, en pleine opération antiterroriste.
Il y a une semaine plusieurs explosions ont eu lieu dans une base des forces irakiennes à Amerli. Certaines sources n'ont pas écarté une attaque aux missiles israélienne avec l'appui du renseignement de l'ambassade US à Bagdad. Cette attaque pourrait aussi avoir un rapport avec les récents agissements américano-israéliens en Arabie saoudite, murmure-t-on dans certaines milieux irakiens.
L'Amérique de Trump semble de la sorte agir dans le sens d'une militarisation du golfe Persique avec en perspective une possible guerre à laquelle elle ne veut prendre part. C'est juste un autre volet du fameux « chaos américain » que les démocrates cultivaient. Reste à savoir si l'Arabie de Ben Salmane est en mesure ou non de comprendre l'ampleur du risque.