TV

Riyad assumera le rôle des USA dans le financement de la reconstruction de la Syrie (Trump)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président américain Donald Trump reçoit le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, à la Maison Blanche, le 14 mars 2017.

Le président US dit ne plus vouloir jouer le rôle de gendarme du Moyen-Orient et être prêt à rapatrier " les boys" déployés depuis sept ans en Syrie et depuis 17 ans en Afghanistan. Certains commentateurs y voient les prémices d'un échec, celui du projet occidental de création d'un état colonial au nord-est de la Syrie ou encore celui du projet poursuivi par le Pentagone dit " Moyen-Orient élargi".  Ces commentaires bien optimistes oublient toutefois une chose : les liens viscéraux qui unissent les États-Unis à leurs alliés régionaux et la Turquie et l'Arabie saoudite en font partie. Après avoir chargé Ankara de gérer les conséquences militaires et politiques du retrait US, en lui demandant d'engager une offensive militaire contre l'est de l'Euphrate, vient le tour de l’Arabie saoudite pour financer le projet de retrait US. Reste que cette répartition des taches se fait sur le dos d'un État souverain, en l'occurrence la Syrie, qui fait face depuis sept ans aux plans de guerre successives de Washington. 

Cité par le magazine The National, le président Donald Trump a déclaré lundi que l’Arabie saoudite assumerait le rôle de Washington dans le financement de la " reconstruction" de la Syrie. Cette annonce intervient à peine dix jours après la visite surprise du président soudanais, Omar el-Bechir à Damas où il s'est rendu, selon certaines sources, à titre d'émissaire de Riyad. Le Soudanais qui fait, depuis son entrée de Damas, face à des protestations de rue croissantes, avait même dit être prêt à envoyer ses soldats appuyer l'armée syrienne! 

Mais quel rôle les États-Unis comptent-ils répartir à Riyad dans le plan dit "Retrait US de Syrie"? Parmi les tweets incendiaires de la semaine dernière, il y en a un qui l'explique. 

Lire aussi : Les quatre défaites qui ont eu raison du cabinet Netanyahu

« L’Arabie saoudite a maintenant accepté de dépenser l’argent nécessaire pour aider à reconstruire la Syrie, au lieu des États-Unis », a déclaré Donald Trump, le président américain sur Twitter, sans préciser quelle somme d’argent Riyad était prête à consacrer à la reconstruction. Pour ceux des observateurs qui suivent de près les évolutions syriennes depuis sept ans, il est un peu tôt de croire à l'image d'une Arabie saoudite qui volerait au secours d'une Syrie en ruines à titre d'un ange "reconstructeur". Des millions de pétrodollars que Riyad a dépensés à l'effet d'entretenir la guerre en Syrie, servent toujours à armer les terroristes de Daech ou d'al-Nosra sur les frontières avec l'Irak. En ce sens, la suite du tweet de M.Trump est encore plus paradoxal : 

« N’est-il pas agréable quand des pays immensément riches aident à reconstruire leurs voisins », a-t-il lancé.

Mais pourquoi avoir impliqué Riyad dans le dossier syrien? À vrai dire, le président américain continue, malgré les apparences, à jouer au gendarme du Moyen-Orient : en octroyant  à la Turquie et à l'Arabie saoudite le rôle respectivement de "gérant militaire" et de "gérant économique" du retrait US, les États-Unis cherchent à désamorcer la crise qui a secoué les relations Ankara-Riyad suite à l'assassinat par Ben Salmane et son équipe du journaliste dissident Khashoggi. Il est vrai que MBS en sortira bien moins terni, s'il arrive à se faire passer pour un personnage ayant mis la main aux poches à l'effet de reconstruire la Syrie. Le stratagème a en outre la vertu de rapprocher Ankara et Riyad l'un de l'autre et de les éloigner de la Russie. 

Cette répartition de tache à l’américaine ferait suite, ajoutent les analystes, à des accords passés entre Ankara, Riyad et Washington. Le plan aurait pu fonctionner sans accroc si seulement les alliés américains n'avaient pas été ce qu'ils sont dans les faits : selon des sources américaines, le récent coup de fil Erdogan/Trump aurait été essentiellement axé sur la prochaine action militaire turque dans l'est de l'Euphrate et le discours du président Erdogan aurait été bien moins rassurant que ce qu'il est face aux caméras. Le président turc aurait même demandé à son homologue US de retarder son retrait de Syrie, histoire de donner du temps à l'armée turque pour se ressaisir. Quant à MBS, les analystes le donnent bien trop faible à la suite de l'affaire Khashoggi et à la crise au Yémen, pour qu'il puisse imposer une fin de non recevoir à l'ordre du maître américain.  

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV