Le discours truffé de menaces et de mensonges des officiels US commence à avoir raison de la légendaire patience des Iraniens, un discours qui plus est, relève du coup de bluff et n'a dans les faits aucun poids digne de changer en quoi que ce soit la donne : l’Iran a demandé à l’ONU de condamner les propos du secrétaire d'État US, Mike Pompeo, qui à titre d'ex-taupe de la CIA, a franchi depuis bien longtemps le rubicon diplomatique. Très récemment, il a promis "d'affamer le peuple iranien"!
C'est dans une lettre à l’attention du secrétaire général des Nations unies et du président du Conseil de sécurité que la représentation permanente iranienne fait allusion aux récentes déclarations du secrétaire d’État américain Mike Pompeo qui avait menacé d’"affamer le peuple iranien" via " des sanctions". Ces propos ont provoqué une vague d'indignation unanime en Iran et une nouvelle poussée d'anti-américanisme dans le pays.
« Cette menace renvoie encore une fois aux velléités bellicistes des États-Unis dont l'administration a fait de la sanction, son arme favorite. Les États-Unis ont engagé une guerre économique illégale contre le peuple iranien, avec en toile de fond une punition collective et une violation flagrante des principes fondamentaux du droit international, lit-on dans la lettre qui ajoute que les nouvelles sanctions des États-Unis rendent difficile entre autres l’accès aux médicaments, au traitement des maladies. Il y a là un cas flagrant de crime contre l’humanité ». La lettre explique que le rétablissement par les États-Unis des sanctions anti-iraniennes va à l'encontre des engagements qu’ils avaient pris dans le cadre de l’accord nucléaire et qu’il viole également la résolution 2231 du Conseil de sécurité et le verdict de la Cour internationale de Justice (CIJ).
Mais la lettre dénonce surtout le discours haineux, menaçant et totalement infondé du secrétaire d'État américain qui ne laisse échapper pas une seule tribune pour monter aux enchères et "menacer gratuitement l'Iran et les Iraniens" : « Le pire aura été le discours où Mike Pompeo se permet éhontément de menacer d’affamer le grand peuple iranien. C'est un discours qui trahit la politique maladivement arrogante des États-Unis qui ne connaît aucune limite ni restriction. L'Amérique se croit tout permis, y compris, l'extermination de masse et encore, sans comprendre à qui elle a affaire. Il va sans dire que l’Iran ne cédera ni aux politiques arrogantes ni aux actes illégaux des États-Unis, car il y va non seulement de ses principes et intérêts, mais aussi des intérêts de toutes les nations du monde ».
À travers cette lettre, signée également par Eshaq Aléhabib, ambassadeur de l'Iran auprès de l'ONU, la République islamique d’Iran a demandé à l’ONU et à ses membres de condamner ces déclarations arrogantes et de durcir le ton contre de telles politiques qui mettent en péril les principes des Nations unies ainsi que le plurilatéralisme. L’Iran a également appelé l’ONU à contraindre les États-Unis de se soumettre aux principes et aux buts de cette organisation.
Les USA peuvent-ils affamer les Iraniens?
Depuis l'entrée en vigueur de la première série des sanctions extraterritoriales US le 7 août, sanctions qui visent surtout les intérêts "européens", l'Iran s'est plutôt bien débrouillé : après un premier choc qui s'est traduit par une hausse vertigineuse des devises étrangères comme le dollar et l'euro, le gouvernement Rohani a réussi à contrer la dynamique haussière et à neutraliser le choc.
Selon les économistes, ce qui fait souffrir l'économie nationale est moins le régime de sanctions US que le volume de liquidité sur le marché qu'il faudrait dégager et injecter dans différents secteurs. Par ailleurs, l’exécutif iranien s'est donné comme priorité le fait d'épargner les couches les plus défavorisées de la société en multipliant les aides sociales.
Les dérogations que les Américains ont été contraints de décider dans le cadre de leurs sanctions unilatérales ont permis par ailleurs d'épargner les clients traditionnels du pétrole iranien : le Japon, l'Inde, la Turquie, l'Irak, Taïwan, l'Italie, la Grèce, la Corée du Sud se trouvent sur la liste outre la Chine et la Russie qui méprisent totalement les sanctions US.
De bonnes nouvelles aussi du côté de la dette extérieure : le volume de la dette extérieure a connu une baisse de 5,6 % pendant les quatre premiers mois de l’année en cours du calendrier iranien (du 21 mars au 22 juillet) par rapport à son niveau du début de l’année.
En somme, les sanctions américaines touchent surtout les transactions bancaires et à ceci, l'Iran a aussi trouvé des remèdes: un Swift anti-US qui réunirait à la fois l'Iran et ses alliés de l'Est et auquel pourrait adhérer l'Europe est parfaitement envisageable. À ceci s'ajoutent les contrats iraniens qui se passent de plus en plus du dollar.