Pour le journal panarabe Rai Al-Youm, les menaces croissantes de Téhéran de fermer le détroit d’Hormuz sont une réaction naturelle à la politique de tension que mènent les États-Unis pour faire pression sur le peuple iranien et réduire à zéro les exportations iraniennes de brut. C’est pourquoi l’Iran se réserve le droit d’avoir recours à toutes les options possibles. À vrai dire, la menace de fermeture du détroit d’Hormuz n’est qu’une démonstration de force de la part de l’Iran pour montrer au monde entier que le pays est disposé militairement à fermer ce détroit stratégique. En outre, les récentes déclarations du président iranien Hassan Rohani à ce propos peuvent porter un sérieux message pour les monarchies arabes du golfe Persique selon lequel il leur faudrait faire attention aux conséquences dangereuses de leur soutien à la décision anti-iranienne de Washington et elles devraient savoir que cette folie américaine pourrait conduire la région à une nouvelle guerre aux résultats indéterminés.
Abdel Bari Atwan poursuit son article en posant les questions suivantes : « L’Iran fermera-t-il réellement le détroit d’Hormuz ? Et dans ce cas-là, quelle sera la réaction des États-Unis et des gouvernements arabes du golfe Persique ? »
La suspension des exportations de 17 millions de barils de pétrole par jour, soit plus d’un tiers de la production mondiale de pétrole, créera certainement une grave crise sur les marchés mondiaux, et Washington et ses alliés du golfe Persique ne resteront pas les bras croisés face à la fermeture par l’Iran du détroit d’Hormuz ; puisque l’arrêt des exportations du pétrole du golfe Persique provoquera une augmentation terrible des prix du pétrole, ce qui engendrera des pertes immenses pour les États-Unis. De plus, les Émirats du golfe Persique ne resteront pas indifférents face à la paralysie de leur économie et aux effets négatifs que provoquerait la fermeture du détroit d’Hormuz.
Quelles conséquences auraient la fermeture du détroit d’Hormuz ?
De nombreux analystes estiment que les exportations iraniennes de brut n’arriveront jamais à zéro, mais qu’elles pourraient être réduites de moitié, soit 700 000 barils par jour, puisque tous les gouvernements étrangers n’obéiront pas aux sanctions américaines, comme le montre l’opposition d’Ankara, de Bagdad et de Pékin à la décision unilatérale de Washington.
Ils sont d’avis que la riposte iranienne fera accroître les prix de l’énergie sur les marchés, notamment aux États-Unis et en Europe, ce qui poussera Washington et les gouvernements européens à mener des négociations avec Téhéran, par le biais d’Oman ou de l’Irak. On s’attend à ce que ces négociations aboutissent à la signature d’un accord en vertu duquel toutes les parties concernées seront contraintes de faire des concessions dans le sens de la réalisation des revendications de l’Iran sur la levée ou la réduction des sanctions.
En ce qui concerne d’éventuels affrontements entre les forces militaires américaines et iraniennes au sujet du détroit d’Hormuz, ceux-ci, s’ils venaient à être déclenchés, ne dureraient jamais, car de nombreux pays interviendraient pour y mettre fin afin que les effets dévastateurs de la guerre ne paralysent pas les régimes arabes, à leur tête l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Tout accord rétablira certainement le droit iranien à l’exportation de pétrole, et par conséquent le détroit d’Hormuz sera de nouveau utilisable par tout le monde.
Est-ce que les objectifs US seront atteints ?
Le but essentiel des sanctions américaines est de signer un nouvel accord avec l’Iran sur son programme nucléaire, de manière qu’il comprenne les ententes irano-américaines sur les questions régionales et même des conditions définies par le secrétaire d’État US pour la conclusion d’un nouvel accord nucléaire. Mais pour l’Iran, il est hors de question que les conditions évoquées par Pompeo soient appliquées ; c’est pourquoi il organise des rencontres avec la Chine, la Russie, l’Inde et les pays européens afin de créer un front international opposé aux sanctions américaines contre l’Iran. Les efforts iraniens vont-ils réussir ? Et les efforts de Washington ?
Les réponses à ces questions ne seront connues que dans les prochains jours. Mais ce qui est sûr, c’est que l’Iran ne cédera pas d’un iota sur ses intérêts et qu’il n’abandonnera pas l’axe de la Résistance. On prévoit que l’Iran réussira à établir un front mondial opposé aux sanctions américaines, ce qui sera un prélude à l’effondrement de l’hégémonie des États-Unis et de leur domination sur les autres pays du monde.