Commentant la situation dans le golfe Persique où les Etats-Unis travaillent à la formation d'une coalition militaire anti-Iran, le ministre français des Affaires étrangères dit craindre des "accidents".
"Je constate que tout le monde déclare ne pas vouloir aller au sommet de l'escalade, que ce soit le président (iranien Hassan) Rohani, que ce soit le président (américain Donald) Trump, que ce soit même les responsables et les autorités du Golfe (persique). Mais, là, il y a des éléments d'escalade qui sont inquiétants. Je dois dire que la situation est grave parce que la montée progressive des tensions peut aboutir à des accidents", a déclaré Jean Yves Le Drian sur BFMTV. Pour une fois, le ministre français n'a pas tort. L'obstination américaine et britannique à chercher noise au libre transit du pétrole iranien qui s'est illustrée le 4 juillet par une honteuse attaque commando de la Royal Navy contre le pétrolier "Grace 1" et la confiscation illégale de sa cargaison pétrolière est potentiellement porteuse de trop gros risques surtout que l'Iran a très clairement annoncé ne pas laisser échapper ce "coup fourré" de Londres.
Le commandant en chef de l'armée iranienne, le général de division, Abdolrahim Moussavi, a décrit dimanche ce à quoi ressemblerait la guerre, si elle venait à éclater entre les USA et l'Iran : "Nous n'avons jamais commencé une guerre et nous n'allons pas le faire. Ceci étant, notre puissance militaire est loin d'avoir un caractère exclusivement défensif. Notre puissance offensive et nos capacités à infliger des coups aux agresseurs sont dévastatrices. Nous leur ferons regretter leur agression".
Et le général d'ajouter : « Nous n’avons jamais déclenché une guerre et nous le ferons pas, mais nous ne resterons pas non plus au stade de défense, au cas d’agression. »
Pour le commandant en chef de l'armée iranienne, " la situation actuelle au Moyen-Orient voire dans le monde appelle à une préparation militaire accrue".
Ailleurs dans son discours, le commandant en chef de l’armée iranienne a rappelé " les capacités déjà prouvées " des forces iraniennes à "se défendre contre les agresseurs lors de la guerre des huit ans dans les années 1980 menée par l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein" : « Aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus puissants dans la défense de nos valeurs et de notre pays. Pour la protection de notre pays, nous ne reculerons pas d’un centimètre », a déclaré le commandant en chef de l’armée iranienne.
Les propos du général iranien interviennent alors que les Etats-Unis ont annoncé vouloir créer une coalition militaire pour "protéger le trafic des pétroliers" à la fois dans le golfe Persique et en mer Rouge. Cette coalition ne compte pour l'heure que la Grande-Bretagne, les alliés arabes et occidentaux de Washington ayant peur des répercussions de la mise en place d'un plan aussi dangereux.
Le président américain Donald Trump et ses collaborateurs, principalement le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton et le secrétaire d’État, Mike Pompeo, ont menacé à plusieurs reprises l’Iran de mener une action militaire tout en vantant la campagne de sanctions contre la République islamique d’Iran.
Pas du tout effrayé par les menaces, l’Iran a abattu le mois dernier un drone espion américain sur ses eaux territoriales dans la région du golfe Persique, mettant en garde Washington de ne pas commettre de nouvelles violations de l’espace aérien iranien.
Il y a quelques jours, le général Mark Milley, le candidat du président Donald Trump au chef d’état-major de l’armée américaine a affirmé, lors de son audition devant la commission du Sénat sur les forces armées, qu’en dépit de la montée des tensions, les États-Unis « ne veulent pas de guerre avec l’Iran ».
Milley a noté que les principales capacités militaires de l’Iran étaient les missiles, les forces non conventionnelles et une force navale « prééminente » dotée de petits bateaux et de mines navales qui peuvent compliquer la liberté de mouvement dans un conflit.