Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali, et le président érythréen, Isaias Afwerki, ont signé dimanche 16 septembre un accord de paix dans la ville de Djeddah en Arabie saoudite, rapporte l’agence de presse Fars News.
Le roi Salmane ben Abdelaziz d’Arabie saoudite, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres et le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale des Émirats arabes unis, Abdallah ben Zayed al-Nahyan, étaient également présents à la cérémonie de signature.
Les deux dirigeants africains sont arrivés à Djeddah samedi. Auparavant, le 9 juillet dernier, ils avaient signé la Déclaration conjointe de paix et d'amitié, mettant ainsi fin à 20 ans d'inimitié et rétablissant officiellement les relations diplomatiques entre les deux pays. Les deux hommes ont également annoncé la réouverture de la frontière terrestre commune entre l’Éthiopie et l’Érythrée qui était restée fermée pendant 20 ans.
Le fait que l’Arabie saoudite a coparrainé cet accord de paix a provoqué des réactions bien différentes. Certains se disent inquiets de l’intervention de Riyad dans les affaires des pays de la Corne de l’Afrique et d’autres s’en frottent les mains.
Entre autres, le président du Parlement arabe, le Saoudien Mechaal ben Fahm al-Salami, a apprécié la tenue de cette réunion, selon lui, « historique » des dirigeants érythréen et éthiopien en présence du secrétaire général de l’ONU. Pourtant, beaucoup de questions restent encore sans réponses.
L’influence saoudienne, une menace pour la sécurité de l’Égypte
Selon le journal Raï al-Youm, le célèbre analyste égyptien, Refaat Seyyed Ahmed, estime que le nouveau rôle de Riyad en Afrique pourrait s’avérer « effrayant ». Il appelle les responsables égyptiens à la « vigilance » envers le nouveau rôle de l’Arabie saoudite en Afrique, ce qui représente, selon lui, une menace pour la sécurité nationale de l’Égypte.
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L’analyste égyptien fait allusion à la participation d’un grand nombre d’hommes d’affaires saoudiens aux travaux de construction du barrage de la Renaissance, en Éthiopie. « Il n’est pas exclu que les intérêts de l’Arabie saoudite en Afrique soient liés à ceux d’Israël et des États-Unis », affirme l’analyste qui ajoute :
« Les efforts saoudiens pour assumer un nouveau rôle en Afrique sont certes en rapport avec d’importants dossiers régionaux, dont le Yémen et l’eau du Nil. »
En mai dernier, le Premier ministre éthiopien se voulait rassurant sur le fait que le méga barrage controversé que son pays construit sur le Nil Bleu n’affecterait pas l’approvisionnement en eau de l’Égypte.
Selon les sources d’information, l’Égypte dépend presque entièrement du Nil pour son irrigation et son eau potable et affirme avoir des « droits historiques » sur le fleuve, garantis par des traités datant de 1929 et 1959.
Ces déclarations n’ont pourtant pas apaisé les inquiétudes de l’Égypte sur son approvisionnement auxquelles s’ajoutent les préoccupations quant aux intentions saoudiennes d’étendre leur zone d’influence et aussi concernant leur convoitise pour les ressources régionales.
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